On l’a découverte en 2015, au travers d’un premier ouvrage Zéro Gluten, dans lequel elle se racontait et dévoilant les affres de la maladie coeliaque. Elle revient cette année avec un second livre, Zéro Allergène (ou presque). Nous avons un peu discuté avec Jeanne B., qui, du haut de sa petite vingtaine, cumule les casquettes et donne un sérieux coup de pied aux idées reçues en matière de nutrition. Rencontre avec une personnalité forte et inspirante.

Quand on lui demande de se présenter, elle rit. Elle hésite, tâtonne. «Je ne sais pas, j’ai plusieurs cordes à mon arc. Je suis comédienne, un peu, photographe, styliste culinaire, auteure, chef. Enfin, je ne suis pas un vrai chef, je n’ai pas mon restaurant, mais j’aime créer des recettes, chez moi. Les partager, ensuite.»

Deux livres à son actif, rien ne laissait pourtant présager un tel destin pour elle qui détestait cuisiner. Elle est atteinte de maladie coeliaque depuis ses plus jeunes années. Une pathologie, qu’elle a négligée jusqu’à un accident qui la rattrape. Elle ne peut plus reculer, doit prendre son mal au sérieux et le taureau par les cornes. C’est alors qu’elle commence à jouer avec la nourriture, elle l’apprivoise, elle découvre. Ça tombe bien, l’autodidacte Jeanne adore apprendre par elle-même, se laisser porter par les rencontres, et les hasards. C’est ainsi qu’elle devient auteure, mais également photographe – à New York, alors qu’elle n’est âgée que de 19 ans – ou actrice, choisie grâce à un casting sauvage.

Indomptable, elle va pourtant devoir se discipliner, afin de se soigner et d’aller mieux. Et ça fonctionne. «A présent, je vis bien ma maladie. Je sais que je ne peux me permettre aucun écart, mais j’ai appris à vivre normalement, et cela ne me pose aucun problème. A mon entourage non plus. J’ai dépassé les clichés du ‘je mange sans gluten’. De nos jours, on doit constamment se justifier. Oui, c’est aussi devenu une mode, mais même ceux qui ont arrêté le gluten par choix. Où est le problème. Moi, je n’ai pas le choix, mais ça m’arrange, finalement, ça m’aide à garder la ligne (rires) ! Ceux qui ne sont pas contents, tant pis ! »

Une chose est sûre, Jeanne n’a pas la langue dans sa poche et va même jusqu’à pousser un coup de gueule. Elle reconnaît qu’à présent, de nombreux endroits sans gluten ont ouvert, permettant enfin aux malades de manger des choses qui ont du goût. «Avant, on se moquait des gens! J’ai eu la chance d’avoir une famille et des amis qui cuisinaient des choses savoureuses pour moi. Mais si vous regardez en quoi consistait la cuisine sans gluten il y a quelques années, c’était une véritable punition. C’est bien simple, regardez les pains, on dirait des pierres! (rires). Aujourd’hui, on peut trouver des vraies galettes des Rois sans gluten, chez Sitron (Paris 3e), ou des kebabs. Des pizzas même, chez Big Love Caffè, qui vient d’ouvrir.» C’est d’ailleurs cette prise de conscience qui l’incite à écrire son premier livre, Zéro Gluten, pour lequel elle s’inspire largement de recettes de familles. «J’ai deux critères essentiels : cela doit être simple à réaliser, sans liste à rallonge d’ingrédients compliqués et marrant à faire.»

Zéro Allergène (ou presque) est, lui, né de sa quête vers le mieux-être. Un séjour en Suisse lui révèle une intolérance au lactose en plus de celle au gluten. D’autant que, bien avant qu’il ne soit ennemi public numéro un, Jeanne avait déjà banni le sucre raffiné de son alimentation. L’idée s’impose d’elle-même, un peu par hasard. «J’avais envie de créer un livre pour tous les jours. Je revisite les bases, les classiques de la cuisine. Pour créer une recette, je cherche un plat qui me fait envie, puis je réfléchis à comment l’adapter, le cuisiner à ma manière, avec mes impératifs. Il y a des ratages, souvent, mais cela aboutit toujours à quelque chose, même si c’est loin de l’idée de départ! (rires) C’est d’ailleurs ainsi que la plupart des recettes sont sans œufs, c’était presque plus simple de procéder comme cela, finalement.»

Insatiable et fourmillante d’idées, elle planche déjà sur un troisième livre, même si rien n’est encore décidé. En attendant, elle vient de collaborer avec le pâtissier Christophe Felder pour une recette de fraisier, à paraître dans la prochaine édition de Elle A Table. «Il avait envie de collaborer avec moi, et de mon côté, je suis une vraie gourmande. Je raffole des gâteaux, mais les vrais, faits maisons.» D’ailleurs, parmi ses recettes préférées, il y a les Pop Tarts (dans Zéro Gluten) et la Gâteau à la Pâte d’amande, inspiré d’une recette de son arrière-grand-mère. Un troisième livre de desserts zéro sucre, peut-être? Une chose est sûre, il sera lui aussi facile, décomplexé et optimiste. Qui osera encore dire après cela que la cuisine saine est ennuyeuse?