Le 14 juin dernier une biologiste de l’université de Cambridge et du California Institute of Technologie a annoncé avoir réalisé le premier embryon de synthèse sans ovule et sans spermatozoïde. Selon le quotidien suisse « Le Temps », elle serait parvenue à créer des « modèles ressemblant à des embryons humains ».
Par Cadfael
Après l’intelligence artificielle la vie artificielle
Ces structures contiennent des cellules qui devraient évoluer vers des placentas, des sacs vitellins et des embryons. Selon le site « genethique.org » spécialisé en bioéthique « il s’agirait d’étudier le développement de l’embryon humain, pour mieux comprendre les malformations congénitales et évaluer la sécurité des médicaments utilisés pendant la grossesse. » Il informe également que « plusieurs autres équipes ont annoncé avoir développé des « embryons de synthèse » humains, certains comportant des structures extra-embryonnaires, d’autres manifestant un rythme cardiaque./…/ « « J’ai pris ma lame au hasard sous le microscope et quand je l’ai vu [le battement de cœur] pour la première fois, j’ai eu peur, honnêtement », raconte un chercheur de l’université de Cambridge.
« J’ai été bouleversé. Les gens sont émus lorsqu’ils voient des battements de cœur. » Des scientifiques chinois, israéliens, américains rivalisent sur le même sujet. Dans un domaine fortement réglementé cette compétition pose des problèmes d’éthique fondamentaux. Certains se demandent si le choix de cette voie ne serait pas un moyen de contourner les frontières légales. Selon les spécialistes « la recherche avance très vite : les scientifiques sont passés des expérimentations menées chez la souris à l’être humain en l’espace d’un an. » Comme avec l’intelligence artificielle la question primordiale sera de savoir si le législateur « tentera de réguler ces recherches ou simplement de régulariser les transgressions ? ».
Dominer la Création
Depuis le mouton Dolly en 1997, diverses tentatives de cloner des humains par des sud-coréens ou par la secte des raéliens au Bresil, ont été annoncées à grand renfort de communication sans apporter la moindre preuve de succès. En 2006 le prix Goncourt Didier van Cauweleart analysait une tentative de cloner le christ à partir d’éléments recueillis sur le Suaire de Turin ou d’autres reliques de la chrétienté supposés avoir été en contact avec lui. Toujours est-il qu’aujourd’hui le clonage reproductif présente un taux de résultat très faible. Le clonage à visée thérapeutique quant à lui, est très prometteur. Afin de produire des cellules souches, ces techniques peuvent assurer « le remplacement de matériel vivant pour des greffes. » Dominer la création est une voie complexe et longue, probablement vaine. En 2007 il existait néanmoins près d’un millier de cochons et 3000 bovins, clonés. On notera que l’Académie pontificale pour la vie condamne fermement toute expérimentation avec des humains ou leurs cellules à des fins de clonage. Galilée, s’il vivait encore, saurait quoi en penser.
Mégalomanie ou progrès ?
En mettant en parallèle ces voies de recherche scientifique et la volonté exprimée par un Elon Musk d’insérer encore cette année-ci des implants cérébraux sur des humains, la perspective ouverte interroge. Musk aurait déjà l’autorisation des instances américaines. Sa start-up Neuralink, se dit prête à permettre au cerveau et aux ordinateurs de communiquer directement. Le but avancé serait de « créer une relation symbiotique entre l’intelligence artificielle et l’être humain qui diluera les frontières entre la pensée humaine et la technologie numérique ». La semaine dernière Musk a confirmé cette stratégie indirecte de conquête du pouvoir devant 3600 personnes au palais des sports porte de Versailles à Paris. Notons que Twitter qui lui appartient, pour la modique somme de 44 milliards, a quitté le « code de bonne pratique renforcé sur la désinformation » de l’Union Européenne au nom d’une conception très personnelle de la liberté d’Elon le gourou.