Si Hermès a placé sa collection de prêt-à-porter féminin sous le signe d’une “liberté à réinventer”, avec des dos nus à foison, des brassières et bodys échancrés révélant les hanches, rejoignant ainsi la rébellion des lycéennes françaises contre les “tenues correctes”, Isabel Marant quant à elle, voyait la vie en rose le temps d’un défilé à Paris, où tout était permis.

En plein air, comme la plupart des défilés “physiques” de la Fashion week à Paris, dans un somptueux décor au pied des colonnes du Palais royal, tout brille et scintille, et le rose est la couleur phare de cette collection du prêt-à-porter.

Elle se décline en tenues de sports des acteurs qui investissent le podium, puis s’enfuient en courant. Les mannequins portent aussi le rose dans toutes ses nuances, uni ou dans des imprimés.

Les ensembles crop top/pantalon ou veste ample/micro short et les mini-robes se portent tantôt avec des sandales à talon, tantôt avec des santiags.

Les looks avec l’abondance de sequins sont festifs et décontractés et instillent l’ambiance boîte de nuit oubliée en six mois de pandémie, ou de bars à cocktails menacés de fermeture à cause de la dégradation de la situation sanitaire. Mais sur le podium, on fait des acrobaties à plusieurs et on danse à deux, comme s’il n’y avait plus de “distanciation”.

Pour une poignée d’invités -les défilés se déroulent en nombre restreint pratiquement sans invités étrangers-, sont prévues des couvertures car la semaine de la mode coïncide à Paris avec la semaine des pluies. Chez Isabel Marant, la couverture n’est pas noire, mais argentée et une fois dépliée rappelle les boules à facettes des discothèques.

Sensualité retrouvée

Chloé, qui a présenté sur l’esplanade du Palais de Tokyo sa collection “Une saison d’espoir” a également fait la part belle au rose dans des blouses, longues robes ou pulls en mailles. La collection dessinée par Natacha Ramsay Lévi explore une réalité transformée dans une mise en scène à la fois digitale et physique, où les émotions dialoguent avec leurs représentations.

Les images de looks filmés dans les rues de Paris sont projetées sur trois écrans avant le début du défilé, le défilé y est ensuite retransmis alors que les mannequins se regroupent et discutent en haut de l’escalier.

Même l’avant-gardiste américain Rick Owens, maître des mises en scènes post-apocalyptiques, a glissé des touches de rose “bubble-gum” dans ses pièces filmées à Venise pour une présentation de la collection diffusée jeudi. Fidèle à la pureté de sa ligne et son élégance tranquille, la maison de luxe française a mis cette saison l’accent sur la “sensualité retrouvée” d’un corps qui “ne se dérobe pas”, selon la note d’intention du défilé samedi à Paris.

Sophistiqués et nullement provocants, les bodys noir ou couleur chair, laissant découvrir le dos et la taille, sont portés sur des jupes en cuir en-dessous du genou.

No bra

Sur le podium, le nombril se devine sous les couches d’un tailleur et manteau en cuir bordeaux, même si cela n’a rien à voir avec le crop top/jean que nombre de collégiennes et lycéennes ont enfilé mi-septembre dans le cadre d’un flash mob à travers la France contre les “tenues correctes” exigées.

Dernier rebondissement en date, la publication d’un sondage réalisé dans le sillage de cette mobilisation qui demandait si les Français souhaitaient que les établissements interdisent le port de certains vêtements jugés provocants dont “les décolletés”, les hauts portés sans soutien-gorge (“no bra”) ou les “crop tops”, laissant voir le ventre. Plus de la moitié des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative.

L’actrice hollywoodienne Sharon Stone, qui a donné le coup d’envoi de la Semaine de la mode parisienne lundi, a appelé les créateurs à penser à une “représentation plus juste des femmes fortes et émancipées d’aujourd’hui”, dans une vidéo.

“L’obsession” de la collection Hermès printemps-été 2021, dessinée par Nadège Vanhee-Cybulski, est le tablier qui descend jusqu’à la poitrine et se transforme en pantalon laissant une bonne partie du haut du corps nue. “Une seconde peau sensible qui respire et s’affirme”, explique Hermès.

En nous sachant “vulnérables” face à la crise, Hermès propose des “armures”, à la fois légères et aériennes, faites en maille et en cuir qui se glissent sur des mini-robes moulantes, ton sur ton.

Bijoux sensuels

La femme Hermès garde les pieds sur terre dans des sabots en couleurs naturelles imaginés par Pierre Hardy. Le créateur en charge de la maroquinerie et de la bijouterie chez Hermès a présenté mercredi sa nouvelle collection de haute joaillerie, également autour de la sensualité.

“Je suis parti de ce qui se passe entre le corps et le bijou, comment le bijou peut revenir à la rencontre du corps ou en prendre soin”, a expliqué Pierre Hardy à l’AFP.

La collection a été présentée dans une salle noire, qui s’éclairait légèrement lors de la projection d’un film mettant en scène des femmes parées de ces bijoux, dans des vêtements simples et au bord de la mer. Graphiques ou fluides comme un collier ou un bracelet en or et diamants, ces pièces sont “des manifestations en pierres et or” des émotions ou des gestes et se fondent avec la peau.

“Traditionnellement, le bijou était quelque chose fait pour les autres, un marqueur, un signe hiérarchique, de pouvoir. Aujourd’hui, on est très loin de cela. Les femmes ont un rapport très personnel avec les bijoux d’où les formes qui épousent”.

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