Comme un clin d’œil au raton-laveur ami de Pocahantas, Guillaume Mesly d’Arloz et Maxime Savart ont lancé Meeko : une marque de baskets écoresponsable et engagée. Les deux compères ont imaginé des paires, dont une partie des bénéfices est reversée à des ONG de préservation de la biodiversité, sur lesquelles des illustrations d’écosystèmes menacés prennent vie. Leur mission ? Replacer le monde sauvage dans le quotidien des gens.

https://meeko.store/ – © Meeko Studio

Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer Meeko ?

Guillaume Mesly d’Arloz : Nous vivons dans une société ultra urbanisée qui s’est complètement déconnectée de la nature. Cette dernière nous paraît tellement loin qu’il ne nous semble pas nécessaire de la protéger. De par mon parcours, j’avais à cœur d’inverser la tendance à travers la mode qui reste un super moyen d’expression et un vecteur important d’images et de narration. Nous avons choisi de travailler autour de la basket. Symboliquement, c’est le produit le plus marquant socialement et le plus sale. Il a le pire impact sur la planète parce qu’il y a énormément de matières qui entrent en jeu. Il nécessite aussi de nombreuses étapes de fabrication aux quatre coins du monde. Notre marque ne repose pas seulement sur une simple proposition commerciale de sneakers plus respectueuses de l’environnement. Nous souhaitons aller plus loin en replaçant le monde vivant dans le quotidien des gens, que ce soit à travers le design de nos baskets ou nos réseaux sociaux.

Quel est votre parcours ? Comment avez-vous rencontré votre associé ?

J’ai eu un parcours assez classique, j’ai fait une prépa puis ensuite une école de commerce. À la fin de mes études, j’ai monté une première société qui n’avait rien à voir avec Meeko. Ensuite, j’ai travaillé chez Asics au pôle e-commerce et le sponsoring d’athlètes. De fil en aiguille, j’ai fini par bosser pour des agences d’accompagnement en e-commerce pour des marques de mode notamment. C’est là que j’ai rencontré mon associé, Maxime Savart. Il gérait davantage la partie opérationnelle, quant à moi je m’occupais plus des missions commerciales et marketing. Nous sommes très complémentaires. J’avais déjà ce projet qui me trottait dans la tête depuis assez longtemps, je dirais 6/7 ans. Par manque d’expérience, je n’avais jamais osé me lancer. Les valeurs portées par le projet parlaient énormément à Maxime. Il a fait pas mal d’humanitaire et avait un penchant affirmé pour la mode. Il trouvait intéressant de lancer une marque qui ne revêtait pas seulement un côté business pur.

Quels matériaux utilisez-vous pour fabriquer vos baskets ? Qu’est-ce qui vous différencie des autres marques ?

L’approche design s’est faite en deux temps. Nous avons analysé le cycle de vie d’une paire de baskets dans son intégralité, depuis le dessin du modèle jusqu’à la fin de vie. La matière représente une toute petite partie de l’impact global de la basket. C’est hyper complexe. Nous avons en réalité étudié les points d’impact principaux sur la biodiversité et sur le vivant en général, en prenant en compte les hommes et les femmes qui fabriquent ces baskets. C’était impensable pour nous d’avoir un projet en lien avec la préservation de la planète en commercialisant des produits fabriqués à l’autre bout du monde par des personnes qui travaillent dans des conditions atroces. Nous fabriquons l’ensemble de nos collections dans une usine familiale au Portugal. Son mix énergétique est issu à 80 % d’énergie solaire, ils ont des panneaux solaires sur tout le toit de l’usine. Car l’autre principal point d’impact est la nature de l’énergie utilisée.

En ce qui concerne le produit en lui-même, nous n’utilisons pas de matières animales. Nous employons des matières proches de nous, qui ne sont pas issues de la déforestation. Elles sont systématiquement conçues avec une part de recyclé ou de matières biosourcées, à base de pommes notamment. Ce sont de bonnes alternatives pour limiter le recours au cuir qui a un impact dramatique sur la planète. Nous utilisons également du caoutchouc et du polyester recyclés comme de nombreuses autres marques. Nous ne sommes pas plus innovants que nos confrères. Ce n’est pas ce qui nous différencie. Ce qui nous intéresse, c’est davantage ce qu’on raconte avec la marque et notre mission. Nous avons aussi réfléchi à la fin de vie de nos produits et à la gestion des déchets qui en découle.

Pourquoi avez-vous décidé d’entreprendre dans la mode éthique ? Quel a été le déclic ?

J’ai grandi dans l’arrière-pays niçois, dans le Sud-Est. Mes parents étaient fous de randonnées. J’ai fait énormément de balades. Très tôt, j’ai été sensibilisé à la faune et à la flore. J’adore les animaux depuis que je suis tout petit. Comme de nombreuses personnes, je suis depuis quelques années l’effondrement de la biodiversité. Cela me touche très profondément. J’en ai eu un peu marre de voir des catastrophes, tout en restant passif. Je voulais essayer de faire changer les choses, à mon échelle et très humblement. Il n’y a pas vraiment eu de déclic. Je souhaitais seulement lancer un projet servant une cause qui m’anime. Selon moi, actuellement, ce n’est plus possible d’entreprendre sans avoir une vision environnementale et sociale cohérente.

Comment parvenez-vous à concilier design et écologie ?

C’est un vrai sujet. Il est possible d’imaginer une basket en utilisant seulement une alternative au cuir qui n’emploie pas de plastique, avec du chanvre ou du lin. Cela reste un vrai parti pris en matière de design parce que le rendu visuel ne plaît pas au plus grand nombre. C’est un style assez particulier qui va s’adresser à une niche. Notre volonté est de démocratiser nos baskets, nous sommes conscients que si l’on va trop loin dans le design cela risque de ne pas fonctionner. Nous souhaitons trouver le meilleur compromis entre les matières disponibles sur le marché et un design qui permettrait de sensibiliser le plus grand nombre.

À quoi ressemblent les paires Meeko ? Combien avez-vous de modèles disponibles ?

Chaque collection est associée à un écosystème menacé, qui est lui-même lié à une ONG que l’on finance. Nous leur reversons 5 € par paire vendue. Cet écosystème prend la forme d’une illustration hyper colorée que l’on retrouve sur les languettes, mais aussi sur la petite semelle amovible à l’intérieur des chaussures et sur nos boîtes. L’idée est de donner une dose imagée de nature aux clients, pour ne pas oublier ce qui nous entoure. Nous avons deux paires : la Kiboko (signifiant hippopotame en swahili) et la Coco Pongo. La première, au style classique et versatile, est associée à une ONG à Sumatra, en Indonésie. Nous avons représenté la jungle de cette île, au soleil couchant. La deuxième est une basket d’inspiration un peu rétro running des années 90 avec un style plus moderne. Celle-ci est associée à la savane africaine, avec une ONG en Tanzanie. Nous travaillons également sur une basket en toile qui sortira l’été prochain. Elle s’appellera la Lutra, nom scientifique de la loutre. Nous sommes encore en train de chercher l’ONG mais elle sera en lien avec une association française associée à la protection des fonds marins.

Quels sont les projets de la marque ?

Nous souhaitons rester un label de baskets, mais nous aimerions développer une gamme de produits qui permet d’aller dans la nature, pour boucler la boucle. Des produits qui allient un style très urbain avec la technicité des équipements outdoor. Meeko entend devenir une marque de produits écoresponsables et polyvalents pour tous les terrains de jeu. Il manquait quelque chose, c’était incomplet d’avoir une griffe qui souhaite replacer le monde sauvage dans le quotidien, sans que les produits permettent d’y aller physiquement. Nous avons conscience que chacun compose avec ses contraintes et son budget. Dans la lignée de notre programme qui se nomme Stepcloser, et même si l’urgence de la situation nous préoccupe, nous croyons davantage à l’inspiration et qu’à la moralisation. Nous voulons montrer que s’engager de cette matière, cela peut être réjouissant.

Pour découvrir les collections c’est par ici : https://meeko.store/