Difficile de définir Isabelle Ehlinger avec un seul terme, tant elle fourmille de projets, jongle avec des casquettes différentes et se passionne sans cesse pour de nouveaux défis. La très élégante et résolument positive cheffe d’entreprise allie main de fer et gant de velours, amour du beau et sens ardu de la négociation.

À la tête d’une agence immobilière et d’instituts de beauté, elle a trouvé le temps de nous recevoir pour évoquer ses mille et une vies autour d’une tasse de thé.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours, ce serait…

Qu’il est atypique ! Je suis partie de rien, ou presque. Très vite, je me suis rendu compte que rester derrière un bureau toute la journée n’allait pas coller du tout avec mon tempérament. Ma soif de liberté m’a permis de toucher à toutes sortes d’univers, d’embrasser différentes carrières. Quand je regarde derrière moi, je dirais que j’ai eu une multitude de vies, et d’expériences, et toutes m’ont apporté des connaissances, de nouvelles compétences et différents savoir-faire. Aujourd’hui encore, je garde cette envie de fraîcheur, cette soif de nouveaux projets, de nouveaux challenges ! Tout est possible (sourire) !

Si vous pouviez revenir en arrière, changeriez-vous quelque chose ?

Je ne regrette absolument rien, mais j’aimerais avoir encore dix vies pour faire tout ce dont j’ai envie. Reprendre, par exemple, des études d’architecture, apprendre l’art, jouer du piano, et me perfectionner encore et toujours. Cela dit, tout est possible si l’on se donne les moyens de réaliser ses rêves, même les plus fous !

Avez-vous rencontré des difficultés lors de la création de vos sociétés ?

Administrativement, aucune. J’ai fondé la première en 1998, une entreprise d’entretien de bâtiments, que j’ai eu l’opportunité de revendre par la suite. Puis, en 2004, j’ai fondé notre agence immobilière, Immobilière Ehlinger, qui existe toujours. En 2007, je me suis lancée à la conquête du commerce avec la création de mon institut de beauté : Ehlisa. Chaque création a donné l’occasion d’écrire un nouveau chapitre, en repartant à chaque fois de zéro : il faut trouver de nouveaux clients, former une équipe. Tout cela demande de s’investir à fond, mais cela ne représente en rien une difficulté. Il suffit de déployer l’énergie nécessaire pour mener son projet à bien. Et d’avoir la foi (sourire) !

Devenir indépendante c’était quelque chose de fondamental pour vous ?

Mon père était indépendant. Toute mon enfance, je l’ai vu travailler assidument. Non pas par contrainte, mais parce qu’il aimait passionnément ce qu’il faisait. À n’en pas douter, j’ai hérité de la fibre paternelle (rires) !

Vous évoluez entre deux univers très différents : celui de l’immobilier, très masculin d’un côté ; et de l’autre l’esthétique, très féminin. Comment arrivez-vous à jongler entre ces différentes casquettes ?

D’abord parce que plus que tout, j’aime l’entrepreneuriat. Cela fait véritablement partie de mes gènes ! Ensuite, s’ils peuvent sembler éloignés, ces deux secteurs d’activité ont, malgré tout, de nombreux points communs : l’amour des gens, le sens du relationnel, l’envie d’aider son prochain, être attentif aux désirs des clients. L’humain est au cœur de ces deux professions.
Avoir des casquettes différentes est stimulant pour moi, et ces deux projets se nourrissent l’un de l’autre. .

Être une femme et cheffe d’entreprise, est-ce difficile ? 

Absolument pas. Être une femme est une chance en soi. Idem pour le fait d’être cheffe d’entreprise. Les deux réunis, c’est deux fois plus de bonheur (rires) !

Est-ce plus simple de travailler avec des collaborateurs féminins ou masculins ?

Les hommes ne sont pas des bêtes noires ! Au contraire, nous sommes différents et une posture intelligente serait de réussir à utiliser nos compétences de concert pour mener à bien nos projets. Hommes et femmes sont complémentaires et non ennemis, contrairement à ce que le discours ambiant peut laisser songer. À cause des scandales de harcèlement et sous couvert des questions de parité, nous sommes en train de diaboliser les hommes, bien plus que de travailler pour une réelle égalité des sexes. Je trouve, d’ailleurs, que les médias font trop vite l’amalgame et tiennent un discours méprisant à l’égard des hommes. Comment éduquer les générations à venir avec de tels discours ?

Le management a-t-il un genre, selon vous ?

Oui, je le pense sincèrement. Le management féminin est plus dans le détail, réfléchi, décortiqué, analysé… Mais aussi plus naturel, spontané. Les femmes font également davantage preuve de collaboration et sont plus dans la communication. Nous exposons directement les problèmes, lorsqu’ils se présentent.

Être chef d’entreprise est-il donné à tout le monde ?

Non, car tout le monde n’a pas les épaules pour être leader. Ou l’envie. Être chef d’entreprise est certes un grand bonheur, un luxe même. Cela implique de nombreuses responsabilités et de supporter une grande pression. Il faut être prêt à investir beaucoup de temps, d’énergie bien sûr. C’est le prix à payer pour jouir de cette liberté.

De quelles qualités un bon chef d’entreprise doit-il faire preuve ?

Je pense qu’il se doit, avant toutes choses, de montrer l’exemple, le chemin à suivre. Être à l’écoute de ses collaborateurs également. La communication est importante, certes, mais à condition que celle-ci soit positive. Si vous ne parlez que pour mettre le doigt sur ce qui ne va pas, c’est contre-productif pour vos employés. Et vous-même aussi. Aussi je dirais qu’être manager est un état d’esprit et demande d’être dans la bienveillance. Il est fondamental d’insuffler à ses équipes l’amour du travail, l’envie de se dépasser, de rendre ses collaborateurs leaders de leurs charges. Installer une relation de confiance est également essentiel.

Comment parvenez-vous à jongler entre vie personnelle et vie professionnelle ?

C’est une chose que j’ai apprise au fil des années. À présent, j’arrive à couper. Ma priorité est ma famille, quand je suis avec eux – et cela vaut pour mes amis également – je veille à l’être à 100%. Pour conserver une motivation intacte, il est primordial de trouver un équilibre entre vie privée et activité soutenue.

Avez-vous dû faire des sacrifices personnels pour réussir ?

Non, car mon travail est une passion, comme mes autres activités. Tout ce que je fais, c’est avec bonheur. Le jour où ce ne sera plus le cas, j’arrêterai. Mais je doute que cela n’arrive un jour (rires) !

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

De foncer, bien sûr (sourire) ! Le monde bouge sans cesse, il y a une foule d’opportunités à saisir au vol. Si vous ne le faites pas, d’autres le feront pour vous ! De nouvelles professions naissent chaque jour, nous n’avons de cesse que de créer de nouveaux besoins. Quelles que soient vos compétences, vos envies, il est possible de vivre la vie dont vous rêvez (sourire) !

Moi aussi, j’ai encore des rêves éveillés à accomplir, de nouveaux projets à mener à bien, de nouveaux défis à relever !