Pour marquer le coup de cette 15ème édition du rapport Travail et cohésion sociale, le STATEC s’est interrogé sur les dimensions cachées de l’inégalité.

Dans un contexte social où le mouvement des Gilets Jaunes français a côtoyé grèves et autres débats houleux, comment faire le lien entre des statistiques et la réalité vécue par la population ? De quoi ces mouvements de mécontentements sont-ils le nom ?

Pour tenter d’apporter une réponse et réfléchir ensemble à cette interrogation, le Docteur Serge Allegrezza, Directeur du STATEC conviait autour d’une table ronde : le sociologue et professeur à l’Université de Luxembourg, Louis Chauvel, Aline Muller, Directrice Générale du LISER, et le Professeur et auteur de l’ouvrage Le temps des passions tristes, inégalités et populisme, François Dubet.

Partant du postulat que le mouvement des Gilets Jaunes, la montée des populismes en Europe étaient sans doute le signe d’un mécontentement plus étendu, ensemble, ils sont revenus sur les différents facteurs et les évolutions sociales susceptibles d’en expliquer les raisons. Le professeur et conférencier, François Dubet a ainsi pu rappeler le changement de paradigme auquel nous étions confrontés : le régime de pauvreté qui pouvait être vécue collectivement et qui répondait à des inégalités de classe serait aujourd’hui de l’ordre de la discrimination, vécue individuellement. Ainsi, dans une société aussi stratifiée que la nôtre, les inégalités, qui étaient avant vécues comme des épreuves collectives, se rapprochent de l’expérience personnelle. Pour Aline Muller, c’est la perception qu’il s’agit de prendre en compte. L’expérience des inégalités sera différente selon le croisement des facteurs, de fait, il s’agit de comprendre l’écart entre la perception et la mesure.

Pour conclure, Robert Urbé de la Fondation Caritas Luxembourg a tenu à rappeler qu’il était encore possible d’affiner les mesures et d’ajouter enfin, que la plus grande discrimination est « toujours celle qui oppose capitalistes et travailleurs », avant de conclure : « Quelles sont les améliorations qu’ont reçus les luxembourgeois les plus pauvres ? ».