Derrière Roseanna, il y a Roxane Thiéry et Anne-Fleur Broudehoux. Trentenaires et Parisiennes, les deux amies d’enfance ont fondé le label en 2008 en mixant avec classe leurs univers. Du style rock de Roxanne et celui, plus féminin, d’Anne-Fleur est née la femme Roseanna. Rencontre avec Anne-Fleur.

 

Ne pas faire les choses comme les autres. Point de précipitation. De la réflexion, un projet mûri, abouti, qui leur correspond… Chacune des nouvelles étapes de leur aventure arrive à point nommé. Comme cette première boutique parisienne, ouverte en 2016, après deux années à plancher sur le sujet. « Il a fallu trouver LE lieu parfait. Et puis, comme nous aimons bien faire les choses, nous voulions achever d’autres projets avant de nous lancer dans celui-ci. Finalement, le temps a joué en notre faveur, et cette ouverture coïncidait avec le moment où il fallait asseoir notre marque, lui apporter un nouvel élan, un peu avant d’en fêter les dix ans. » Cette première adresse, située dans le 3e arrondissement, les filles l’ont voulu à leur image, et en harmonie avec leurs valeurs : la proximité, l’amitié, la simplicité. « Nous désirions avant tout recevoir nos clientes ‘chez nous’. » Au rez-de-chaussée se trouve le joli showroom, tandis que l’étage abrite les bureaux de la team Roseanna. Une équipe qui, comme elles, comme leurs fans, a bien grandi depuis les tout premiers maillots de bain. « Nous venons d’embaucher notre premier homme ! Pour la parité, on repassera, mais on s’y attelle (rires) » se réjouit Anne-Fleur.

Cette année, Roseanna célèbrera sa première décennie. « Une aventure extraordinaire, pleine de challenges, d’idées. On s’est bien amusé, c’est passé si vite. Trop vite, presque », confie-t-elle en riant. Pétillante brunette dont les cheveux sont relevés en chignon flou et les lèvres laquées de rouge vif, Anne-Fleur Broudehoux sait sa chance de vivre au quotidien cette belle aventure et en savoure chacun des instants.

Créer une panoplie pour les femmes

Il était une fois… Roseanna, une petite maison qui se lance à l’assaut de la mode avec un vestiaire beachwear. Suivi d’une ligne homewear. « Quand nous avons commencé à réfléchir sur notre toute première collection, nous avions choisi d’habiller une femme pour une journée à la plage. Puis pour une journée à la maison. Un peu comme si on lui dessinait une panoplie complète, tout ce dont une femme a besoin au quotidien. Cette façon de travailler est restée, et chaque collection donne naissance à la création d’un nouvel univers. La lingerie, les maillots de bain sont des accessoires comme des autres, ils font partie intégrante de notre ADN. Voilà pourquoi on les retrouve à chaque fois. »
Ainsi, le style Roseanna se caractérise par un naturel savamment étudié, le résultat d’une délicate alchimie entre sophistication et coolitude, élégance et sportswear. Un jeu d’équilibriste spontané, pile dans l’air du temps. Depuis dix ans.

Une seule obsession à confesser ? Les imprimés qui, résolument, signent l’identité de la marque. « Nous pensons la mode, le vestiaire féminin comme un jeu, une façon de s’amuser. Nous nous situons à contre-courant des tendances minimalistes et les motifs occupent donc une place prépondérante sur nos moodboards. Nous collaborons beaucoup avec la maison Liberty, à Londres. La dentelle et le jacquard reviennent aussi régulièrement. Les tissus, les matières et leurs aspérités sont également, souvent, une bonne source d’inspiration. Que ce soit la matière ou l’imprimé, ce sont toujours eux qui nous inspirent d’abord, pour dessiner une pièce. »

Raconter et vivre des histoires

Chaque saison, le vêtement devient alors le protagoniste principal de l’histoire que souhaitent raconter les créatrices. Partager leurs inspirations est en effet fondamental pour elles, afin que les clientes vibrent et ressentent des émotions, et qu’elles aussi contribuent à écrire l’histoire de Roseanna.

Anne-Fleur et Roxanne ont en effet mis un point d’honneur à tisser une relation profonde avec elles, qui leur sont restées fidèles et qui ont grandi à leurs côtés. « À présent, la cliente Roseanna est plus affirmée, plus mature. Plus femme, quoi (rires)! Mais toujours affranchie et libérée des tendances. Nous n’envisageons pas de créer des vêtements, juste pour qu’ils soient jolis. Les femmes doivent vivre et aimer en les portant. Bien s’y sentir. Se reconnaître. Cela va de pair avec notre idée de panoplie. Plus qu’une collection, nous imaginons un lifestyle comme un nouveau passeport pour le bonheur. »

Une façon, pour elles, de promouvoir la féminité. Voire le féminisme ? Oui, mais à leur échelle et avec leurs moyens. « Faire passer un message, ok, si cela est bien fait, avec une réelle idéologie derrière. Je ne vois pas l’intérêt de revendiquer sur un t-shirt qu’on est féministe. Ou qu’on ne l’est pas, d’ailleurs. De grandes maisons peuvent le faire, car elles ont la force de frappe pour. La médiatisation. J’aime l’idée d’habiller les femmes et, ainsi, de leur procurer un peu de bonheur chaque jour. Le reste de me concerne que très peu » avoue Roxane.

En marge des tendances et des courants ? Complètement. « C’est un peu comme le fait de faire fabriquer en France. En 2008, quand nous avons lancé la marque et que nous le revendiquions, cela n’intéressait personne. À présent, si vous faites produire en Europe ou – pire – en Asie, c’est tout juste si l’on ne vous taxe pas de crime contre l’humanité ! À l’heure actuelle, 50% de notre prêt-à-porter est fabriqué en France, les matières proviennent à 95% d’Italie, un peu de France. Parfois, nous allons jusqu’au Japon, pour dénicher des étoffes spécifiques. Tout cela représente un coût. Notre ambition est de bien faire les choses. Nous choisissons donc nos collaborateurs en fonction de leur savoir-faire, et non de leur position géographique. Il faut faire les choses en réfléchissant, et pas dans l’excès ou en suivant juste les diktats imposés par la société. Quand on reste fidèle à ce qu’on fait et qu’on est véritablement sincère, les choses se font naturellement. »

Créatrice, chef d’entreprise, maman, Anne-Fleur entend surtout vivre tout, à fond. « Mon métier est ma passion, mais mes enfants le sont aussi. Je ne veux pas culpabiliser de continuer à m’investir. Chaque jour est un véritable plaisir, même si cela demande une bonne organisation. J’ai aussi la chance d’avoir un mari génial, qui peut prendre le relais quand je dois rester au bureau. Alors quand je suis en famille, je le suis à 100%. Idem pour mon travail. Et de voir leur maman heureuse et épanouie est déjà une première pierre pour leur bonheur à eux. D’ailleurs, ils adorent venir dans les bureaux de Roseanna. Heureusement, car je les y emmène depuis qu’ils sont tout petits. »

Résolument, Anne-Fleur vit cette belle aventure entrepreneuriale et créative intensément et n’a qu’un souhait : «  continuer à vibrer de la même manière tout au long de la prochaine décennie. » Roseanna n’est pas prête d’avoir fini de vivre de belles aventures !