Depuis 2003, le 6 février de chaque année marque la Journée internationale de la « Tolérance zéro face aux mutilations génitales féminines (MGF) ». Ces traditions archaïques entraînent une vie de souffrances physiques et psychologiques pour les femmes concernées.

Par Cadfael

La barbarie au XXIème siècle

Oubliée des médias de la plupart des pays voisins trop occupés par leur pagaille politique interne, la pratique des MGF n’en est pas pour autant un phénomène marginal. Selon l’OMS « Les mutilations génitales féminines (MGF) comprennent toutes les interventions qui impliquent l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales. Ces pratiques ne présentent aucun avantage pour la santé des jeunes filles et des femmes et peuvent provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des difficultés menstruelles, des infections ainsi que des complications lors de l’accouchement, et elles augmentent le risque de décès néonatal. » Elles n’ont strictement rien à voir avec la communauté transgenre.

Aujourd’hui encore des intellectuels proches d’une gauche torturée considèrent une approche de type OMS comme une sorte de néocolonialisme culturel qui sortirait les femmes d’un cocon culturel tribal pour les pousser de force vers la lumière crue d’un humanisme intellectualiste. En 2013 on pouvait lire sous la plume d’une psychanalyste réputée qui considère les MGF comme une « violence nécessaire pour qu’un sujet puisse advenir sur la scène sociale ». Elle l’analyse comme « des rites de passage, les initiés, qui étaient traités jusque-là comme des enfants, deviennent après le rite des adultes à part entière. /…/ Dans les sociétés traditionnelles, le traumatisme rituel est choisi de façon délibérée pour obtenir cette reformulation et cette constitution définitive de l’identité qui assure au groupe social sa reproduction ordonnée et libère l’individu des angoisses relatives au travail identitaire lié à la poussée psychique. /…/. Plutôt que protéger du trauma, le groupe expose délibérément le sujet au trauma, mais dans des modes culturellement codifiés et non arbitraires. »

Au-delà les religions et des nationalismes

Les MGF se pratiquent dans une trentaine de pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Asie, y compris d’Europe. Plus de 230 millions de filles et de femmes en subissent les conséquences dont 600.000 en Europe. Elles ne seront probablement pas du même avis que la psy citée plus haut, même si au Mali « une femme excisée est la fierté de tous ses proches » ! Aujourd’hui environ 3,3 millions de filles risquent chaque année d’être mutilées sexuellement. Cette barbarie transcende les religions comme le souligne l’ONU. « Bien que ni l’Islam ni le Christianisme ne les cautionne, les MGF sont fréquemment justifiées par une supposée doctrine religieuse. »

Le 6 février dernier un reportage de la chaine publique allemande ZDF expliquait que plus de 73.000 femmes sont touchées par des MGF en RFA. Avec les migrations le nombre de femmes menacées augmente. On l’estime actuellement à 20.219 jeunes filles. Malgré une sanction allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement, la pratique perdure dans des cercles ethniques ultra fermés ou l’omerta joue : aucune plainte n’a été saisie en 2024.
Selon une responsable d’ONG, dans son pays tout le monde peut faire subir une MGF à ses enfants sans que cela soit découvert. La découverte relève du hasard. Et c’est probablement la même chose au Luxembourg où selon les données européennes datant de 2019, parmi jeunes filles demandeuses d’asile 19% sont menacées d’une MFG, celles déjà résidentes n’étant pas inclues. En France, les engagements féministes des associations et les ONG se battent depuis les années 70. La prise en charge semble très inégale du fait d’un paysage sanitaire où tout passe par Paris. Le pays en pleine tempête anti-migratoire axerait plutôt sur une prévention privilégiant le développement culturel et social.

Dans l’Union Européenne un certain nombre de structures nationales se consacrent à lisser les souffrances des femmes et à proposer des chirurgies reconstructrices ainsi que des formations pour chirurgiens, soignants et travailleurs du social. En Angleterre une chirurgie coûterait 30.000 dollars, ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Selon la BBC la reconstruction clitoridienne est couverte par l’assurance maladie publique en Belgique, en Finlande, en France, en Allemagne, en Suède et en Suisse. En Espagne ou en Autriche des institutions privées comme la « desertflowerfoundation.org » prennent le relais.

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