© Lynn Theisen

Jana Bachrich, jeune milléniale assurément féministe, défend les valeurs qui lui sont chères en musique avec son groupe  Francis of Delirium. Une vision qui nous rappelle les Riot Grrrl, ces groupes de punk rock alternatif des nineties qui nous faisaient vibrer sur leurs sons féministes. Jana nous raconte sa vision de la sphère artistique luxembourgeoise et du féminisme.

En ce mois de la femme, pouvez-vous nous dire ce que c’est que d’être une jeune femme en 2021 ?

“C’est une année très frustrante pour la sphère musicale, mais je pense que c’est le cas pour tout le monde en ce moment. Nous voulons tous que cette pandémie soit terminée. C’est en quelque sorte ma principale préoccupation actuellement. Malgré tout, plus que jamais, les femmes prennent de plus en plus d’ampleur dans le monde artistique. Les femmes dont l’art est apprécié et soutenu sont bien plus nombreuses. Et c’est une belle chose.”

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Jana Bachrich par ©Marc Lazzarini

Quelle est votre expérience dans cette industrie?

“Je me sens assez privilégiée d’avoir pu trouver des gens dans l’industrie musicale qui me soutiennent autant. Ils me donnent l’espace nécessaire pour réaliser et créer ce que je veux. J’ai de la chance, je ne peux pas dire que j’ai eu beaucoup de mauvaises expériences. Je pense en revanche qu’il faudrait simplement qu’il y ait plus de femmes dans les coulisses. Tout comme il devrait y avoir aussi plus de femmes en première ligne pour faire de la musique.” 

Que pensez-vous du contexte actuel au Luxembourg en matière d’égalité des sexes ?

“Davantage de femmes sont visibles dans les postes de pouvoir des communautés locales et c’est une belle avancée. Mais il reste encore trop de cas où les histoires des jeunes femmes ne sont pas prises au sérieux par les adultes ou les personnes en position de pouvoir. Et c’est clairement quelque chose qui doit changer.”

Vous avez sorti Equality Song il y a quelques mois, pouvez-vous nous parler de cette chanson et de l’impact qu’elle a eu ?

“J’ai écrit cette chanson pour le Ministère de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre du festival Screaming Fields. Au cours du processus d’écriture, je me suis de plus en plus attachée à la chanson et à sa cause. La chanson sert à rappeler qu’il faut rester autonome et inspiré pour continuer à se battre pour toutes les femmes. Je ne peux pas être trop sûre de l’impact qu’elle a eu à l’heure actuelle. Tout ce que je sais des répercussions, c’est grâce aux messages que les gens m’envoient. J’espère qu’elle les inspire.” 

Jana et le groupe Francis of Delirium, Equality Song

Que signifie le féminisme pour vous ?

“Pour toutes les femmes et pour tout le monde en général, le féminisme est la possibilité pour chacun de faire ce qu’il aime et d’être qui il veut être. Il faut pour ça avoir l’espace pour s’exprimer et exister librement sans jugement. Il est nécessaire de briser toute notion de rôle ou l’idée que certaines personnes devraient être mises dans des cases, cette pensée est dépassée et doit être changée.”

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de mélanger musique et féminisme ?

“Le féminisme est juste une cause à laquelle je pense beaucoup, donc ça devait forcément se retrouver dans ce que je fais. Je trouve étrange de répondre à cette question parce que je ne peux pas vraiment dire que c’était mon idée. Tellement d’artistes ont déjà mélangé la musique et le féminisme avant moi. J’ai réellement été inspirée par chacun d’entre eux. Je pense par exemple à une artiste comme Janelle Monae avec son album Dirty Computer. Pour moi, beaucoup de chansons de Dirty Computer traitent de l’autonomisation et de l’expression de soi et sont incroyablement puissantes et inspirantes.”

Quelles sont les femmes qui vous inspirent le plus ?

“La liste risque d’être très longue. Je vais essayer d’être brève, mais, Céline Sciamma, Michaela Cole, Indya Moore, Adrianne Lenker, Kim Gordon, Lianne La Havas, SOPHIE et Bree Runway. Bree Runway est quelqu’un que mon amie Maya Maunet (qui sortira aussi bientôt de la musique) m’a fait connaître. Elle a écrit une chanson qui s’appelle “LITTLE NOKIA” et c’est vraiment l’une des musiques les plus excitantes que j’ai entendues depuis longtemps. Elle mélange le rock et l’hyperpop, c’est très cool.”

Que pensez-vous qu’il soit important de retenir en ce mois de la femme ?

“Il est primordial de soutenir toutes les femmes. On peut apporter notre aide en faisant des dons à des organisations comme Femmes en Detresse ou For The Gworls ou TWOCC. Il faut surtout rester à l’écoute de celles qui en ont besoin.”

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