Il est espiègle autant qu’il est altruiste. Et voilà 12 ans, déjà, que Billy, Momo ou Robert se sont assurés une place au Panthéon des sacs que les filles s’arrachent. Billy a déchaîné les passions, et son succès ne s’est jamais démenti depuis. Il n’y a pas à dire, Jérôme Dreyfuss sait attiser le désir féminin.
Séducteur? Plutôt altruiste et généreux. Bienveillant même. Et plein d’humour avant tout. Fasciné par la façon dont Gainsbourg s’attirait les charmes des femmes les plus belles et les plus sexy du moment, le créateur né à Nancy a décrété qu’il entrerait dans la mode. Si ça fonctionne? «Merveilleusement», nous confie-t-il avec un sourire, «et même 20 ans après». Il faut dire qu’il sait y faire. Sa technique? Répondre à toutes leurs envies et tous leurs besoins. Quand il dessine un nouveau modèle, il pense avant tout à ce qu’il contiendra. «C’est comme cela que je trouve sa forme.» On ne s’étonnera pas qu’il soit passionné d’architecture. «Pour dessiner mes nouvelles créations, je regarde les femmes dans la rue ou demande aux filles du bureau, et essaye de comprendre quels sont leurs attentes. J’essaye de trouver comment un sac peut leur rendre la vie plus facile. Par exemple, j’ai ajouté des petites lampes de poches, afin de les aider à rentrer tranquillement chez elles le soir, ou de retrouver leurs affaires plus facilement. Il y a toute sa vie dans le sac d’une femme!» Idée ingénieuse. Qu’elle soit business woman ou working girl, jeune maman ou fêtarde invétérée, chacune trouve son partenaire idéal en Jérémie, Jean-Paul, Popeye ou Victor. S’il a choisi de leur donner des prénoms d’hommes, c’est parce que «c’est tellement drôle, du coup les filles se baladent avec leur compagnon!» Il est comme ça, Jérôme Dreyfuss. Naturel, spontané. Normal. Une simplicité qu’il endosse avec classe et dont il s’enorgueillit «c’est plutôt bien d’être normal». A l’image de ses sacs, dont le cuir moelleux – une marque de fabrique qu’il revendique – est un éloge du cool et d’une mode qui, résolument, ne se prend pas la tête, Jérôme Dreyfuss est un créateur discret. Lui qui a fait ses classes chez John Galliano refuse la célébrité «qui ne fait pas vivre» pour se recentrer sur l’essentiel. Sur son travail, qui, contrairement à l’homme derrière les sacs, mérite d’être sous le feu des projecteurs. Il se concentre sur ses amis, son cercle d’intimes, sa femme, bien sûr (la créatrice parisienne Isabel Marant, ndlr.) avec lesquels il aime se retrouver pour des week-ends à la campagne, à Fontainebleau dans une cabane sans eau ni électricité. Ce sont d’ailleurs ses proches qui ont donné l’impulsion. «Mes premiers modèles, je les ai créés pour mes copines, qui ne trouvaient pas le sac de leurs rêves. Je l’ai fait pour elles.» L’histoire se répète pour sa collection homme, qui vient aussi en réponse aux attentes de ses copains, cette fois.
Et puis, il y a les souliers, pensées pour être les doux partenaires des sacs, toujours avec le même fil rouge derrière, «à la fois chics et faciles à vivre». Finalement, cette dernière sentence résume bien le personnage et l’essence de sa griffe, qui lui est intrinsèquement liée.
On aimerait le voir signer une collab’ avec sa femme. Hélas, cela restera du domaine du rêve «nous nous aimons trop pour prendre le risque de travailler ensemble», plaisante-t-il. Même si le duo fonctionne et que, de leur passion commune des belles choses de la vie, découle une créativité facétieuse mais chic, sans cesse renouvelée et profondément identitaire.