Fruit d’un lent processus de travail, de discussions et de négociations, la pilule contraceptive est aujourd’hui un élément essentiel de la vie de la femme. Tout comme les serviettes hygiéniques, la contraception fait face à de nombreux débats centrés sur la question de sa gratuité et son accessibilité.

Par Fanny Muet

Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé en France, a prononcé il y a quelques jours une annonce qui a de quoi rassurer de nombreuses femmes françaises. À partir du 1 janvier 2022 la pilule contraceptive sera remboursée à 100% jusqu’à 25 ans, contrairement à 65% aujourd’hui. En effet, beaucoup de femmes ne recourent pas à ce moyen de contraception car bien trop cher. La suite pourrait être, comme le demandent et l’espèrent de nombreux médecins, le remboursement de tous les contraceptifs y compris les préservatifs féminins et masculins.

Cette annonce marque encore une avancée dans la bataille pour la prise en charge des contraceptions, commencée il y a déjà bien longtemps.

Le chemin vers la légalisation

Après la Première guerre mondiale, songer à la contraception en tant que femme est impossible. Le pays est meurtri, la population est en baisse et un pays fort doit être un pays où la population est croissante. Dans ce cadre, les femmes de l’entre deux-guerres ne bénéficient pas de la contraception, sous quelque forme qu’elle soit. Elle devient même illégale dès 1920 bien qu’elle soit sujette à de nombreux possibles progrès car encore trop imparfaite. Il faut donc attendre les espoirs portés par une gauche progressiste. François Mitterrand inclut dans son programme électoral de 1965 la libéralisation de la pilule contraceptive. À droite, c’est un député gaulliste, Lucien Neuwirth, qui propose la légalisation de cette dernière en mai 1966, une idée alors soutenue par la figure du mouvement, Charles De Gaulle. Votée à l’Assemblée nationale le 19 décembre 1967, la légalisation de la pilule contraceptive marque une avancée considérable pour les droits de la femme.

La voix de Simone Veil

Ce n’est plus Lucien Neuwirth qui s’impose face à la question de la contraception, mais une femme, que nous connaissons toutes et tous, Simone Veil. Ministre de la Santé sous le président de la République Valéry Giscard D’Estaing, elle améliore considérablement en cohérence avec son temps la loi de décembre 1967 qui n’assure que sa légalisation. En effet, la pilule est désormais remboursée par la Sécurité Sociale, il est possible de la trouver gratuitement dans des centres du Planning familial et elle est accessible anonymement aux mineures.

En 1999, la contraception d’urgence (pilule du lendemain) est disponible dans les pharmacies sans ordonnance médicale et trois ans plus tard, il est possible de l’obtenir gratuitement en tant que mineure et de manière anonyme.

Et qu’en est-il au Luxembourg ?

L’accès à la contraception sera entièrement pris en charge, sans limite d’âge et élargi pour les moyens de contraceptions dont il est question, mais le tout sur ordonnance. Cette nouvelle mesure est entrée en fonction cette année, après avoir été annoncée il y a plus d’un an. Jusqu’alors, les moyens contraceptifs n’étaient remboursés qu’à 80% sous ordonnance médicale.