Si la culture a été la grande perdante de l’année 2020, il y a fort à parier que 2021 la verra renaître de ses cendres, encore plus belle, encore plus grande, encore plus indispensable. C’est en effet sous le signe d’un renouveau annoncé et de la prise de conscience que plus qu’un divertissement, la culture joue un rôle prépondérant dans l’éducation, en plus qu’elle n’assume la fonction de facilitateur social, que la Philharmonie a dévoilé les atours de sa nouvelle saison. Puissante.

Stephan Gehmacher, directeur général des lieux et Pierre Ahlborn, président du Conseil d’Administration s’accordent à le dire : rien de pire qu’une salle vide. Même son de cloche de la ministre de la Culture, Sam Tanson, qui s’enthousiasme à l’idée de fouler à nouveau le sol de l’institution. « Même si nous avons réussi à maintenir ouvertes les institutions culturelles luxembourgeoises au cours des derniers mois, je suis heureuse que la Philharmonie puisse lancer une nouvelle saison pleine d’enthousiasme, en proposant un programme aux multiples facettes. Je me réjouis tout particulièrement du Festival de Fräiraim en juin prochain, mais également de la programmation de l’OPL sous la direction de son chef d’orchestre, Gustavo Gimeno, et des offres colorées et variées pour le jeune public, dans lesquelles les artistes luxembourgeois et la langue luxembourgeoise jouent un rôle de premier plan. »

Des femmes sous le feu des projecteurs

C’est en effet le 16 septembre que la Philharmonie reprendra du service officiellement : à cette occasion, et pour sa septième rentrée au sein de la Philharmonie, le chef d’orchestre Gustavo Gimeno (photo) accueillera le 16 septembre la soprano d’exception Diana Damrau pour un programme constitué d’œuvres d’Anton Webern, Richard Strauss et Igor Stravinsky.

Il explique ainsi que « l’orchestre a une grande affinité et une histoire avec la musique française, mais certains compositeurs manquent. C’est pourquoi nous avons enregistré des œuvres de César Franck et jouerons, à côté de Messiaen, également la Première Symphonie de Henri Dutilleux. Et après plusieurs productions d’opéras de Rossini et Verdi, nous donnerons la Messa de Puccini. »

En outre, la saison 2021-2022 sera largement consacrée aux femmes avec la résidence également de deux artistes d’exception : la violoniste Isabelle Faust et la mezzo-soprano Joyce DiDonato. Isabelle Faust ne jouera pas seulement le Concerto pour violon de Benjamin Britten avec l’OPL, mais prendra aussi part au lancement d’un nouveau format où des artistes majeurs, à l’issue d’un concert, dévoileront un autre aspect stylistique. Isabelle Faust se produira aussi en effectif de chambre. Quant à la Nord-Américaine Joyce Di Donato proposera d’abord son programme « Songplay », avant de se consacrer à l’oratorio de Händel Theodora traitant, sur un mode tout d’ardeur théâtrale et plein de virtuosité, d’un sujet chrétien.

Au sein de la Philharmonie, la musique revêtira également des atours politiques cette saison, avec un large pan de la programmation consacré aux artistes britanniques, afin de ne pas oublier l’influence considérable exercée par la Grande-Bretagne sur le répertoire européen, malgré le récent Brexit. Ainsi, le public aura non seulement la joie d’écouter de nombreux ensembles et orchestres britanniques à l’instar du Choir of St John’s College Cambridge, du Chamber Orchestra of Europe ou le London Symphony Orchestra dirigé par Sir Simon Rattle, mais également les figures iconiques de la pop britanniques que sont Damon Albarn ou Neil Hannon.

Melting-pot musical mais pas que !

Last but not least, la Philharmonie se métamorphosera, une fois encore, en un riche carrefour des cultures, avec la venue d’artistes issus de traditions musicales et de genres les plus divers et variés. On notera notamment la performance de la chanteuse syrienne et joueuse de oud Waed Bouhassoun. Les icônes du jazz Anthony Braxton et Charles Lloyd sont invitées pour la première fois à la Philharmonie. Les cinéphiles également seront à la fête, grâce à la série de « Ciné-Concerts » qui embrassera tout le XXe, avec la projection de O Táxi N° 9297, film policier du début du siècle, ou encore de Das alte Gesetz, histoire d’un fils de rabbin ; le primé et formidable Joker sera lui aussi à l’affiche.