La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Vendredi soir, 16h. «Enrico Lunghi démissionne?». Stupeur et tremblement. La rumeur se confirme. De l’étonnement? Pas vraiment.

L’incroyable tempête médiatique au cœur de laquelle le passionné directeur s’est retrouvé ne laissait, il faut le reconnaître, que peu de place quant à l’issue d’une telle affaire. Un examen médical de la journaliste «agressée» Sophie Schram réalisé 10 jours après les faits, une viralité sur internet incroyable, des images vraisemblablement tronquées et un soutien absent de la part des ‘hautes instances’. Tous les ingrédients du mauvais scénario et d’un fiasco provoqué par RTL étaient présents, et l’on ne peut que comprendre la décision du directeur du Mudam de tirer sa révérence. Dans sa lettre de démission, il explique en effet qu’«après les atteintes à son honneur et à sa réputation, il n’est plus en mesure de se consacrer avec les mêmes engagements et libertés d’esprit à la tâche qui est la sienne.»

Depuis l’annonce actée lundi matin par un communiqué de presse du conseil d’administration, nombreuses sont les personnalités de la culture à avoir manifesté leur soutien au directeur du Mudam, tous déplorant cette énorme perte pour le milieu de l’art contemporain au Luxembourg. Enrico Lunghi était en effet l’un des derniers de ‘1995 Luxembourg capitale de la culture’ à être encore présent sur le devant de la scène. Du Casino Luxembourg, il est passé à la tête du Mudam, qui lui doit l’incroyable rayonnement à l’international qu’on lui connaît, grâce à des choix pertinents et visionnaires, comme en témoigne l’actuelle exposition de Wim Delvoye. En outre, le directeur était connu pour sa bonhomie, ses qualités humaines, qui faisaient de lui un personnage véritablement à part dans ce milieu. Hélas, être gentil ne paie pas, surtout quand on a le talent d’avoir des partis pris audacieux, qui manifestement ne sont pas légion à Luxembourg. La baseline du nation branding ne fait-elle pas mention d’ouverture, pourtant? Ah, pardon…