Depuis ce mercredi 3 novembre à 9h22, les femmes travaillent “gratuitement” jusqu’à la fin de l’année. Calculée par la newsletter féministe Les Glorieuses, cette estimation symbolise l’écart salarial homme-femme qui perdure dans notre pays.

Si vous êtes une femme et que vous vivez en France, considérez que vous travaillez gratuitement depuis ce mercredi 3 novembre à 9h22. L’idée vous semble incongrue, voire choquante ? Cette estimation symbolise pourtant l’écart salarial hommes-femmes qui persiste dans le pays.

À l’origine de cette date coup de poing, Rebecca Amsellem, docteure en économie et fondatrice de la newsletter Les Glorieuses, qui renouvelle ce calcul depuis six ans en se basant sur des données Eurostat. En 2016, les femmes étaient invitées à quitter leur travail et descendre dans la rue le 7 novembre à 16h34 pour défendre l’égalité salariale. En 2020, cette échéance tombait le 4 novembre à 16h16.

Les inégalités salariales stagnent depuis des années. Elles se sont mêmes creusées en l’espace d’un an, puisque l’écart salarial en 2021 s’élève à 16,5%, soit un point de plus qu’en 2020 (15,5%).

Revaloriser les professions féminines

En cette fin d’année 2021 et à moins de six mois de la Présidentielle 2022, Les Glorieuses jouent la carte politique en proposant aux candidates et aux candidats de s’emparer de trois mesures précises. À commencer par celle de revaloriser l’ensemble des professions représentées en majorité par les femmes : les infirmières (près de 90%), les sages-femmes (97%), les enseignantes (environ 70%) ou encore les hôtesses de caisse (environ 90%).

Des professions indispensables à la société (comme la pandémie n’a pas manqué de le rappeler), mais paradoxalement peu considérées par la société, exercées dans des conditions de travail difficiles et mal rémunérées. “Ces emplois de soin et d’éducation, très féminisés, ont été cruciaux ces deux dernières années pour la France. Une réévaluation économique de toutes les professions à prédominance féminine est indispensable, et ce, sans plus attendre“, martèle Rebecca Amsellem. 

Selon un rapport du Forum Économique Mondial publié en mars 2021, la pandémie a contribué à creuser davantage les inégalités de genre qui ont augmenté de 0,6 point au niveau mondial, au détriment des femmes. Sur les 156 pays inclus dans l’étude, la France arrive au 16e rang des nations où les inégalités économiques entre les hommes et les femmes sont les plus importantes. 

Appliquer le principe “d’éga-conditionnalité” dans les entreprises

La pétition des Glorieuses insiste également sur la nécessité d’instaurer un congé parental payé de manière équivalente pour les deux parents, à l’instar de la Suède, afin que les hommes et les femmes puissent bénéficier d’un congé de même durée.

L’activiste rappelle également l’importance de faire appliquer le principe d’éga-conditionnalité dans les entreprises. Soit le fait d’accorder des subventions publiques aux entreprises, à condition que ces dernières respectent l’égalité salariale au sein de leur structure. “Cette première mesure, qui ne coûte rien de plus à l’État, permet de s’assurer que le budget alloué par les fonds publics n’accentue pas les inégalités“, souligne Rebecca Amsellem.