Un manteau en couvertures, un sweat en serviettes éponge, une jupe en nappes : le textile de maison en fin de vie est désormais revalorisé en pièces de prêt-à-porter haut de gamme. Nombreuses sont les marques qui proposent aujourd’hui des capsules ou gammes de produits en linge de maison upcyclé, mais le label suédois Rave Review a inscrit cette pratique dans son ADN, faisant figure de pionnier en la matière.

On ne présente plus l’upcycling, pratique qui consiste à donner une plus-value à un objet voué à finir à la poubelle. Si cet usage n’a rien de nouveau, il s’est démocratisé en pleine pandémie de Covid-19 en réponse à l’urgence climatique, et pour tenter de réduire l’impact de l’industrie de la mode sur l’environnement. Stocks dormants, chutes de tissu, déchets issus de l’industrie alimentaire, déchets électroniques, et même équipements automobiles intéressent désormais de près les acteurs de la mode qui s’emploient à les transformer en vêtements et accessoires. A la clé, un double enjeu : réduire les montagnes de déchets qui s’accumulent à travers le monde, et diminuer au maximum le recours à de nouvelles ressources.

Revaloriser les serviettes de bain

On l’a vu ces derniers mois dans le secteur de la mode, mais aussi dans les cosmétiques et la joaillerie, la revalorisation des déchets est en plein boom. Quasiment tous les déchets, objets, et matières usés peuvent aujourd’hui constituer une matière première d’exception pour les marques désireuses de privilégier la mode circulaire. Mais certaines ont depuis longtemps inscrit cette pratique dans leur ADN. C’est le cas de Rave Review, label basé à Stockholm fondé en 2017, qui offre une seconde vie, bien plus fastueuse, à du linge de maison.

Essentiellement conçue à partir de draps, la première collection du duo de créatrices à la tête de la marque, Josephine Bergqvist et Livia Schück, ne passe pas inaperçue, et compte parmi les premières du genre à se développer sur le créneau de l’upcycling de textile de maison. L’objectif est simple : créer des vêtements uniquement à partir de matériaux existants. Et le concept plait, et fonctionne, puisque le label figure parmi la liste des demi-finalistes du prestigieux Prix LVMH. Serviettes de bain, plaids, nappes, couvertures, draps, ou même rideaux : tout y passe, et se métamorphose en vêtements de luxe.

Le succès est tel que la marque élargit progressivement la palette de ces matières premières préexistantes, et réutilise aujourd’hui tout ce qui peut être facilement transformé en vêtements, comme les chutes de tissu et les stocks dormants. Le label s’est même associé fin 2022 au constructeur Škoda pour créer des vêtements à partir de pièces automobiles usagées, dont des sièges et des ceintures de sécurité, et a encore plus récemment créé une collection pour Gucci dans le cadre du projet ‘Gucci Continuum’.

Une pratique en plein boom

Depuis la crise sanitaire, la pratique de l’upcycling s’est démocratisée dans l’industrie de la mode, comme dans de nombreux autres secteurs, avec l’émergence de nouveaux acteurs engagés en faveur d’une mode plus durable – et circulaire. Le label made in Belgique Valalab s’est lui aussi lancé sur le créneau de la transformation de linge de maison en vêtements, tout comme Les Récupérables, parmi les pionniers dans l’Hexagone, qui a été contraint de fermer ses portes à l’automne 2022, mais aussi l’atelier de design participatif Patchworkers.

Bien avant la pandémie, Alexandra Hartmann, qui partage sa vie entre Paris et Copenhague, décide quant à elle de s’attaquer aux tissus nobles et anciens, à travers sa marque Hôtel Vetements. Rideaux anciens, tapisseries, tissus d’ameublement, broderies artisanales, draps, nappes, et autre linge de maison : des tissus datant parfois de plusieurs siècles sont transformés en vêtements à la main. Une initiative là encore destinée à lutter contre le gaspillage et la surproduction.