Série évènement, la nouvelle production de Darren Star, à l’oeuvre derrière Sex & the City, abandonne les buildings new-yorkais pour les pavés parisiens. Lily Collins, en digne héritière de Sarah Jessica Parker, un Paris ultra fantasmé, une effusion de clichés et une intrigue en demi-teinte : à peine sortie et déjà raillée, Emily in Paris divise.
Depuis les premières images très carte postale parues sur Instagram, on fondait pas mal d’espoirs sur les aventures parisiennes de cette héroïne tout droit débarquée de Chicago et incarnée par Lily Collins (Okya, To the Bones). Si on avait forcément adoré les intrigues de Carrie Bradshaw et de sa bande dans les Nineties, la bande-d’annonce laissait espérer une production se situant quelque part entre Le Diable s’habille en Prada et The Bold Type. Une recette invariable qui, pourtant, fonctionne – presque – toujours : des jeunes femmes pleines d’ambition évoluant dans les secteurs du luxe et de la mode, des boss aux comportements à la limite du harcèlement, des looks ultra-pointus et une effusion de marques inaccessibles, des appart’ directement issus d’une revue de décoration et des boyfriends aux allures de mannequins.
Des clichés aussi lourds que les remarques sexistes qui se succèdent
Seulement, ces poncifs du genre fonctionnent bien mieux sans la profusion de clichés qui les accompagnent. En l’occurence, Emily in Paris aurait largement pu s’en passer. On ne sait d’ailleurs pas bien où Darren Star a vu que les français fumaient dans leur bureau ni que Paris était déserté par les voitures et encore moins où les clients d’une agence de pub, se permettaient d’offrir de la lingerie La Perla à leur collaboratrice. Si quelques stéréotypes paraissent pas si éloignés de la réalité, (la “drague” très lourde dont est victime Emily n’est pas sans rappeler une certaine “liberté d’importuner”), leur accumulation en devient aussi fatigante que les remarques misogynes que subit le personnage principale.
Pourtant, tout semblait bien partie pour faire d’Emily in Paris une sorte de Diable s’habille en Prada à la française ou un The Bold Type revu et corrigé. Finalement, la série n’aura ni la finesse du premier ni l’engagement du second. Philippine Leroy-Beaulieu n’a malheureusement pas le charisme de Meryl Streep, malgré des looks sans fausse note et l’actrice principale et ses copines n’auront, elles en revanche, pas la conscientisation des personnages de The Bold Type.
Finalement, à l’heure où le public semble être en demande de réalisme, d’inclusivité et d’engagement au sein des programmes, l’intrigue aussi creuse que ses répliques, les tenues hors-sujets (qui piétine encore en talons de 12 centimètres sur des pavés parisiens ?) et la lourdeur générale de la série la rendent plus anachronique qu’autre chose. À garder pour se vider la tête lors de nos week-ends pluvieux.