Le célèbre réalisateur italien Ettore Scola s’est éteint mardi 19 janvier, à l’âge de 84 ans. 

Auteur de films devenus cultes comme le bien-nommé Nous nous sommes tant aimés ou de la comédie grotesque Affreux, sales et méchants, il est devenu le chroniqueur des changements de la société italienne, des années 60 jusqu’aux années 90. «Son cœur s’est arrêté de battre par fatigue», ont annoncé son épouse et ses filles, citées par le Corriere della Sera.

A jamais dans l’actualité

Né en 1931, l’artiste était considéré comme l’un des derniers grands maîtres du cinéma italien, réalisateur de chefs d’œuvre intemporels, mettant en scène Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Vittorio Gassman ou encore Nino Manfredi. Il avait reçu le César du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1984 pour Le Balle ou le prix de la mise en scène à Cannes en 1976 pour Affreux, sales et méchants. Après quelques études juridiques et une petite carrière dans la caricature de presse, il entame son parcours de cinéaste en signant d’abord plusieurs scénarios, comme ceux La Marche sur Rome, Le Fanfaron ou Les Monstres, premiers grands films de Dino Risi. Il passera à la réalisation avec Parlons Femmes en 1964, un film à sketches comme c’était la mode à l’époque, pour ensuite voguer à travers la critique sociale acerbe, mêlant grotesque et réalisme. Il tournera beaucoup de documentaires, surtout pour le Parti communiste italien, illustrant les fêtes de l’Unita ou simplement son quotidien. Il décida de prendre sa retraite en 2011, laissant à la postérité une filmographie qui condense plus d’une quarantaine d’œuvres et plusieurs immanquables.

Une vie artistique sans borne

Artiste engagé qui n’a pas peur de s’exprimer, toute son œuvre proposera de mettre en perspective la société italienne en pleine modernisation, empêtrée dans les différences et les inégalités sociales, l’isolement de certaines classes. Il s’attaque même à la gauche italienne, en dressant un portrait baigné d’amertume à travers les existences mondaines de plusieurs intellectuels romains, incarnés par Mastroianni ou Trintignant. Rien que ça. Le repos n’était pas son fort, inlassable faiseur d’œuvres imprégnées par l’actualité, il réalisera un dernier film, présenté à la Mostra de Venise en 2013, baptisé Qu’il est étrange de s’appeler Federico, dans lequel Scola raconte son collègue et son mentor, Federico Fellini. Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a aussitôt fait part de sa tristesse après la mort de ce «maître dans l’art d’observer avec acuité l’Italie, sa société et ses changements». Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a lui aussi salué, via Twitter, un «grand maître, un homme extraordinaire, resté jeune jusqu’au dernier jour de sa vie». Les messages qui saluent la mort de Scola continuent d’affluer dans les médias et sur les réseaux sociaux. On multiplie les commentaires sur sa vie et sur son œuvre, qui peut-être permettront aux nouvelles générations, de découvrir un cinéaste hors-norme encore aujourd’hui.

 

Etienne Poiarez.