Texte par Cadfael

Les femmes, pour des raisons les plus diverses, se retrouvent dans les mouvances terroristes. Une des clefs de la solution consisterait à féminiser davantage les organes de sécurité.

Le retour d’un sujet brûlant

Associated Press informait ce dimanche que les forces de sécurité françaises venaient d’arrêter quatre femmes dont une jeune fille à Béziers dans l’Hérault. Elles planifiaient un attentat sur une cible non précisée à Montpellier. Selon AP, elles se seraient déjà fait remarquer par des voisins pour avoir regardé des vidéos islamistes. D’autres sources précisent que les forces de police auraient découvert un sabre et des matériaux permettant de fabriquer des explosifs.

L’arrestation de cette mère de famille et de trois sœurs dont une mineure, remet à l’ordre du jour l’omniprésence et le polymorphisme de la question du terrorisme dans nos sociétés. 

Les exemples de femmes participant activement aux mouvances terroristes sont nombreux, certaines se faisant sauter en emmenant leurs enfants dans une mort que ces jeunes ne méritaient pas.

Il y en a toujours eu

Le premier à avoir été confronté au binôme femmes – terrorisme a été l’Allemagne à la fin des années soixante-dix avec la « RAF » (Fraction Armée Rouge) et le « Mouvement du 2 Juin » qui avaient à leur actif l’assassinat de Jurgen Ponto, porte-parole de la Dresdner Bank et de l’avocat général Siegfried Buback . Parmi les 16 personnes recherchées à l’époque dans le cadre de ce crime il y avait 10 femmes. Le « mouvement du 2 juin » avait en 1977 enlevé un riche industriel en Autriche. Les suspects recherchés étaient essentiellement des femmes. 

Selon une étude publiée en janvier de l’année dernière par l’« Institute for National Security Studies » de l’Université de Tel Aviv, au moins 22 femmes ont participé à des attaques suicides en 2019  dans neuf pays. Ces attaques ont tué 98 personnes et en ont blessé environ 230. Cela représente une baisse de 74% par rapport à l’année précédente. 19 des 22 femmes appartenaient directement ou indirectement à la mouvance islamiste IS. Cette comptabilité macabre souligne le rôle de la bombe humaine qui demeure une arme redoutable et bon marché aux mains des fanatiques d’Allah.

Il y a évidemment d’autres voies où des jeunes femmes combattent pour une cause qu’elles croient juste en espérant établir une dictature de Dieu.

Une étude publiée en 2018 de Sophia Patel et Jacqueline Westermann, détermine que 17 % de ceux qui partent pour le Jihad sont des femmes. Et elles citent que les femmes ont un rôle clef à jouer que ce soit sur le plan de l’exécution d’actes de violence ou en matière de prévention. Elles concluent que la recherche montre qu’un accord de paix est plus facilement réalisable si les femmes sont intégrées dans le processus. Elles recommandent aux états et aux organisations internationales de développer des pratiques robustes permettant d’intégrer les voix des femmes, leur savoir-faire et leurs motivations dans toutes les démarches dans le périmètre des combats comme celui de la prévention de la violence.

Le Conseil Atlantique joue une carte majeure

Cette philosophie a été récemment soulignée par le Conseil de l’Atlantique Nord, la plus haute instance civile de l’OTAN, organisation qui n’est pas connue pour son féminisme militant. En titrant qu’il « était temps de revoir la manière dont nous analysons le rôle des femmes dans les conflits », le Conseil veut relancer une initiative dont l’origine se trouve en Suède. En 2014 ce pays a lancé une stratégie de « politique étrangère féministe » à laquelle ont dès le départ, adhéré notre pays ainsi que le Canada, la France et l’Espagne. La Suède n’est pas formellement membre de l’Alliance Atlantique mais qualifiée d’allié très proche.

Et de souligner que « d’un point de vue moral, toute organisation qui cherche à sauvegarder la liberté, un héritage commun ainsi qu’une civilisation spécifique aux peuples qui la composent, reposant sur les principes de la démocratie, des libertés individuelles et l’état de droit, doit inclure les savoir-faire des communautés marginalisées. C’est le seul moyen de s’attaquer aux défis complexes à venir en tenant compte de la moitié des personnes qui composent le demi-milliard d’individus membres de l’Alliance. ». Ce concept intègre les LGTB ainsi que les personnes transgenres. L’Otan en tant qu’organisation de défense se propose d’incorporer dans sa politique étrangère cette vision et elle veut servir de modèle à la communauté internationale.

Une unité difficile ou improbable ?

Il n’en demeure pas moins que des membres importants de l’Otan, comme la Turquie, la Pologne ou la Hongrie, dénoncent ou veulent dénoncer leur participation à la convention d’Istanbul et pratiquent dans leur pays une politique antiféministe et anti-LGTB. Cela rendra encore plus difficile la question de l’exemplarité ainsi que la mise au point d’une politique de positionnement face à la question épineuse des terrorismes et d’une éventuelle « réintégration » des anciennes femmes  djihadistes et de leurs enfants qui tout à coup préfèrent le cocon d’une démocratie occidentale aux camps de prisonniers kurdes.

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