La question du sport et du cycle menstruel est restée longtemps taboue et méconnue. Mais, la parole se libère, notamment chez les sportives de haut niveau, autour de l’équipement et des performances lors des cycles menstruels. Cette spécificité physiologique des femmes est d’ailleurs davantage prise en compte, tant au niveau des résultats sportifs que du bien-être mental et physique.
“C’est très bien d’avoir une tenue entièrement blanche, mais ce n’est pas forcément adapté quand nous avons nos règles. On essaye de gérer ça comme on peut”. En marge de l’Euro de football féminin qui se déroule actuellement, les joueuses anglaises participent à un autre combat. Par cette déclaration faite par la buteuse des “Lionesses” Beth Mead lors d’une interview donnée au Télégraph, elles demandent à Nike qui les équipe de ne plus faire de shorts blancs. Une demande soutenue par de nombreuses joueuses, notamment la capitaine de l’équipe de France (également équipée par Nike), Wendie Renard.
“On peut faire du sport pendant les règles”. Ce refrain, le Dr Carole Maitre, Gynécologue-médecin du sport à l’INSEP, le répète inlassablement. “Pour les pratiquantes de sports collectifs ou individuels, les tenues ont évolué depuis les vingt dernières années”, précise le Dr Carole Maitre. Parmi les avancées notables, on peut noter les culottes menstruelles ou encore les cup qui assurent plus de confort et de sécurité lors de l’activité.
“La majorité des cas qui posent problème sont des cycles menstruels présentant une pathologie”, explique l’autrice du guide de l’INSEP, “Sportives de haut niveau : les cycles, les règles, la contraception et la performance”. Dans le cas de règles abondantes, la spécialiste recommande de ne pas sous-estimer leurs impacts sur la fatigue et le risque d’anémie du fait du déficit en fer.
“Mais les règles ne doivent pas être synonymes d’arrêt du sport, rassure-t-elle, il vaut mieux limiter les efforts d’endurance et se concentrer sur le renforcement musculaire, la technique ou faire du fractionné”.
Des effets positifs sur le corps
En cas de douleurs légères ou modérées, la pratique du sport peut en atténuer les effets. Ce phénomène est lié à la sécrétion par le cerveau de bêta endorphine, des protéines qui favorisent la sensation de bien-être et qui augmentent le seuil de sensibilité de la douleur. Attention toutefois, cela n’a pas d’effet sur les fortes douleurs.
Autres symptômes dus à la période prémenstruelle, une fatigue anormale, une tendance dépressive ou encore un “manque d’allant”, qui touche 27% des sportives, selon une étude menée par Carole Maitre en 2011. “Autant de troubles qu’une activité sportive peut atténuer”, rappelle-t-elle.
Chez certaines sportives, la pratique peut entrainer une diminution de la durée du cycle menstruel. Pour cela, il faut que l’activité soit intense, régulière et qu’elle entraine une diminution de la disponibilité énergétique. La masse de gras diminue alors et se traduit par une insuffisance en glucide et en lipide. A ce moment-là, “l’organisme freine l’activité de la reproduction pour préserver de l’énergie”, explique le Dr Carole Maitre. On l’observe particulièrement dans les sports individuels qui demandent peu de masse, tels que les triathlètes.