Les études supérieures sont coûteuses, surtout les plus pointues comme les études en médecine. Selon les spécialités, il faudra plus de dix ans de formation avant de pouvoir exercer. Dans une université de New York, ce sera à l’avenir possible sans débourser un centime.
Par Cadfael
Le don du siècle. À New York, dans le Bronx, les étudiants de l’« Albert Einstein College of Medicine » seront à partir de cette année libérés des frais de scolarité. Ils pourront obtenir leur diplôme sans s’endetter lourdement, une première aux États-Unis. Cette annonce quasi miraculeuse leur a été faite ce 26 février. Cette faculté vient de recevoir un don d’un milliard de dollars, la plus grosse donation jamais faite à une université. Les frais de scolarité s’y montent à 59 459 dollars par an dans un pays où l’endettement moyen d’un étudiant en médecine est de 202 453 dollars selon Education Data Initiative.
Cette manne providentielle constitue un don fait par une ancienne professeure, Mme Ruth L. Gottesman, 93 ans, qui a enseigné à la faculté pendant 55 ans. En 1968, elle rejoignait le centre de réadaptation pédiatrique. En 1998, elle sera à l’initiative d’un centre de réadaptation pour adultes, toujours en service. Le milliard de dollars qu’elle vient d’offrir provient d’un legs de son époux décédé, un ancien banquier de Wall Street.
« Cette donation révolutionne notre attractivité envers des étudiants dédiés à notre mission et non pas seulement ceux qui ont les moyens de faire des études. De plus, nous offrirons une liberté à nos étudiants de poursuivre des idées et des projets qui autrement seraient prohibitifs. Nous nous souviendrons du legs que représente cette donation à chaque printemps lorsque nous enverrons une nouvelle cohorte d’étudiants à travers le Bronx et le monde afin de soigner et de transformer les endroits où ils s’établissent » a dit le président de la faculté.
L’endettement des étudiants, un problème à l’échelle d’un pays. L’endettement chronique et à vie de millions d’étudiants pose de sérieux problèmes économiques que l’administration Biden-Harris tente de régler via des annulations massives de dettes. Ce projet se heurte à l’opposition féroce d’un parti républicain qui s’entredéchire mais est prêt à toutes les manœuvres pour bloquer les initiatives du gouvernement démocrate. Le président Biden vient d’annoncer un nouveau paquet d’annulations pour un montant de 1,2 milliards touchant 153 000 étudiants. Le programme complet prévoit une enveloppe globale de 138 milliards permettant de libérer 3,9 millions d’emprunteurs.
Les États-Unis, un pays de philanthropes. Dans une publication du 23 février dernier, le site français « Planète Grandes Écoles » établit un hit-parade des donations mondiales en précisant : « Alors que l’action de faire des dons est principalement vue comme une façon de réduire ses impôts en France, elle est très pratiquée par les Américains. En effet, les États-Unis ont une culture de retour aux sources qui place le bénévolat et les dons au centre de leur façon de dépenser de l’argent. » Pour l’année 2022, on trouve par ordre décroissant Bill Gates en première place avec 5,1 milliards, Michael Bloomberg offre 1,7 milliards, Warren Buffet 750 millions et le couple Bezos 710 millions pour ne citer que le haut du panier. On soulignera que ce sont les parents du propriétaire d’Amazon qui ont donné ce montant, leur fils Jeff ne se plaçant qu’en 17e position avec 120 millions. Le nom d’Elon Musk est introuvable dans cette liste des 50 premiers mondiaux.
Et au Luxembourg. Au Grand-Duché, les fortunes de cette dimension n’existent pas, si ce n’est celles qui sont d’origine étrangère. En règle générale, celles-ci sont très discrètes et à l’abri de structures juridiques sensées amortir la friction fiscale. La Fondation de Luxembourg, structure dédiée à une approche éthique des fondations, fête ses 15 ans. Elle a créé 110 fondations sous sa gestion dont la majorité ne sont pas philanthropiques. Elle a quand même à son actif 75 millions de dons pour des projets d’intérêt général. À titre de comparaison, la Suisse est forte de plus de 13 000 fondations d’utilité publique pesant près de 70 milliards de francs en capital. Chaque année, entre 1,5 et 2 milliards de francs sont investis dans des causes d’intérêt public. À la question pourquoi le type de donations à l’américaine, toutes proportions gardées, ne fleurit pas au Grand-Duché, un très bon connaisseur du milieu a répondu : parce qu’ici, ils sont trop radins. Une boutade, certainement ; mais n’y aurait-il pas une once de vérité.
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