Estelle Masse est résolument la preuve que l’on peut sortir d’une impasse, d’une situation difficile et accomplir de grandes choses. Hier sans-abri, aujourd’hui à la tête d’une agence immobilière, cette mère de cinq enfants sait sa chance et distille son énergie et sa rage de vaincre autour d’elle.
Nous l’avons rencontrée.
En regardant votre parcours professionnel et le chemin accompli, de quoi êtes-vous le plus fière ?
Je suis toujours dans le mouvement, je ne réalise pas totalement encore le chemin parcouru. Cependant, ma plus grande fierté reste le regard que mes enfants ont sur moi. Ce dont je suis le plus fière et reconnaissante, c’est d’être une maman de cinq merveilleux trésors. Évidemment, travailler dans le monde de l’immobilier reste une belle revanche, car de sans-abri à cheffe d’entreprise… ce n’était pas gagné d’avance. Je me suis battue pour en arriver là !
Qu’est-ce qui vous a attirée dans le secteur de l’immobilier ?
Je n’ai pas eu à trop réfléchir, j’ai atterri de façon miraculeuse …
C’est une profession que l’on imagine masculine. Dès lors, qu’est-ce qu’une femme apporte comme valeur ajoutée au secteur de l’immobilier ?
Je ne pense pas qu’il y a des métiers exclusivement réservés aux hommes ou aux femmes. Nous sommes tous capables de nous adapter ou d’apprendre.La femme apporte de la douceur dans ce monde de requin, elle a la capacité de bouleverser le cours des choses, grâce à sa sensibilité et son intuition.
De quelles qualités un agent immobilier doit-il faire preuve ?
Quelle que soit la profession, il est primordial d’aimer ce que l’on fait. Ensuite, dans notre secteur, il est vital d’être parfaitement informé sur les lois, les réglementations, les changements afin de pouvoir gérer les dossiers au mieux. Une bonne capacité d’analyse est fortement nécessaire afin de cerner rapidement les souhaits et besoins des clients. Il faut également être assez flexible, de façon s’adapter aux clients et de servir leurs intérêts. Je dirais également qu’il faut faire preuve d’un bon sens relationnel, et avoir un discours crédible afin de gagner la confiance et la préserver. Enfin, être empathique, et, surtout, être très patient (rires). Privilégier le côté collectif plus que le côté individuel est également un solide atout.
Le management est-il différent lorsqu’on est une femme ?
Naturellement, la femme à des prédispositions qui lui donnent une différence managériale sur l’homme. Puisqu’elle porte en elle la vie et donne naissance, elle est compatissante, patiente et douce, ce qui peut modifier en effet le style de management.
Avez-vous été confrontée à des hommes qui essayaient de vous mettre des bâtons dans les roues ?
Mes débuts dans le monde de l’immobilier ont vraiment était difficiles. Nombreux sont les hommes (collègues, collaborateurs) qui vous déconsidèrent, vous harcèlent et font tout pour vous impressionner et vous fragiliser. Le niveau de malhonnêteté est incroyable. La façon indélicate, irrespectueuse, voire violente, dont nombreux hommes traitent leurs collègues femmes est juste affolante et totalement inadmissible. Ceux-ci pensent – à tort ! – qu’elles ne sauront pas se défendre.
Est-il plus compliqué de jongler entre vie personnelle et vie professionnelle quand on est une femme ?
Je suis l’aînée d’une famille nombreuse : j’ai donc eu très tôt eu des responsabilités et joué le rôle de « petite maman » (sourire) ! À présent, je suis maman de cinq enfants. C’est quasi inné pour moi de jongler entre les différentes casquettes : épouse, mère, sœur, amie. Et bien sûr cheffe d’entreprise ! Et, fort heureusement, je suis dotée d’un sacré sens de l’organisation et je sais prioriser les tâches. Et déléguer !
Être une femme et cheffe d’entreprise, est-ce difficile ?
Ce n’est pas le fait d’être femme qui rend la position difficile, mais les tenants et aboutissants. Aux difficultés techniques du métier viennent s’ajouter d’autres difficultés liées au genre : les femmes sont plus exposées aux harcèlements, aux préjugés, aux stéréotypes. Et par-dessus tout ci cette femme est mère et épouse, cela peut être encore plus difficile. Mais n’oubliez jamais que la femme est exceptionnellement forte, car lorsqu’une femme se lève elle peut soulever des montagnes pour elle et les autres.
Avez-vous des regrets ?
Il n’y a pas de regrets à avoir… Tout a une raison d’être, que les événements soient positifs ou négatifs. Même si avec le recul, je me dis que j’aurais dû faire – ou ne pas faire – telle ou telle chose, je suis à présent convaincue que ces erreurs font partie intégrante de mes expériences. Et ce au même titre que mes succès. La femme que je suis n’a pas de regrets, exception faite de la douleur que ma mère ne soit plus là pour voir ce que j’ai réalisé. Elle est partie bien trop tôt, et cela jette, malheureusement, un voile sur tous mes bonheurs. Quel que soit le succès que je connais à présent, il me manque une personne.
Quels sont vos projets ?
J’ai en projet de partager mon histoire afin d’influencer et d’impacter sur la vie et la destinée d’autres femmes. J’aimerais également construire des centres d’échanges et aides pour les femmes en détresse dans mon pays, ouvrir le chemin et tenir la main à d’autres femmes… Car lorsqu’une femme se lève, elle ne le fait pas pour elle seule, mais pour l’humanité.