A quelques jours de la Journée de la Femme – le 8 mars – un récent sondage français tend à démontrer que la «culture du viol» n’est pas prête de s’éteindre. Ça vous choque?

Le viol, banal et pas si grave? C’est ce que révèle un récent sondage réalisé par l’institut de sondage Ipsos pour l’association Mémoire traumatique et victimologie.

Photographie consternante de l’idée que se fait de la population du viol, l’étude met en lumière les stéréotypes effarants qui l’entourent, et ce malgré les nombreuses compagnes sur le sujet. Il faut dire que l’image d’une sexualité masculine violente et prédatrice subsiste. Ils sont en effet 61% des Français et 65% des Françaises (pincez-moi, je rêve) à penser que l’homme a plus de mal que la femme à «maîtriser son désir sexuel.» (Le bromure sera-t-il un jour en vente libre?)

Car oui, les femmes qui se font violer, finalement, l’ont un peu cherché… Peut-être parce que leur jupe était trop courte, leur décolleté un peu trop plongeant. Peut-être aussi ont-elles ri un peu trop fort. Peu importe la raison, 27% des personnes interrogées affirment que la victime, si elle s’est montrée séductrice à un moment donné, a sa part de responsabilité. Non désolée, messieurs, une jupe courte ne signifie pas «entrez, c’est ouvert». De même qu’accepter de boire un dernier verre ne signifie pas «Oui, je meurs d’envie de faire l’amour avec toi. Et sauvagement, tant qu’à faire.»

Et les jeunes ?

On pourrait penser que ces idées subsistent chez les plus vieux, ceux pour qui subsiste le modèle du couple dans lequel l’homme domine la femme. (et quand bien même, ça n’exclue rien).
Eh bien non. Les jeunes, biberonnés à YouPorn depuis leur plus tendre enfance, sont les premiers à minimiser le viol. A grands renforts de pornographie débridée et ultra violente, ils sont près de 30% à penser que «les femmes peuvent prendre du plaisir à être forcées lors d’une relation sexuelle.» Et quand ça n’est pas les sites et chaînes classés X, les tubes de l’année brouillent les pistes et contribuent à donner une image faussée des relations sexuelles. Bien sûr, on pense à Blurred Lines (Lignes floues) de Robin Thick, dans laquelle le chanteur disait «Je sais que tu veux cela. Tu es une gentille fille.» Pour mémoire, non danser sur ce morceau ne veut pas dire qu’on obtempère aux paroles salaces susurrées. Et d’ailleurs, quand on dit non, et bien, c’est non.

Le mythe du violeur inconnu
Et cela vaut pour tous. Parce que, parmi les mythes a avoir la vie dure, il y a aussi celui ru violeur inconnu. Genre, dans une ruelle sombre, la nuit, en rentrant seule. Eh bien non, dans près de 90% des cas, la victime connaissait son agresseur. Quand ça n’est pas son conjoint (58% des cas) ou un membre de sa famille (53% des viols).

Et pour finir, le petit chiffre qui va bien. En incluant les mineurs et les tentatives de viol, on recenserait près de 200 000 victimes. Pas mal non?
Pour rappel, le viol est un crime. Parfois, nommer les choses permet de leur donner un peu plus de corps.