Dimanche soir, François Hollande a annoncé sa décision d’accorder la grâce présidentielle à Jacqueline Sauvage.

Il s’était donné le temps de la réflexion. C’était sans compter sur l’incroyable mobilisation qui s’est organisée autour de l’accusée.

Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de prison ferme en appel début décembre pour avoir abattu son mari, qui la battait depuis près d’un demi-siècle et qui avait agressé sexuellement deux de leurs filles. Si elle n’avait jamais porté plainte, «tout le monde savait» ce qui se passait sous leur toit. Et pourtant, parce qu’elle lui avait tiré dans le dos à trois reprises, alors qu’il était assis, la légitime défense n’avait été alors retenue. En effet, pour être en état de légitime défense, la riposte doit être concomitante de l’agression et proportionnelle.

Choquées par le jugement, ses filles ont demandé un recours en grâce à François Hollande, expliquant l’acte de leur mère comme celui du désespoir. Le président français avait reçu vendredi dernier les filles de l’accusée, ainsi que leurs avocates, mais c’est dimanche que l’Elysée a annoncé dans un communiqué que «le président de la République, en application de l’article 17 de la Constitution et après avis du ministre de la Justice, a décidé d’accorder à Jacqueline Sauvage une remise gracieuse de sa peine d’emprisonnement de 2 ans et 4 mois, ainsi que de l’ensemble de la période de sûreté qu’il lui reste à accomplir».

L’Elysée explique encore que «le président de la République a voulu, face à une situation humaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Jacqueline Sauvage auprès de sa famille, dans le respect de l’autorité judiciaire», alors qu’il avait pourtant fait savoir qu’il n’était pas favorable à la grâce présidentielle.

Une mobilisation exemplaire

Situation exceptionnelle certes, mais la mobilisation autour de l’affaire n’en était pas moins exceptionnelle, l’affaire Jacqueline Sauvage cristallisant le délicat sujet des violences faites aux femmes. Ainsi, près de 435 000 personnes s’étaient mobilisées sur Change.org, ainsi que de nombreuses personnalités afin de dénoncer le non sens de la décision de justice.

Les médias, ainsi que les réseaux sociaux, ont ainsi joué un rôle sans aucun doute décisif dans cette affaire, qui ont imposé leur statut de «quatrième pouvoir», comme l’ont mentionné nos confrères de France Inter, ce matin.