Notre entretien avec Anne-Gabrielle Laurent, fondatrice du site Ananda Skincare nous a donné envie d’en savoir plus sur le phénomène « Clean Beauty ». Si elle est sur toutes les lèvres, que se cache-t-il réellement derrière cette appellation ? Nous l’avons décryptée pour vous.

Produits naturels, certifications biologiques, packagings recyclables, cosmétiques vegans… c’est un fait, les produits verts ont depuis quelques mois acquis leurs lettres de noblesse et ont surtout gagné du terrain dans nos trousses de maquillage et nos salles de bain.

À l’origine de cette déferlante green, plusieurs facteurs, mais notamment l’arrivée d’une nouvelle génération de consommateurs – et notamment les millenials et la génération Z – mieux rompus au jargon cosmétique et bien plus sensibilisés aux questions environnementales et sanitaires. Et, une fois n’est pas coutume, la transmission s’est faite à l’envers puisque ces jeunes consommateurs sont en passe de révolutionner la façon de consommer de la beauté de leurs aînés.

En témoigne le nombre d’applications destinées à décrypter les compositions des produits de beauté : Clean Beauty, mais aussi Yuka (disponible en France et en Belgique seulement pour le moment, ndlr.). Le but ? Aider les consommateurs à faire leurs achats beauté en toute connaissance de cause, en leur permettant choisir des produits dont les formules sont exemptes de produits controversés, à l’instar des perturbateurs endocriniens, d’agents irritants et allergènes, et d’une façon plus générale, à fuir les cosmétiques issus de la pétrochimie.

Si la tendance n’est pas nouvelle, elle était autrefois réservée à une poignée de happy few fortunés, qui marchaient dans les pas de prescriptrices comme Gwyneth Paltrow et son site lifestyle GOOP, ou des bobos pour qui les questions textures, de sensorialité et de plaisir n’étaient que secondaires. Car la première génération de produits « clean » pouvait souffrir d’odeur particulière, de textures poisseuses ou collantes. Sans parler des packagins, plusqu’austères. Mais tout ça, c’était avant.

Depuis les laboratoires ont sérieusement planché sur le sujet pour offrir aux consommateurs des produits safe, mais sans que ceux-ci renoncent au plaisir d’acheter de jolis produits, aussi agréables à utiliser qu’efficaces. Si, eu Europe, le nombre de produits certifiés COSMOS a doublé en 2018, soit quelque 10 000 références issues de 794 marques différentes, cela n’est pas prêt de s’arrêter. Tous les jours naissent de nouvelles marques, propulsées sur Instagram pour toucher directement la cible des millenials : Drunk Elephant, RMS Beauty, Tarte Cosmetics, Tata Harper, etc. ; tandis que les grands noms ne sont pas en reste. Clarins, par exemple, s’apprête à sortir une gamme totalement vegan, et dont les emballages sont fabriqués matériaux recyclés issus de forêts éco-responsables. La coiffure n’échappe pas à cette tendance et de plus en plus de grandes marques ont également créé des gammes de colorations végétales comme L’Oréal Professionnel avec Botanea, et plus récemment Wella.

Vous avez dit « clean beauty » ?

Un peu tout et n’importe quoi, l’appellation est large et peut désigner aussi bien des produits vegan que d’autres 100% bio, voire certains issus de la pétrochimie, mais dont la formule ne contient aucun ingrédient suspect. Tous ont cependant en commun leur innocuité sur la santé des consommateurs, mais également celle de la planète.

Les raisons d’un tel succès

Plusieurs facteurs expliquent cette hégémonie des produits de beauté « clean ». La première est à n’en pas douter la tendance healthy, appliqué comme nouveau mode de vie. Quand les icônes des 90 sortaient jusqu’au petit matin, carburaient au coca (même pas light), à la junk food et au Cosmo’ ; leurs homologues 2K19 sirotent un green smoothie, grignotent des chips de kale et se mettent au lit à 21h avec un livre de développement personnel. À chaque millénaire ses mœurs et ceux-ci ont clairement contribué à la mise en place de routines green.

On peut également invoquer la recrudescence de personnes souffrant d’allergies cutanées et/ou de peaux de plus en plus réactives.

Comment rendre sa routine beauté plus « clean » ?

Rassurez-vous, il est plus simple qu’il n’y paraît. Notre premier conseil sera bien sûr de télécharger l’application « Clean Beauty » ou encore « Yuka » (qui présente l’avantage de pouvoir décrypter la composition des cosmétiques et des aliments, ndlr.). Ensuite, on n’achète aucun produit sans avoir consulté au préalable la liste des ingrédients. Premier indice d’un produit suspect : une liste de composants à rallonge. Autre astuce, les produits d’origine naturelle sont inscrits en latin (par exemple citrus aurantium bergamia, pour la bergamote) ; tandis que ceux issus de la pétrochimie sont notés en anglais (sodium hyaluronate). Enfin, débarrassez-vous de vos préjugés et essayez avant de déclarer qu’ils sont moins efficaces ou moins agréables à utiliser ! Il existe de petites merveilles !

A lire sur le même sujet : l’interview d’Anne-Gabrielle Laurent.