Réservée mais déterminée, Lara Grogan, 20 ans, poursuit son bonhomme de chemin dans la musique, passion qu’elle partage depuis son plus jeune âge avec sa famille. Celle qui a grandi dans un univers multiculturel a participé ado au Screaming Fields de la Rockhal entre autres concours et festivals. Elle chante aujourd’hui ses propres chansons et compose une pop nourrie de classique et de jazz, rêve de paix et adorerait jouer avec la chanteuse islandaise Laufey. Rencontre conviviale fin mai au Indie’s Café.
Par Karine Sitarz
Lara, vous avez passé votre enfance au Luxembourg mais l’anglais est votre langue maternelle, expliquez-nous.
Mon père est originaire d’Afrique du Sud, ma mère de Moldavie, moi je suis née au Luxembourg. L’anglais et le russe étaient les deux langues parlées à la maison mais j’ai bien sûr appris le luxembourgeois, le français et l’allemand.
Quelle petite fille étiez-vous ?
J’ai grandi à la campagne, heureuse d’être entourée de la nature et de la forêt. Petite, j’étais beaucoup dans mes pensées, je me racontais des histoires, j’imaginais un autre monde, c’est peut-être pour cela que j’ai commencé à écrire des chansons et comme j’étais timide, elles m’aidaient à m’exprimer. C’est avec ma sœur, Emily, de deux ans plus jeune que moi, que petite j’écrivais. Elle est, elle aussi, aujourd’hui dans la musique et joue même dans mon band en tant que bassiste. J’ai la chance d’avoir le soutien de ma famille, j’ai pu faire de la musique, d’abord en parallèle de mes études au LGL puis à l’Athénée, et désormais en indépendante.
Vous avez donc grandi dans une famille de musiciens ? Y a-t-il un souvenir particulier qui vous accompagne ?
Pas vraiment, mes parents sont traducteurs-interprètes mais ma mère a joué jeune du piano et mon père, qui a étudié la musique, joue de la guitare, c’est d’ailleurs lui qui m’a expliqué les accords avant que je ne commence à étudier cet instrument. A la maison, il y a plein d’instruments et on a toujours écouté beaucoup de musique. Pour mes parents, il était important que ma sœur et moi ayons une éducation musicale. J’étais motivée, j’ai commencé le solfège et le piano à 9 ans à l’UGDA à Mersch et à 11 ans, alors qu’à l’école je devais participer à un concours, j’ai décidé d’apprendre la guitare pour interpréter « If I Fell » des Beatles. C’était la première fois que je me produisais devant un public.
Alors que vous maîtrisez plusieurs instruments, pourquoi avoir opté pour le chant ?
Je joue de la guitare et du piano, mon instrument de prédilection, et un peu de la harpe mais à 11 ans j’ai commencé à écrire de petits textes et comme j’avais envie de les chanter, j’ai suivi un cours de chant classique avant de continuer à m’entraîner seule, chaque jour. Au Conservatoire, j’ai enchaîné avec des cours d’harmonie et de contrepoint. En tant que songwriter dans la pop, c’est bien d’avoir une base classique.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Il y a mon univers intérieur, des réflexions sur le monde qui m’entoure, des histoires… la musique classique et la musique des années 1960 et 1970, en particulier celle des Beatles et de Joni Mitchell.
Esch2022 a été pour beaucoup une grande aventure. Vous a-t-elle ouvert des portes ?
J’ai participé au concert d’ouverture de la capitale européenne de la culture, à la Rockhal, dans le cadre du projet « Future Frequencies » qui a permis à plein de musiciens du Luxembourg et de la région de se faire connaître. Il fallait avoir une chanson sur Esch. J’ai chanté « City and its People », que j’avais écrite pour l’occasion, accompagnée par le Brass Band du Conservatoire d’Esch-sur-Alzette. Son chef d’orchestre, Claude Schlim, m’a invitée à rechanter cette chanson cette année, en mars, à la Philharmonie pour les 50 ans du Brass Band, c’était impressionnant. Esch2022 m’a permis de rencontrer de nombreux musiciens, et parmi eux celui qui est devenu le batteur de mon band, et de nouer des contacts avec des producteurs internationaux.
Votre premier album « The Sculptor » vient de sortir, pouvez-vous nous en parler ?
J’en ai toujours rêvé, il est sorti en avril et reprend des chansons qui relatent mes expériences, mes sentiments, mes observations du monde, écrites entre 14 et 18 ans. La chanson qui donne son titre à l’album est, elle, inspirée du livre « Vom Ende der Einsamkeit » de Benedict Wells. A la fin de sa vie, un homme regarde en arrière et repense aux moments importants de sa vie. « Qu’est-ce qui fait que je suis la personne que je suis aujourd’hui ? », interroge le livre. La chanson « 3 AM » parle, elle, de la difficulté à communiquer. Les textes sont introspectifs, l’atmosphère plutôt mélancolique, c’est un album pop mais il y a des sons classiques – on a un quatuor à cordes – et des touches jazz.
Vous êtes donc en pleine promotion, où peut-on vous entendre ? Et quels sont vos projets ?
Cet été, je me produirai le 28 juillet au festival « Echterlive » puis le 9 août au « Clervaux Castle Summer Music Festival ». A côté de mon quatuor, je joue aussi en trio ou en duo avec violoncelle. Grâce au band, j’expérimente d’autres instruments, la batterie, la basse, c’est bien pour moi qui compose au piano des musiques souvent mélancoliques. Et puis en ce moment, j’écris beaucoup. Je rêve d’écrire un jour une comédie musicale.
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