Dans son discours inaugural, le nouveau président des États-Unis a, une fois de plus, souligné que le canal de Panama revenait légitimement aux États-Unis.

Texte : Cadfael

Une unification curieuse

Trump, se mirant dans son propre génie, une promesse d’unifier l’Amérique. Au même moment, il inaugurait une énorme chasse aux sorcières visant non seulement des immigrés clandestins, mais également de hauts fonctionnaires indociles, comme celui des services de sécurité qui avait osé exprimer que Trump était « inapte à la présidence », ainsi que le Dr. Fauci, conseiller non soumis lors de la crise du COVID. L’unique femme cheffe d’un corps d’armée s’est vue gratifiée du même traitement. Il leur a retiré leur habilitation de sécurité et leur protection rapprochée, même pour ceux qui sont menacés de mort. Il a également mis en congé immédiat (mais rémunéré) tous les fonctionnaires fédéraux LGBT et associés, ses bêtes noires préférées.

Le Panama, une Crimée américaine ?

Dans sa vision historique simpliste Trump est convaincu que le Groenland et le Panama reviendront aux Etats-Unis (comme probablement la Crimée à la Russie). En ce qui concerne le Panama des précédents en matière d’intervention militaire existent. En 1989, après des émeutes anti-américaines, G. Bush avait déposé l’homme fort, le général Noriega, envoyant une force d’intervention de plus de 20 000 hommes. Longtemps employé de la CIA Noriega avait diversifié ses revenus grâce au trafic de drogue et de blanchiment. Il purgea d’abord une peine aux USA puis en 2007 il sera extradé en France, le pays qui en 1987 l’avait décoré de la légion d’honneur. Il y purgera une peine minimale et sera extradé vers le Panama où il retournera à la case prison. Une banque pakistanaise constituait le maillon essentiel du blanchiment, la BCCI, qualifié par Time Magazine de « la plus sales des banques ». Elle avait sa direction juridique à Luxembourg.

Un peu d’histoire

Le Panama faisait initialement partie de la Colombie à l’époque où celle-ci était un État fédéral rongé par des querelles internes. En 1904, les États-Unis, après l’envoi d’un corps expéditionnaire, achetèrent le Panama. Ils reprennent la construction du canal, laissée en plan par ses initiateurs. Un traité de l’ère Carter place la souveraineté du canal sous l’autorité panaméenne en 1977, tout en incluant une clause permettant une intervention en cas de menace des intérêts américains. Trump considère maintenant que le canal lui revient, estimant qu’il est mal géré et occupé par des militaires chinois. Après des années de désintérêt, cette analyse, qui a émergé sous l’administration Biden, vise à contrer le soft power chinois, qui s’étend notamment en Amérique latine. Actuellement, deux des cinq ports du canal, l’un sur la côte atlantique et l’autre sur la côte pacifique, sont gérés par des filiales de CK Hutchinson Holdings, dont le siège est à Hong Kong. La Chine, qui investit des milliards au Panama, vient également d’inaugurer, sur 88 hectares, un terminal ultramoderne pour bateaux de croisière à l’entrée du canal ! Les analystes y voient, entre autres, un superbe point d’observation

Les liaisons dangereuses

L’accès aux puces informatiques américaines, essentielles en matière d’IA, a été placé sous contrôle il y a peu, à la fin de l’administration Biden, dans le cadre des tensions avec la Chine. La grande majorité des pays fondateurs de l’Union européenne et ont accès, à l’exception du Portugal, du Grand-Duché et de la Suisse. À l’époque du gouvernement socialiste de Costa, le Portugal était perçu comme le « meilleur ami de la Chine », en permettant à Pékin de racheter des ports et des entreprises, tout en ouvrant largement ses universités. Le Luxembourg, pour sa part, possède une longue histoire de relations avec la Chine, remontante au XIXᵉ siècle. Aujourd’hui, les analystes américains ont probablement relevé la forte concentration de banques et d’instituts financiers chinois au Luxembourg, ainsi que la proximité de certains milieux politiques avec la Chine. Cette proximité inclut d’anciens ministres socialistes, mais aussi des membres éminents du CSV, qui ont facilité des transferts comme ceux de Cargolux ou de la BIL sous pavillon chinois. Le siège juridique de Hutchinson Holdings est établi depuis de nombreuses années à Luxembourg-ville, dans le même immeuble que le bureau d’information de l’Union européenne. Il faut souhaiter bon courage à l’actuel ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur pour démontrer une loyauté stricte envers les partenaires internationaux, tout en préservant les marges de manœuvre souveraines du pays.

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