Le très attendu “The French Dispatch” de Wes Anderson, “Eté 85” de François Ozon ou deux films du réalisateur oscarisé Steve McQueen : Cannes a présenté mercredi sa “sélection officielle”, label dont pourront profiter les films, en l’absence de festival cette année.
Alors que la 73e édition du festival a dû être annulée en raison de la crise sanitaire mondiale, une première en 70 ans, son président Pierre Lescure (réélu pour un 3e mandat) et son délégué général Thierry Frémaux ont présenté mercredi la “sélection officielle 2020” depuis le cinéma UGC Normandie à Paris, où ils annoncent chaque année la liste des films retenus.
Mais contrairement à la tradition, le plus grand festival au monde avec Venise et Berlin n’aura ni compétition ni Palme d’or cette année. Au total, 56 films composent cette “sélection officielle” exceptionnelle, dans laquelle les films ne sont pas répartis comme d’habitude en sections telles que la compétition, le “hors compétition” ou les “séances spéciales”.
“Cette sélection démontre que le cinéma est toujours vivant, il l’a été pendant le confinement aussi”, a déclaré Thierry Frémaux, en charge de la sélection. “Les cinéastes n’ont pas baissé les bras, puisqu’ils nous ont envoyé 2.067 films, ce qui est un record”, a-t-il souligné. “Il fallait trouver d’autres formes”, a-t-il poursuivi, indiquant que le festival allait “accompagner les films” retenus “en salles, dans les festivals et numériquement”.
Wes Anderson et Steve McQueen, toujours fidèles au rendez-vous
Certains films, attendus en sélection, sont “absents car leurs auteurs et producteurs ont choisi de repousser leur sortie à l’hiver ou au printemps 2021”, a-t-il expliqué. Mais d’autres sont au rendez-vous.
Parmi ceux qu’il a définis comme “les fidèles de Cannes, les ténors”, l’Américain Wes Anderson a notamment été retenu sans surprise pour “The French Dispatch”, tourné à Angoulême, dans le sud-ouest de la France, avec une pléiade de stars, dont Bill Murray, Tilda Swinton et Timothée Chalamet.
Le réalisateur de “Twelve Years a slave”, le Britannique Steve McQueen, figure de son côté dans la liste avec deux films, “Lovers Rock” et “Mangrove”. “Deux films historiques” dont l’un, “Mangrove”, est “un film de procès de policiers qui harcèlent la communauté black”, thème qui “résonne très dramatiquement avec ce qui est arrivé à George Floyd et Adama Traoré”, a expliqué Thierry Frémaux.
La cinéaste japonaise Naomi Kawase est sélectionnée avec “True Mothers”, un film sur l’adoption, et le Danois Thomas Vinterberg avec “Druk”, sur la crise de la cinquantaine.
21 films français en compétition
Du côté des films français, particulièrement bien représentés avec 21 longs métrages (huit de plus que l’an dernier), François Ozon a notamment été retenu avec “Eté 85”, qui sortira le 15 juillet. Maïwenn, qui avait présenté à Cannes en compétition “Polisse” en 2011 et “Mon roi” en 2015, est également sélectionnée avec “ADN”, un film “extraordinairement touchant” qui évoque “son retour à ses racines”.
Les petits nouveaux à l’honneur
Cette sélection est aussi marquée par un nombre élevé de premiers longs métrages: 15 (soit 26,7% du total), contre 10 en 2019.
Parmi ceux-ci, plusieurs sont réalisés par des acteurs qui passent derrière la caméra, comme “Falling” de Viggo Mortensen, “Ibrahim” de Samir Guesmi ou “Garçon chiffon” de Nicolas Maury, célèbre pour son rôle dans la série “Dix pour cent”.
Le Festival a retenu aussi cinq comédies, dans une volonté de “prendre des risques ou tenter des choses”, selon Thierry Frémaux. Parmi elles, “Les Deux Alfred” de Bruno Podalydès, “L’origine du monde” de Laurent Lafitte, ou encore “Un Triomphe” d’Emmanuel Courcol, “un feel good movie avec Kad Merad”.
Quatre films d’animation ont également été choisis, dont “Soul” de Pete Docter, le dernier né des studios Pixar.
Avec ce label Cannes 2020, le festival espère notamment permettre à ces films de bénéficier d’une exposition maximale, alors que le secteur du cinéma est durement frappé par la crise.
Thierry Frémaux avait aussi indiqué travailler à des collaborations avec d’autres festivals internationaux. “On s’est parlé beaucoup”, a-t-il redit, rappelant que l’idée avait été évoquée “de faire quelque chose” avec la Mostra de Venise, qui doit se tenir début septembre. “Le Festival de Cannes dévoilera prochainement la façon dont il déploiera son activité à l’automne prochain”, a-t-il promis.