Elle vient d’ouvrir une boutique à New York dans laquelle elle perpétue le savoir-faire français. Si Laure de Sagazan fait partie de ces créatrices à avoir fait souffler un vent de Bohême sur l’univers du mariage, elle ne s’embarrasse pas de carcans pour autant et continuer de créer en suivant ses doux rêves.

Romantique invétérée, elle a trouvé dans cet univers auréolé de dentelle (de Calais) et de soie un moyen d’expression et matière à créer, sans qu’aucun frein ne vienne lui dicter ses préceptes.

Laure a fait ses armes dans le prêt-à-porter. Passée par la maison française Ba&Sh, elle décide, en 2011, de créer sa propre marque et avec elle, tout un univers. Elle est de celles qui ont libéré la robe de mariée de ses frous-frous, pour révéler une future épouse naturelle, libre. Un brin sauvage, mais toujours profondément élégante. Car chez Laure de Sagazan, le bohème ne sacrifie rien à son désir d’exigence. Ses créations relèvent de la haute couture, tant le souci du détail est poussé à l’extrême. Elle ne cède devant aucun compromis. Le prix des matières flambe ? Qu’à cela ne tienne, ses clientes savent qu’elle doit autant sa renommée à la qualité des étoffes qu’elle sélectionne – auprès de ses fournisseurs qui la suivent depuis ses premiers jupons – qu’à son talent. Associer la dentelle de Calais et la soie ? C’est elle. Les coupes fluides et le corps qui se dénude sobrement ? C’est encore elle. Si elle ne peut qu’admettre qu’elle a ouvert la voie à toute une foule de créatrices, elle sait quels sont ses atouts et voit dans cette saine concurrence l’occasion d’aller encore plus loin et de faire toujours mieux. Son travail semblable à celui de l’une des petites souris du conte Cendrillon : sublimer la femme de façon imperceptible. « La robe parfaite ? C’est celle dans laquelle on se sent si bien qu’on l’oublie (sourire) ! C’est la tenue dans laquelle on se sent véritablement soi-même. Elle n’est pas un déguisement confectionné pour un jour en particulier, que l’on regardera avec incompréhension dix ans plus tard. Elle met en lumière le meilleur de soi, dévoile ce qui doit l’être. »
Doigts de fée ou talent de magicienne ? Il y a un peu des deux dans l’univers de Laure de Sagazan, qui vit un rêve éveillé depuis ses débuts.

Amour, quand tu nous tiens…

Il faut dire qu’elle met un soin particulier à auréoler son quotidien. Quand on lui demande si elle se considère comme romantique, elle approuve. « Que ce soit à travers les vêtements que je porte, les livres que je lis, les films que je regarde, ou même, bien plus, ma vision des choses… je dois reconnaître qu’ils sont ceux d’une grande romantique. Le romantisme adoucit tellement le quotidien. »

Sa recette du bonheur ? Sans aucun doute. Ainsi que les termes « Amour, après, et envie », ses trois ingrédients pour des noces heureuses. « Si l’on ne se rejoint pas sur ces trois points – pourtant évidents ! – il y a fort peu de chances que le mariage s’inscrive dans la durée… Parfois, l’amour seul ne suffit pas, il a besoin de l’envie, et encore plus de celle de l’après. Après la folie, après les débuts, après la fête… L’amour se construit un peu chaque jour ! »

Écrire de belles histoires

Chacune de ses créations appartient à un nouveau chapitre dans lequel l’intime se mêle à ses influences. Si elle garde toujours sa signature, elle la décline à l’envi.

Pour sa collection 2018, elle est allée puiser dans d’autres époques et se joue des lignes pour des pièces qui transcendent le corps féminin, grâce à une rigueur quasi architecturale. « C’est peut-être la grossesse qui m’a amené vers des lignes plus féminines », nous confie-t-elle. Coupe empire, taille basse, inspiration des années folles, elle puise dans la mémoire commune pour renouveler le style bohème et lui insuffler un peu de son imaginaire et, surtout, de son audace. Dévoiler un dos nu, une jambe, ou réhabiliter le pantalon ne lui font pas peur. « Une mariée n’est jamais aussi belle que dans une tenue qui lui ressemble. Pourquoi vouloir à tout prix mettre une robe lorsqu’on ne porte que des pantalons ? »

Laure de Sagazan explore les siècles, l’histoire du costume, mais convoque aussi ses souvenirs de petite fille. Des réminiscences qui l’ont poussée à créer une ligne de vêtements de cérémonie pour petites filles, joliment baptisée La Petite Fille de la mariée. « J’ai pensé ces pièces comme une ode à l’enfance. En aucun cas, je n’ai voulu en faire des mini-mariées à l’américaine ! Oh non, bien au contraire ! L’idée était de créer des tenues en échos à celles de leurs mamans, mais en gardant toute l’innocence de cette période merveilleuse qu’est l’enfance… » Une aventure passionnante qu’elle a adoré vivre, au même titre que ses autres collaborations, comme avec la marque française Sézane. Elle nous suggère d’ailleurs que de jolis projets s’apprêtent à voir le jour, sans vouloir en dire davantage. Qu’à cela ne tienne, nous attendrons patiemment et lui laissons savourer la joie de tous ces bonheurs qui lui arrivent. Ses créations nous le racontent si bien…