Kim & Lynn Hansen sont soeurs et viennent d’ouvrir leur première boutique, Blossom, place de la Bourse. Un rêve d’une dizaine d’années qui, un jour, s’est imposé à elles comme une évidence. Elles reviennent avec nous sur leurs parcours.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…

Lynn : L’expérience donne davantage de confiance en soi et dans ses propres idées.
Kim : Si on a un rêve, il ne faut jamais avoir peur de le réaliser ! Quand bien même celui-ci peut engendrer un style de vie moins conventionnel !

Si vous pouviez revenir en arrière, changeriez-vous quelque chose ?

Lynn : Non. Mes études comme mes expériences m’ont toutes apporté quelque chose. Et croyez-moi, on ne finit jamais d’apprendre et se créer de nouvelles expériences. L’ouverture de notre boutique est un nouveau chapitre !
Kim : Non, je suis contente d’avoir travaillé dans la gastronomie. C’était toujours quelque chose qui m’avait intéressé. Mais j’ai vite compris que je n’y ferai pas toute ma carrière. En revanche, rester indépendante était fondamental pour moi. J’ai énormément appris des années où j’ai travaillé comme gérante.

Vous travaillez entre sœurs ? Est-ce un atout, selon vous ?

Lynn&Kim : Dans notre cas : oui (rires) ! Nous nous faisons totalement confiance et nous nous sommes toujours soutenues dans toutes les périodes de notre vie, heureuses ou malheureuses. D’ailleurs, exception faite de mon mari, ma sœur est la seule personne avec qui j’aurais ouvert un magasin. Nous nous connaissons par cœur, nos forces, nos faiblesses. C’est un sacré atout, nous n’avons pas ‘perdu de temps’. Même si faire des rencontres et travailler en équipe est toujours intéressant, être sœur nous a permis d’aller droit au but et de nous concentrer sur notre société.

Était-ce une évidence pour vous de devenir chefs d’entreprise ?

Lynn&Kim : En effet ! Cela fait une bonne dizaine d’années que nous en parlons. Au départ, c’était plus ou moins concert. De juste une idée, nous avons bâti un projet.  Un jour, cela a été une évidence de nous lancer dans cette aventure et de rendre réalité ce vieux rêve ! Cela étant, il ne faut pas croire que cela fait en un claquement de doigts. Il est  impératif d’avoir de l’épargne avant de devenir indépendant. Ces années de réflexion nous ont également servi à cela (sourire) !

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Lynn : Il y toujours des obstacles dans la vie, et bien sûr, ouvrir sa propre boutique n’est pas sans encombre. Mais c’est ça aussi qui fait le charme de l’aventure. On n’est pas entrepreneur si on n’a pas l’envie de se battre (sourire) ! C’est une fois que l’on commence à rentrer dans le vif du projet que les difficultés commencent. Dans notre cas, il a fallu trouver des marques prêtes à travailler avec nous… Et quand on est aux balbutiements du projet, sans local, ce n’est pas chose aisée (rires) ! Tout ce qui relève de l’administratif également est contraignant, comme obtenir un numéro de TVA., sans compter les banques, de plus en plus frileuses… Si vous survivez à tout ça, vous êtes prête à devenir cheffe d’entreprise (rires) ! Enfin, il faut se construire un réseau… Bref à chaque étape ses difficultés… mais c’est le jeu (rires) !

Le secteur de la mode est très concurrentiel. Quelles sont les valeurs ajoutées de Blossom dans l’offre du centre-ville ?

Lynn : Pour l’instant, nous proposons uniquement des marques européennes, ainsi qu’une marque « fair trade »,  et une marque qui fait partie de la « fairwear foundation ». Notre objectif est de ne travailler qu’avec des marques éthiques à partir de l’année prochaine. Notre ambition est véritablement d’occuper le segment « slow fashion ». On essaie toujours d’avoir des marques qui ne sont pas encore représentées au Luxembourg.
Kim : On essaie de nous diriger de plus en plus dans la slow fashion, parce que c’est aussi un style de vie. Ce qui était également important pour nous, c’était d’avoir une bonne qualité à un bon prix. On aimerait bien éveiller de plus en plus de consciences quant à l’avenir de la planète et la cause environnementale. C’est important.

Quel regard portez-vous sur la situation délicate du centre-ville de Luxembourg et l’arrivée d’un mastodonte comme le complexe Hamilius et des Galeries Lafayette ?

Lynn : Je dirais que c’est normal, une ville évolue et/ou change toujours. Luxembourg a beaucoup de potentiel.

Kim : Je trouve que tous les changements destinés à rendre le centre-ville plus attractif sont une bonne idée. Le problème c’est qu’il y a tellement de chantiers en ville que les gens perdent le plaisir d’y aller et les commerçants indépendants en subissent alors les conséquences. Certaines boutiques, certains cafés ont même perdu leur visibilité parce que leur établissement se trouve directement derrière les chantiers.

Le management est différent selon que l’on est un homme ou une femme ? 

Lynn et Kim : Non, je crois que ça dépend plutôt de l’approche quand a.

De quelles qualités un manager doit-il faire preuve ? 

Lynn & Kim : un bon leader doit tout d’abord représenter les valeurs auxquelles il veut voir son personnel adhérer. Il faut avoir de la patience, mais en même temps pouvoir être conséquent. Il faut rester humain et savoir que les gens travaillent mieux dans un environnement où l’on se sent à l’aise, et non sous pression. Enfin, il faut avoir l’esprit ouvert pour pouvoir évoluer en tant que manager et se familiariser avec d’autres approches en ce qui concerne son travail.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreunariat ?

Lynn : Faites-le, c’est une expérience que l’on ne peut jamais reprendre à quelqu’un ! À la fin de la vie, on regrette que les choses que l’on a pas réalisées (rires) !
Kim : Si cela est vraiment une chose que vous voulez faire, faites-le. Ne restez pas dans un métier, seulement parce qu’il y a une certaine sécurité ou une habitude. Si vous avez un projet concret qui ne vous laisse pas tranquille, foncez !