Il fait chaud dans le nord de l’Italie, beaucoup trop même au point de mettre sérieusement en danger les productions agricoles qui alimentent tout un tas de recettes italiennes dont on raffole. Il y a le riz à risotto bien sûr, mais aussi (et on le sait moins) des tomates et des olives dont les récoltes devraient sérieusement diminuer. 

L’Italie n’avait jamais vu cela depuis 70 ans : le nord du pays vit sa pire sécheresse au point que l’état d’urgence a été décrété dans cinq régions, à savoir le Piémont, la Vénétie, la Lombardie, l’Emilie-Romagne et le Frioul-Vénétie julienne. Pour comprendre les raisons de cette situation dramatique, il faut expliquer que ces régions italiennes n’ont été que très peu mouillées depuis l’automne dernier. Les Italiens n’ont pas beaucoup vu la neige l’hiver dernier tandis que le printemps fut particulièrement chaud. Résultat, plus de 30% de la production agricole nationale est menacée par la sécheresse, selon Coldiretti, le plus grand syndicat agricole du pays.

Il y a d’abord le riz. Les fameuses variétés riches en amidon – à commencer par l’arborio, qui permettent de préparer un risotto bien crémeux sont cultivées dans les provinces de Pavie, de Vercelli et de Novara. 95% de la production italienne du riz est assurée par cette zone agricole coincée entre la Lombardie et le Piémont. La plaine du Pô correspond à la plus grande zone de riziculture en Europe. C’est un véritable réservoir d’eau indispensable à tous les agriculteurs du coin. La culture du riz est historique ; on la pratique depuis la première moitié du XVe siècle tandis que des canaux pour drainer les marécages y ont facilité le travail. On dit même que ce réseau de canaux fut imaginé par Leonard de Vinci. D’après les chiffres publiés par le ministère français de l’Economie, l’Italie est le premier producteur de riz en Europe. En 2018, 1,6 million de tonnes de riz ont été cultivés. 

Il y a aussi danger pour les tomates et les olives

Si le nord de l’Italie est célèbre pour la culture de riz, ce n’est pas le seul type de production menacée par la sécheresse. On sait que la Sicile ravit les palais avec ses agrumes et ses tomates gorgées de soleil, mais on pense moins aux contrées septentrionales italiennes pour la production du fruit-légumes alors qu’il existe bel et bien une culture locale. Les récoltes pourraient être réduites de moitié par rapport à 2021. D’après un importateur britannique (Eurostar Commodities Ltd) de tomates et de riz, qui s’est confié au journal spécialisé The Grocer, les denrées alimentaires qu’il a prévu d’acheminer coûteront non seulement plus cher mais se feront aussi plus rares. 

Et ce n’est pas tout. Escortes indispensables à un aperitivo digne de ce nom, les olives italiennes pourraient aussi manquer à l’appel. Les récoltes pourraient être moindres que l’année dernière, de l’ordre de 30%. Cependant, si la situation fait craindre une baisse de la production d’huile d’olive italienne, il faut savoir que l’effet n’est pas nouveau. La production de cet élément indispensable à une savoureuse tomate-mozzarella “est désormais soumise à une très forte variabilité annuelle”, avec une chute de 50% en 2014 et 60% en 2016, d’après les données du ministère français de l’Economie. Dans ce bilan global, on ne parle pas uniquement du nord de l’Italie. Il s’agit de la production nationale, qui est assurée pour moitié par la région des Pouilles, la zone qui se situe dans le talon. La sécheresse n’est pas l’unique responsable. Depuis 2013, les champs d’oliviers font face aux effets de la présence de la bactérie Xylella fastidiosa, qui provoque le dessèchement des arbres. En France, les oléiculteurs du Gard connaissent la même problématique.