Les abords du Musée Rodin se sont métamorphosés, lundi 21 janvier, en une piste aux étoiles haute couture et rêvée, sur laquelle les mannequins ont défilé, tels de majestueux funambules.

Lieu onirique s’il en est, dans lequel les lignes entre le rêve et la réalité. Entre les genres, entre le prosaïque et le féérique se brouillent et se confondent, le cirque n’a eu de cesse de stimuler les esprits des artistes les plus érudits. Pablo Picasso, Loénide Massine, Federico Fellini, Jean Cocteau, Erik Satie, mais également le couturier Christian Dior, qui affectionnait se rendre au Cirque d’Hiver. Comme en atteste le célèbre cliché Dovima et les éléphants, dans lequel Richard Avedon a immortalisé, en 1955, à jamais le lien, ténu, entre le cirque et la haute couture. Dior entre en piste.

Une inspiration historique

Ce riche passé a été augmenté par les travaux de Cindy Sherman consacrés aux personnages tant controversés des clowns. C’est ce qui a, une nouvelle fois, inspiré Maria Grazia Chiuri pour dessiner une collection puissante et féminine, que ludique et onirique. Les silhouettes se succèdent en même temps que défilent les images – d’Epinal – de l’univers circassien. La peau tatouée d’une femme, allusion au cirque victorien et ses phénomènes de foire devinent dans l’imaginaire de la créatrice une combinaison aux motifs merveilleux qui façonnent le corps et raconter une histoire sous les vêtements. La palette chromatique, les matières et les jeux d’étoffent s’inspirent également des codes circassien. Longues robes vaporeuses ornées de losanges et d’immenses franges pastel. Des mini-robes d’écuyères noires qui se jouent de la transparence, smokings monochromes blanc ou noir réhaussés de corsets, vestes de dompteurs aux brocarts étincelants… Le vestiaire du cirque se retrouve dans les moindres détails de chacune des silhouettes qui composent cette fantasque et somptueuse parade.

Égalité des genres

Clou du spectacle, la présence du la compagnie de cirque féminine Mimbre. L’engagement de Maria Grazia Chiuri n’est pas chose légère et encore moins un phénomène de mode, qui dans une quête constante d’une poétique de l’inattendu, souligne la confiance et le lien créés entre les corps des acrobates. Résolument, le cirque devient entre leurs mains un véritable lieu d’inclusion. Dans lequel le clown, dans sa dimension androgyne et asexuée, devient l’expression d’une égalité possible. Son regard révèle une modernité certaine, et ce ne sont plus la beauté, les origines, le genre ni l’âge qui importent, mais bel et bien la technique et l’audace.

Retrouvez plus d’articles mode ici.