Le film de Russel Crowe, « l’exorciste du Vatican », dont la sortie est imminente sur les écrans européens, a remis à l’ordre du jour un sujet que l’église traite avec beaucoup de discrétion, celui des exorcismes.

Par Cadfael

Le diable existe-t-il ?

Au-delà de l’intrigue du film qui s’inspire de la vie du révérend, Gabriele Amorth (1925-2016), désigné comme l’exorciste le plus célèbre de l’église vaticane, se pose la question de l’existence du diable et également celle de son influence possible sur l’être humain. Le 26 janvier 1999, le Vatican publiait un nouveau rituel d’exorciste, l’ancien datait de 1614. C’était un rappel que le diable existait même pour ceux qui en doutaient au sein de l’église du seigneur.

L’existence de Dieu est matériellement impossible à démontrer de même que sa non-existence. Il en va de même du diable. Il est difficile pour un esprit rationnel de comprendre comment le diable, un ange déchu pour utiliser une terminologie imagée, peut induire des conséquences sur la santé mentale et physique d’une personne possédée et influencer son comportement.

Dieu et le diable sont inséparables, comme le Ying et le yang, le bien et le mal, la lumière et l’obscurité. Les méthodes de diagnostic d’une possession par le diable se retrouvaient dans un manuel spécifique, le « Malleaus Maleficarum » dont les auteurs étaient des jésuites.  Un vrai best-seller, qui verra 36 éditions entre 1487 et 1669. Largement en usage au 16e et 17e siècle, autant chez les protestants que chez les catholiques il permettra de faire tourner les bûchers à plein régime. Les économistes Peter Leeson et Jacob Russ de la « Georges Mason University » en Virginie, prétendent que l’activité des tribunaux ecclésiastiques était le reflet d’une concurrence entre les églises catholiques et protestantes pour la conquête de parts de marché religieux.

Les démonologies des deux courants religieux étaient très proches sinon identiques. L’Allemagne représente 40 % de ces procès suivis de l’Écosse où divers courants protestants s’affrontaient. Entre 1550 et 1700, plus de 80.000 personnes ont été jugées dont la moitié exécutée sur le bûcher. Ils constatent que dans les aires géographiques où la concurrence entre protestant et catholiques était la plus forte on brûlait plus. Dans le dictionnaire des démons, l’Américaine Michelle Belanger, démonologue autoproclamée, s’est donnée la peine de recenser plus de 1700 démons. Il y en a pour tous les goûts.

Les démons toujours à la mode

L’approche du phénomène a changé au sein de l’église. Seuls deux pour cent des cas qui consultent, relèvent d’un exorcisme, les autres plutôt de la psychanalyse ou su secours moral. En Belgique, où un exorciste, un purificateur des âmes, existe dans chaque diocèse « les demandes d’exorcisme émanent de toutes les catégories sociales. II s’agit d’adultes qui sont en manque de repères. Il y a des croyants, des non-croyants. Le centre d’accueil Saint-Gabriel, à Bruxelles, reçoit même des demandes de musulmans. En Islam les diables sont les jinns avec leur chef Iblis, le grand Satan. Ces centres d’accueil sont animés par le prêtre exorciste, mais aussi des religieux qui ont reçu une formation pour ce type de problématique, des médecins, des psychologues. » Une saine multidisciplinarité semble aujourd’hui prévaloir en la matière.

En France le nombre d’exorcistes de l’église est passé d’une trentaine en 1984 à 120 en 2022. Le diocèse de Metz le mentionne sur son site. Luxembourg n’en parle pas, il n’y a probablement pas de besoin…