Après plus de deux ans et demi de travail juste pour la partie luxembourgeoise soit Melusine Productions et Studio 352, , Le Royaume de Kensuké a été dévoilé au Luxembourg ce mercredi 5 juin, donnant ainsi vie au célèbre roman de Michael Morpurgo dans une adaptation toute en délicatesse et en poésie.
Michael, un jeune garçon de 11 ans, est tombé, en pleine tempête, du bateau où se trouvaient ses parents et sa sœur en plein tour du monde. En voulant sauver sa chienne, Stella, le voilà lui aussi emmené par la mer puis laissé au bord d’un rivage inconnu, hostile et apparemment désert. Échoués sur cette île, perdus au milieu du Pacifique, Michael et son compagnon à fourrure se retrouvent dépourvus, incapables de trouver de la nourriture ou de l’eau potable pour survivre. C’était sans compter sur la présence d’un autre naufragé, Kensuké, un ancien soldat japonais installé là depuis que son bateau a explosé durant la seconde guerre mondiale et vivant en parfaite harmonie avec la nature et les orangs-outans. Il lui ouvrira les portes de son île et ensemble, ils s’uniront pour repousser les trafiquants de singes qui envahissent l’île et tenter de sauver ce fabuleux endroit.
Fidèle dans l’adaptation du célèbre roman de Michael Morpurgo, publié en Grande-Bretagne, en 1999, le Royaume de Kensuké plonge le spectateur dans une aventure rafraîchissante, pleine de rebondissements et de sagesse, le tout à travers les yeux du jeune garçon Michael. Récit d’initiation et porteur de paix et de sagesse, c’est aussi une méditation sur la famille, et plus largement sur la relation à l’autre. C’est aussi une invitation à réfléchir sur la nature, sur la relation entre Michael et Stella, sur le contact des humains avec les orangs-outans ou bien encore avec le « royaume » de Kensuké, cette maison construite dans les arbres et qui apparait comme une continuité de la nature.
Majestueux et émouvant
Dans un graphisme poétique et très plaisant à regarder, avec des personnages réalistes et des décors somptueux et très riches, le film se dévoile pas à pas, sans grandes paroles, tout en musique et en images. La narration au rythme calme et simple laisse véritablement place à l’émotion exprimée par cette délicatesse du dessin mais aussi l’attitude profonde des personnages.
« La première fois que j’ai lu le scénario du Royaume de Kensuké je me suis aperçu que c’était exactement le genre de film que j’aime en tant que spectateur. Ce que je veux dire par là, c’est que j’adore les films qui ont un fort enjeu émotionnel mais qui se déroulent dans des paysages majestueux. Et j’adore le format très large du Cinémascope. C’est du cinéma spectaculaire. C’est un film d’une grande force émotionnelle, mais qui se déroule dans un environnement somptueux, et c’est ce qui m’a plu dans le scénario » confiait le coréalisateur Neil Boyle dans un communiqué à l’occasion de la sortie du film.
Il est rejoint dans son analyse par l’écrivain Michael Morpurgo qui ajouta : « Le message que j’aimerais que le spectateur retienne du film, c’est l’importance de l’amour entre les êtres, entre les peuples, et entre l’homme et la planète. C’est, au fond, une histoire qui parle de réconciliation, entre les jeunes et les anciens, entre l’être humain et le monde qui l’entoure, perceptible à travers le prisme de Michael, mais aussi à travers la sagesse de Kensuké et la relation entre le petit garçon et le vieil homme. L’amour succède parfois au conflit. C’est, à mes yeux, un thème essentiel, sans doute plus fondamental à l’heure actuelle que jamais. Enfin, je dirai que parmi tous les problèmes que le monde doit affronter, notre rapport à l’environnement est le plus urgent. Car, quelle que soit la région du monde, c’est dans ce rapport que nous avons causé le plus de dégâts à la planète et à nos semblables ».
A la découverte de Mélusine Productions
C’est à Contern, tout près de Luxembourg-ville, que se cache l’un des producteurs qui a participé à la réalisation du Royaume de Kensuké. Le temps d’une visite, nous avons pu pousser les portes de la société Melusine Productions, créé tout comme le Studio 352, par Stephan Roelants en 1997. Essentiellement tournés vers l’animation et le documentaire, Melusine Productions et Studio 352, qui comptent une quarantaine de personnes en CDI dans leurs locaux, ont participé à la production d’une soixantaine de séries télé et de 25 longs métrages, toujours porteurs d’une vision humaniste et d’une ambition visuelle. Et certains de leurs travaux sont bien connus du public comme Le Chant de la Mer, le Sommet des Dieux, les Hirondelles de Kaboul ou encore Ernest et Célestine. Bien souvent cette ligne éditoriale et ce travail d’animation ont été récompensés avec notamment des nominations aux Oscars (Wolfwalkers, The Breadwinner, Le Chant de la Mer ou encore Ernest et Célestine) et une présence très régulière dans les festivals comme le Festival d’Annecy avec le Royaume de Kensuké par exemple ; une preuve indéniable de leur talent dans ce domaine et une belle visibilité internationale pour l’animation luxembourgeoise.
La genèse du projet
Impliqué dès la phase de développement du projet, le studio a œuvré sur la coproduction du film Le Royaume de Kensuké notamment sur le design, les décors et l’animation durant plus de deux ans. Le Royaume de Kensuké c’est 12 dessins par seconde avec des décors très riches et plusieurs personnages dans chacun d’entre d’eux, un travail de longue haleine puisque chaque artiste peut obtenir une seconde de film utile par jour, au maximum… Ce qui explique pourquoi le studio travaille généralement chaque année sur deux gros projets comme des longs métrages et un projet plus court du type série ou documentaire.
« Ce fut un vrai marathon que d’animer ce projet, les décors sont d’une telle richesse, tout est très détaillé, très subtil et également très fluide. C’est assez inouï l’attention aux détails et la richesse des décors que nous pouvons retrouver dans le projet. 50 personnes, tout domaine confondu, ont travaillé sur ce projet à raison d’une seconde par jour et nous avons réalisé, sur la durée totale du film, 35 minutes à peu près » commentait à ce propos Nicolas Debray, directeur du studio, lors de la visite.
« Au départ, Sarah Radclyffe, l’une des productrices, voulait un projet live et puis cela n’a pas pu se faire et le projet s’est transformé en projet d’animation » confiaient d’ailleurs Fabien Renelli, producteur chez Melusine, et Nicolas Debray, avant de revenir sur la genèse du projet : « nous avons été associés dès le début et, soutenus par Film Fund Luxembourg, nous avons notamment travaillé avec Lupus, une autre société de production avec qui nous avions déjà travaillé pour Ethel et Ernest. Nous sommes très contents, Le Royaume de Kensuké marche bien, il est sorti déjà en France et il marche bien. Il a été présenté au Luxembourg City Film Festival et là aussi il a eu un beau succès ».
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