Adulée par le monde de la musique classique et de l’opéra, la soprano américaine s’est éteinte ce matin à New York, à l’âge de 74 ans, des suites d’une septicémie. 

Celle qui avait débuté en 1968, à tout juste 23ans à l’Opéra de Berlin, avait su se faire une place dans le monde traditionnellement homogène de la musique classique. Née en 1945, dans un état géorgien encore ségrégationniste et issu d’une famille mélomane et engagée, avec une mère pianiste et militante pour les droits civiques, Jessye Norman avait intégré l’université Herman de Washington, alors réservée aux étudiants noirs. Un diplôme de musique plus tard, elle part à l’assaut du continent européen et sillonne les plus beaux opéras de Paris, Rome ou Hambourg. 

De Bach à Mozart, dont elle interprète Idoménée, en passant par Duke Ellington, Jessye Norman n’a cessé d’étendre son répertoire. Un succès ininterrompu qui l’amènera à se produire lors des cérémonies d’investiture des présidents Reagan et Clinton, et à l’occasion des 60ans d’Elizabeth II. Mais sa performance la plus mémorable restera sans doute, sa reprise de la Marseillaise, pour le bicentenaire de la Révolution française, sur une mise en scène de Jean-Paul Goude, drapée dans une robe tricolore signée Alaïa. 

De sa voix sombre et majestueuse, l’écrivain américaine, Toni Morrison, disparue cet été, dira : « Je dois dire que parfois lorsque j’entends votre voix, cela me brise l’âme. Mais à chaque fois, lorsque j’entends votre voix, cela soigne mon cœur. ». Elle interprètera certains des textes de l’autrice de Beloved, ainsi que deux de Maya Angelou et Clarissa Pinkola Estès lors de la première de woman.like.song, en 2000. 

Un héritage militant et une passion pour l’opéra qu’elle portera tout au long de sa carrière. 

 

 

 

Helena Coupette

Crédit photo : AFP