Les incendies de Los Angeles semblent sous contrôle mais non éteints. Le pays qui se dit technologiquement le plus avancé de la planète, s’est montré techniquement incapable de circonscrire des incendies redondants et cela, malgré la mise en œuvre de moyens colossaux.
Texte : Cadfael
Une armée de combattants du feu
Los Angeles et ses 3.9 millions d’habitants a vu ses quartiers comme Palissades ou Eaton, réduits en cendres. Plus de 15 000 maisons ont brûlé, et 170 000 habitants ont été évacués. Ce dimanche, 41 000 personnes demeurent encore sous ordre d’évacuation. L’alerte reste en vigueur, et des foyers d’incendie renaissent sous l’effet de vents violents et d’un air très sec. La logistique mise en place pour sauver les maisons et les habitants est monumentale, selon les médias. Plus de 16 000 personnes sont mobilisées sur le terrain : pompiers, garde nationale, services de sécurité, avec 1 490a engins de lutte, plus de 80 aéronefs, 200 bulldozers et 200 camions-citernes d’eau. En plus des renforts d’unités de pompiers des États voisins — où, « par chance, aucun incendie majeur ne brûlait » — un millier de prisonniers en uniformes orange étaient présents en soutien. Une unité mexicaine, ceux que Trump chérit tant, combattait aux côtés d’éclaireurs de la tribu des Navajos du Bureau des affaires indiennes, soutenus par un avion spécial du Québec, au Canada. Une logistique impressionnante a été mise en place, allant du nettoyage quotidien des centaines d’équipements de pompiers jusqu’à des dizaines de milliers de repas servis chaque jour. À Palissades, un QG pour 5 000 personnes a été construit, et des plans d’action journaliers d’une cinquantaine de pages sont distribués via code QR. L’équipe d’information au public est composée d’une cinquantaine de personnes. L’un des postes majeurs s’étire sur des kilomètres le long de la mer, avec des aires de stationnement pour les engins de lutte, des cuisines mobiles, des tentes, des ateliers de réparation, des dépôts de matériel, des stations de nettoyage, des équipes médicales, etc. Et pourtant, cela s’avère insuffisant face à la morphologie d’un terrain difficile et aux vents violents.
Les mercenaires du feu
Des compagnies de pompiers privés étaient présentes sur le terrain, une pratique bien ancrée aux États-Unis. Elles existaient déjà bien avant que Benjamin Franklin ne fonde les premiers services de pompiers professionnels et étatiques. Leurs services sont souvent inclus dans des polices d’assurance comportant des clauses de protection anti-incendie, principalement accessibles aux classes très aisées. Selon une analyse de l’université de Yale, ce type de protection tendrait toutefois à se démocratiser à mesure que les sociétés d’assurance développent leurs offres. Ces compagnies consacrent 90 % de leurs activités à la prévention et à la modification des immeubles, pouvant, en cas de risque imminent, appliquer un gel ignifugeant. Cependant, la question de la régulation des activités de ces compagnies privées par les autorités politiques, ainsi que leur coordination avec les unités publiques fédérales, reste plus pertinente que jamais.
Qui va payer ?
Les recherches sur les causes de l’incendie mettent en cause un pylône électrique de haute tension appartenant à une société privée. Toutefois, la situation s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. En attendant, des milliers de titulaires de contrats d’assurance ont vu leurs polices annulées unilatéralement. Rien qu’à Palissades, où la valeur moyenne des propriétés atteint 3,2 millions de dollars pour des constructions majoritairement en bois, 1 600 polices ont été annulées. Déjà, lors des incendies de 2020 et 2022, les compagnies d’assurance refusaient de renouveler 2,8 millions de contrats en Californie, invoquant les montants astronomiques à couvrir, à moins d’appliquer des augmentations colossales des primes. Ainsi, selon le L.A. Times, un assuré a vu sa prime passer de 4 500 à 18 000 dollars. Les assureurs utilisent désormais l’intelligence artificielle pour restructurer les cartographies des risques, ce qui a conduit certaines compagnies à refuser d’assurer leurs anciens clients. Pour ceux que le secteur privé rejette, l’État de Californie a instauré le système « Fairplan », soutenu par un fonds de réassurance public. Par ailleurs, une loi récemment promulguée oblige les assureurs privés à reprendre une grande partie des contrats antérieurs à des tarifs jugés acceptables, et ce malgré les 250 milliards de dollars de dégâts enregistrés cette année. Quoi qu’il en soit, la vie en Californie risque de devenir bien plus coûteuse. L’âge d’or promis par le nouveau président, qui a sévèrement critiqué la gestion des incendies, sera-t-il accessible non seulement aux ménages de la classe moyenne supérieure, mais aussi à ses électeurs aux revenus plus modestes ? À suivre.
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