La semaine dernière, le Club Med Marrakech La Palmeraie a inauguré son nouvel espace famille “le ksar”. L’occasion de célébrer les noces de diamant entre le Club Med et le Maroc. De nombreuses personnalités y étaient présentes dont Henri Giscard d’Estaing, Président du Club Med.

La semaine dernière donc, le Club Med Marrakech La Palmeraie a été en effervescence avec l’inauguration de son nouvel espace famille, baptisé le Ksar. Ce projet, qui a nécessité 16 mois de travaux et un investissement de près de 20 millions d’euros, représente bien plus qu’une simple extension. Il symbolise la montée en gamme continue de la marque au trident.

Cet espace exceptionnel propose 66 chambres organisées autour d’un vaste espace central, doté d’une piscine pour petits et grands, d’une pataugeoire, d’un espace réservé aux jeux d’eau et d’un bassin avec des toboggans. Ce nouvel aménagement répond parfaitement aux attentes des familles modernes en quête de confort et de divertissement. L’inauguration a été l’occasion de célébrer les noces de diamant entre le Club Med et le Maroc, marquant 60 ans de partenariat fructueux. De nombreuses personnalités étaient présentes pour attester de l’importance de cet événement, dont Henri Giscard d’Estaing, Président du Club Med, et Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire du Maroc.

Henri Giscard d’Estaing, quelles sont les prochaines inaugurations ?

En Grèce, à Gregolimano, un lieu absolument unique, nous avons développé une extension dans la pinède pour créer un nouvel espace de la collection exclusive destiné uniquement aux adultes. Cet endroit exceptionnel dispose également d’une plage privée.

La prochaine ouverture est prévue au Bénin. Le design a été validé et c’est maintenant au président de la République de donner son accord final, le projet étant financé par l’État béninois. Jusqu’ici, toutes les parties sont en accord. Le design a été confié à Gautier Guillaume, un designer belge renommé qui a déjà conçu l’oasis zen de Punta Cana et les aménagements aux Seychelles. Il est reconnu pour son talent exceptionnel.

Comment avez-vous choisi le Bénin ?

Les choix sont toujours le résultat d’une rencontre entre une opportunité et à la fois un jugement et un coup de cœur. L’opportunité ici était l’élection d’un nouveau président de la république, convaincu que le renforcement de l’économie nationale passait par le développement du tourisme. Selon lui, et je partage cet avis, la seule institution touristique capable de réussir cette mission et de positionner le Bénin sur la carte du tourisme international est le Club Med.

Le site attirera une clientèle béninoise et nigériane — cette dernière représentant la plus grande économie de l’Afrique de l’Ouest. Lagos, située à seulement 50 km, ajoute à l’attrait de ce lieu magnifique niché entre l’océan Atlantique et une lagune. Sur cette lagune, les locaux pratiquent la pêche debout sur de petites pirogues, lançant des harpons dans un spectacle de beauté pure.

À proximité se trouve la ville de Ouidah, impressionnante par son histoire lourde. C’est de là que partaient les esclaves vers les Amériques, avec une grande arche dénommée « Le point de non-retour », marquant le dernier endroit vu par les esclaves avant leur départ. On trouve également les anciens comptoirs des nations marchandes d’esclaves et le site des ventes aux enchères. En parallèle, Ouidah est un centre d’art moderne très sophistiqué, abritant la plus belle fondation d’art moderne d’Afrique de l’Ouest. C’est notamment là que les œuvres des rois du Dahomey, pillées par l’armée française et récemment restituées, sont exposées dans un ancien comptoir portugais transformé en musée. C’est un lieu riche en culture, mémoire et histoire, accessible à pied par une marche de 5 km le long de la plage de l’océan Atlantique.

Comment les béninois accueillent le Club Med ?

C’est une entrée remarquable. Le Bénin fait partie des grandes civilisations de l’Afrique de l’Ouest. Ce qui est très intéressant, et que nous faisons systématiquement, c’est que lorsque nous nous installons dans un pays, nous recrutons des jeunes de ce pays pour les former aux fonctions principales du Club Med. Aujourd’hui, nous comptons une vingtaine de Béninois et de Béninoises travaillant dans nos différents clubs. Je les croise de temps en temps, et ils manifestent une fierté et un dynamisme étonnants. C’est très touchant.

Comment allez présenter cette destination ?

C’est une destination nouvelle et inattendue, ce qui correspond parfaitement à la vocation et au savoir-faire du Club Med. En ce qui concerne le savoir-faire, nous sommes les seuls capables de nous installer dans un endroit isolé. La formule tout compris du Club Med, avec ses nombreuses activités, fait que l’on n’a pas besoin de sortir du complexe et que l’on ne dépend pas des services extérieurs. Évidemment, aucun autre hôtel ne peut offrir cela. C’est la capacité du Club Med à aller là où les autres ne vont pas qui fait notre force.

Avez-vous des concurrents

D’abord, je ne suis pas le meilleur juge pour cela. Cependant, je vais vous donner une explication rationnelle. Mon objectif depuis 20 ans a été d’éliminer toute concurrence, et je crois être proche de l’avoir atteint. Le Club Med est totalement différent et unique. Il reste des opérateurs avec des formules similaires, mais ils sont locaux ou régionaux, surtout aux États-Unis où ils sont de moins en moins nombreux. Aux États-Unis, il y a un opérateur appelé Sandals, qui est à l’origine une copie délibérée du Club Med, adaptée aux Américains. Sandals prospère, mais sa clientèle est exclusivement américaine. Le Club Med, avec ses offres de soleil et de neige, reste unique en son genre.

Vous estimez que votre clientèle reste essentiellement française partout dans le monde ?

La clientèle française représente 36 %, le reste étant 63 %. Notre deuxième clientèle l’an dernier était la clientèle brésilienne. Le monde change à une vitesse absolument remarquable, c’est un fait. Avec l’émergence de la Chine, qui a été freinée par la COVID-19, ce pays est devenu la première destination touristique mondiale. Plus près de nous, ce qui se passe aujourd’hui au Moyen-Orient est incroyable. Le développement touristique des Émirats et, demain, de l’Arabie Saoudite est tout simplement stupéfiant.

Est-ce une clientèle qui vous intéresse ?

Toute clientèle familiale qui partage nos valeurs de liberté, de multiculturalité et de gentillesse nous intéresse. Il y a une autre partie du monde que nous connaissons peu : l’Asie centrale, avec les pays en « -stan » comme le Kazakhstan, le Pakistan et le Tadjikistan. Ce sont des pays particuliers, car leur richesse provient principalement du pétrole et des matières premières. Ayant fait partie de l’Union soviétique, ils sont aujourd’hui extrêmement riches et en plein développement. Cela représente un potentiel en tant que clientèle. Ensuite, il y a le Moyen-Orient comme destination.

Parvenez-vous à calquer le modèle partout dans le monde?

C’est un double objectif. Premièrement, nous voulons être à la fois globaux et locaux pour deux raisons. La première, c’est qu’il y a dans ces pays un formidable développement du tourisme, notamment du tourisme familial haut de gamme, et nous devons répondre à leurs spécificités. La seconde raison, c’est que nous vivons dans un monde extrêmement incertain. Sans une clientèle locale, nous sommes très vulnérables. La COVID-19 nous a donné une terrible leçon. Nous avons compris combien il était important d’avoir une clientèle locale.

Nous avons un magnifique resort en Malaisie qui, avant la COVID-19, accueillait 1/3 de Malaisiens, 1/3 de Chinois et 1/3 de touristes venant du reste du monde. Lorsque les frontières ont été fermées, seuls les Malaisiens pouvaient encore venir. Nous avons réussi à remplacer la clientèle internationale par une clientèle locale, qui ne pouvait plus sortir du pays. Nous sommes alors devenus le plus beau lieu de vacances. Le fait d’avoir une clientèle locale et internationale est pour nous un facteur de sécurité et de croissance.

Est-ce la seule leçon tirée du covid ?

Il y en a eu toute une série, mais que l’on a presque oubliées. Nous avions déjà enclenché un processus de modification de nos buffets pour passer d’un système de buffet à l’assiette, obligatoire pendant la COVID-19, mais que nous avons généralisé. Cela nous a conduits à renforcer tous nos systèmes d’hygiène et de sécurité sanitaire. Nous avons créé une nouvelle fonction, le « Save Together Manager », et nous l’avons pérennisée dans tous les clubs.

J’ai dû fermer, la dernière semaine d’avril 2020, tous les clubs Med dans le monde, mettant ainsi l’entreprise en coma artificiel. Heureusement, nous avions réussi à rapatrier tous nos clients à travers le monde. Pour le personnel, c’était plus complexe : nous ne pouvions pas les faire partir d’urgence. Il fallait d’abord faire partir les clients puis fermer les clubs.

Ce qui est très vite apparu, c’est que beaucoup de nos employés ne voulaient pas rentrer chez eux. Pour un Indonésien travaillant à Bali, devoir rentrer dans un petit appartement de Jakarta et rester enfermé pendant un temps indéfini était très difficile. Nous avons eu des milliers de personnes qui sont restées dans leur village pendant des mois. Le contrat que nous avions avec eux, sauf dans les cas où des mesures particulières étaient en place, était de les loger, les nourrir et les blanchir jusqu’à ce qu’ils puissent rentrer chez eux.

Fleuron du Club Med :  le Club Med 2

C’est une expérience inédite. Il y a de très belles choses ailleurs, mais cet immense voilier est unique en son genre, car les circonstances de sa création sont uniques. Construit il y a 30 ans, il allie une modernité extraordinaire à une construction totalement traditionnelle en tant que voilier à cinq mâts. C’était une image surréaliste.

Il dégage une certaine majesté. Construit sur le principe des sous-marins, le verre de vin ne doit jamais se renverser grâce aux ballasts. Le commandant, en fonction de l’inclinaison et du vent sur les voiles, corrige le gîte pour que le verre à pied ne se renverse pas au restaurant. En plus, il était écologique avant l’heure, naviguant à la force du vent et possédant un pont arrière qui s’ouvre, permettant de vivre en contact avec la mer. Tout l’arrière du bateau peut être abaissé pour en faire une plage. Ce voilier est équipé pour de nombreuses activités : ski nautique, windsurf, wing foil, etc. Il faut cependant négocier avec les différents ports et pays pour obtenir les autorisations nécessaires pour pratiquer ces sports. Il y a des réglementations et des conditions météorologiques à respecter, l’ouverture n’étant possible que par mer calme.

Il est le plus grand bateau à pavillon français, avec un drapeau plus grand que celui du porte-avions Charles de Gaulle. En Méditerranée, son port d’attache est Nice, et dans les Caraïbes, c’est Fort-de-France ou La Romana. D’avril à octobre, il est en Méditerranée et d’octobre à avril, dans les Caraïbes. En octobre, il part de Funchal et arrive dans les Caraïbes deux semaines et demie plus tard. Certains clients passionnés font la traversée de l’Atlantique, qui se fait à la voile, une expérience extraordinaire pour ceux qui souhaitent se couper du monde au milieu de l’océan. Nous devons trouver une thématique pour revivre les grandes traversées de l’Atlantique d’autrefois.

Ce voilier a été construit au Havre pendant une grande crise des chantiers navals. Personne ne sait combien il a coûté, mais je sais combien je l’ai racheté. Aujourd’hui, à 30 ans, il serait très coûteux de reconstruire un tel navire, probablement 250 millions de dollars, ce qui ne serait pas économiquement viable. Ses ponts sont intégralement en teck, il mesure 187 mètres de long et offre probablement la plus grande surface par client au monde. Traverser l’Atlantique sur un voilier à cinq mâts est une expérience unique que seul le Club Med 2 peut offrir. Tous les deux ans, il doit refaire sa coque en acier. Nous allons tout faire pour le préserver, mais il y a une obsolescence technique. Pour les 10 prochaines années, je souhaite créer cette traversée de l’Atlantique afin que chacun puisse dire : “Je vais faire la dernière traversée de l’Atlantique à voile, une fois dans ma vie“.

Inscrivez-vous à notre newsletter pour découvrir tous les jeudis, des actus locales, des nouvelles tendances mode, des infos culture, business… C’est en un clic avec ce lien !