A peine âgée de 18 ans, même pas encore majeure aux USA, Billie Eilish a raflé dimanche soir cinq trophées lors de la cérémonie des Grammys, sortes d’Oscars de la musique.

Impossible d’être passé à côté de son titre Bad Guy aux rythmiques entêtantes et à l’univers sombre. Sorti en août 2019 et enregistré dans sa chambre d’ado en compagnie de son frère, le morceau est rapidement devenu un tube. Les paroles susurrées et la voix traînante posée sur une production électro, un rien répétitive, n’y sont certainement pas étrangères.

En quelques mois, la jeune artiste devient ultra bankable, au point qu’elle enchaîne les collab’ pointues et les projets. Dernier en date ? Rien de moins que la BO du prochain James Bond, ce qui fait d’elle la plus jeune artiste à avoir l’honneur de la composer. Ultime consécration pour Billie Eilish, cette cérémonie des Grammys où elle s’est vu remettre les prestigieux titres d’Album de l’année, chanson de l’année, révélation de l’année, meilleur enregistrement de l’année et meilleur album pop vocal.

Face à elle, Ariana Grande, Lana Del Rey, Taylor Swift ou Lady Gaga. Talons ultra hauts, robes de princesse, maquillage féminin et look apprêté, chacune avait tout donné pour l’exercice si périlleux du tapis rouge. Billie Eillish, à leur côté, faisait plus office d’alien verso techno-berlinoise, en tunique et pantalon carbone Gucci et racines des cheveux vertes fluo. Un look qui s’inscrit finalement dans le mood de cette génération Z, née au début du millénaire, qui n’aime rien moins que de casser les codes et bousculer des carcans trop étriqués. Un look à l’image de son univers musical et artistique qu’elle définit comme « pop-mélancolique ». Une silhouette effacée sous des tenues larges, un brin dark, qu’elle dessine souvent elle-même, comme pour mieux mettre l’accent sur sa musique avec de porter un quelconque jugement sur son physique.

Oubliés donc les attributs super-féminins et les looks de princesse r’n’b, Billie Eilish se veut à la fois le miroir et le porte-parole de cette génération qui sait ce qu’elle veut, refuse de sourire, assume ses faiblesses comme des revendications et ne veut ressembler à personne d’autre qu’à elle-même. Définitivement émancipateur et rafraîchissant.