Le séisme du Covid a souligné l’interdépendance des communautés humaines. Il a sérieusement mis à mal le système économique, politique, et social mondial et fissuré encore plus la confiance nord-sud.

Par Cadfael

Une mémoire collective de courte durée.

6.9 millions de morts : c’est le bilan officiel selon l’OMS pour le Covid depuis mai 2020. Une catastrophe humaine qui aujourd’hui semble presque oubliée sauf pour nombre de PME qui se battent toujours pour survivre. L’Ukraine et Gaza monopolisent l’opinion et les finances publiques. Les virus par contre ont la vie longue. Ce sont de vrais caméléons qui se cachent et qui mutent. Ils n’ont pas de couleur politique ni de sensibilité particulière pour la démocratie et les droits de l’homme. Ils sautent les frontières et pour survivre, certains se greffent sur le vecteur humain, quelle que soit sa couleur de peau ou sa religion. Et pourtant nos dirigeants ont du mal avec cette réalité qu’ils préféreraient enfouie dans les oubliettes de l’histoire. Selon les données de 2023 de l’OCDE on constate que les budgets santé des pays membres à haut revenu sont généralement au-dessus de 10 % du PIB et de fait supérieur au niveau d’avant la pandémie, les USA (16.6%), l’Allemagne (12.7%) et la France (12.1%) demeurant en pointe. Les bons derniers de la liste sont constitués par «le  Mexique, le Luxembourg et la Turquie » tous en dessous de 6% selon l’OCDE. La nouvelle ministre de la Santé luxembourgeoise, risque d’avoir du pain sur la planche pour rattraper le retard pris par son prédécesseur.

Un traité sur la prévention des pandémies.

Dans un texte publié le 2 février dernier l’OMS annonce avoir tiré les leçons de « l’échec catastrophique de la communauté internationale en matière de solidarité et d’équité » lors de la réponse face à la pandémie du COVID-19. L’Assemblée de l’OMS et ses 194 membres ont mis au point en 2021 un comité de négociations en vue d’un accord multilatéral sur les pandémies. Selon les experts les travaux qui se déroulent derrière des portes closes, désignés, récemment encore, comme « informels » n’évoluent guère. Les premières ébauches du texte sont qualifiées comme faibles. Le vote est prévu lors de l’Assemblée de l’OMS à Genève qui s’ouvrira le 27 mai prochain dans un contexte difficile. La confiance n’existerait plus depuis la dernière pandémie lors de laquelle les pays en développement n’ont eu qu’un accès insuffisant aux vaccins et à l’équipement médical nécessaire. On notera que sur un plan européen la solidarité a mis du temps avant de devenir visible. Le silence d’alors des institutions de Bruxelles ne présageait rien de positif pour l’avenir. L’Italie en particulier se souviendra longtemps de cette absence de solidarité européenne et de l’aide chinoise reçue.

A la recherche d’une équité impossible.

Dans le nouveau traité l’OMS veut inclure une approche plus juste entre le Nord et le Sud en institutionalisant un mécanisme d’accès aux banques de donnes pathogènes et une clef de partage des bénéfices. Il est question d’une meilleure distribution globale des capacités de production et d’une politique de renforcement des structures nationales de santé. Elle appelle de ses vœux une gouvernance, des financements et une volonté politique plus ouverte et plus dynamique. Les ONG veulent un retour de 20% des produits issus de la pandémie vers l’OMS qui les redistribuera. La question des transferts de technologie est un point majeur de discorde. L’IFPMA, le puissant lobby de l’industrie pharmaceutique considère cette demande comme « dommageable et allant dans la mauvaise direction ». Il veille jalousement sur la poule aux œufs d’or. Selon « SOMO », centre américain de recherche indépendant sur les multinationales, créé en 1973, les Pfizer, BioNTech, Moderna, et Sinovac ont fait 90 milliards de bénéfices sur les vaccins et médicaments contre le COVID-19 en 2021 et 2022.

La signature de cet accord, prend une autre dimension lorsque l’on prend conscience que la prochaine pandémie arrivera certainement. Même une importante épidémie sera amplement suffisante pour créer des dégâts internationaux. Il convient de garder en mémoire la discussion sur l’origine du virus du Covid, discussion qui est loin d’être close, même si elle est passée au second rang. L’hypothèse d’une construction virologique issue d’un laboratoire militaire chinois n’a pas été infirmée. Dans des périodes de tensions importantes l’arme biologique reste un élément redoutable. Prévoir des contremesures est un devoir des états.