Texte par Cadfaël

L’importance de la Chine pour le Vatican est d’ordre historique. Pour la Chine il s’agit d’un parti étranger à surveiller. Pour le Vatican les chrétiens représentent environ 5 % de la population chinoise soit 70 millions de personnes dans un monde de fidèles en régression.

Un historique difficile

Les relations entre la Chine et le Vatican sont tendues depuis 1951, date à laquelle le Vatican coupait les ponts avec Pékin. Sous l’influence du Parti communiste et du gouvernement central s’est développée une église « clandestine » qui refuse de soumettre aux influences et contrôles de l’ « Association patriotique des catholiques chinois ». Celle-ci est calquée et dirigée sur le mode des organisations du parti et nomme les évêques qui de facto, ne sont pas reconnus par le Vatican. 

Afin d’éviter une coupure encore plus importante, un modus vivendi a été trouvé entre Rome et Pékin. Rome donne plus que discrètement l’accord sur certaines nominations demandées par l’Association patriotique, liste évidemment ultra confidentielle. D’autres évêques et responsables sont nommés par l’église « clandestine » et sujets aux persécutions du système répressif. D’après l’agence vaticane CNA le gouvernement chinois applique systématiquement une politique de sinisation dans certaines régions résultant dans l’enlèvement de signes religieux et la démolition d’églises comme de la poursuite de pratiquants et dignitaires religieux. Il en va de même avec l’islam ou d’après des sources fiables 900 000 musulmans Uigurs se retrouvent dans des camps d’internement. 

Les devants de la scène

Début septembre dernier le gouvernement chinois annonçait avoir trouvé un accord provisoire avec le Vatican dans le cadre d’une confiance mutuelle et d’un consensus reposant sur des actions positives entre autres par des mesures d’entraide mutuelle lors du COVID. En février le Vatican avait offert 700 000 masques à la Chine qui en retour, livrait en avril du matériel médical à la pharmacie du Vatican. De source chinoise, cette confiance mutuelle « grâce à des efforts concertés des deux côtés » a permis en septembre de cette année d’implémenter un accord qui était provisoire. Les autorités chinoises demandent qu’on rajoute aux liturgies célébrées des éléments de patriotisme chinois. 

Depuis la signature de l’accord, le pape François n’a plus évoqué en public le sujet des droits de l’homme et des Uigurs. 

Derrière les coulisses 

Le 23 novembre dernier, le très sérieux site d’informations Cyberscoop révélait en citant « Recorded Future » société spécialisée dans la sécurité informatique de très haut niveau que le Vatican, durant toute la période des négociations avait fait l’objet de cyberattaques sophistiquées destinées à pénétrer les services diplomatiques du Vatican en charge des négociations. Après la publication de cette information en juillet, il y eut une pause. Les attaques recommencèrent, mais de manière plus sophistiquée comme le publiait, il y une dizaine de jours, Proofpoint Research autre société active dans le domaine de la sécurité informatique. 

Les pirates commencèrent par envoyer un malware avec une sorte de protocole chercheur programmé en fonction des objectifs des piratages afin de rendre les intrusions indétectables. La nouvelle phase de piratage d’après les blogs des chercheurs cités par Cyberscoop avait débuté juste avant l’annonce des accords par le ministère des affaires étrangères chinois. La signature des pirates est claire pour les chercheurs, elle provient d’une structure de Chine populaire bien connue du milieu de la sécurité informatique. Les blogs ne mentionnent pas si les pirates chinois ont réussi à pénétrer les lignes communications vaticanes. Comme quoi les voies de Rome et de Pékin sont impénétrables.

À LIRE AUSSI