« Les hommes et les femmes seraient-ils égaux ? » ; « La planète serait-elle protégée ? ». Ce lundi, Maria Grazia Chiuri, Directrice Artistique de la maison Dior, accompagnée de l’artiste féministe, Judy Chicago, posaient ensemble les bonnes questions à l’occasion de ce nouveau défilé, aussi féminin que féministe.

La créatrice italienne reste fidèle à elle-même. De cette première collection où elle mit à l’honneur l’autrice Chimamanda Ngozi Adichi et son « We Should All Be Feminist » à ce dernier défilé pour lequel elle invita l’artiste Judy Chicago, Maria Grazia Chiuri donne le ton et s’engage plus que jamais pour les femmes, dans un univers qui souvent les malmène. Ainsi, elle s’efforce de faire rimer couture et savoir-faire avec féminisme et féminité. Parce qu’il est encore – trop – rare de voir une femme officier au poste de Directrice artistique, Maria Grazia Chiuri n’hésite pas à s’engager et profite de cette place pour faire passer le mot. « Collaborer avec Judy est aussi un moyen de dire aux jeunes femmes qu’il existe des références dans l’art et la mode pour les femmes – des personnes qui les ont précédées. Vous pouvez le faire, votre vie n’est pas prédéterminée. Je suis très heureuse d’être mère mais ce n’est pas la seule chose que je suis », explique la créatrice italienne.

« Le pouvoir des femmes n’est pas seulement dans la reproduction, mais aussi dans la création »

Exit donc la Haute-Couture trop précieuse, celle imaginée par la créatrice italienne est emplie d’empowerment et de bienveillance. « Le pouvoir des femmes n’est pas seulement dans la reproduction, mais aussi dans la création », explique-t-elle à l’AFP. En faisant appel à l’artiste féministe Judy Chicago, elles ont imaginé ensemble un ventre de déesse où les invités rentraient par le sexe et au sein duquel les mannequins évoluaient entre les banderoles, vêtues de robes drapées en mousseline, pareilles à des vestales.

Pour réaliser ses looks, la Directrice Artistique s’est inspirée des représentations classiques des déesses à l’instar d’Athéna. Son allure majestueuse, une allégorie néoplatonicienne de la beauté, est magnifiée par des œuvres iconiques comme la Victoire de Samothrace ou encore Le Printemps de Sandro Botticelli, conjuguant force intellectuelle et harmonie esthétique. Motifs essentiels de cette collection : des épis de blé, dorés et nourriciers, rappellent une fois encore l’inaltérable puissance créatrice des femmes. Revenir aux origines de ces parures antiques prolonge l’interrogation « Are Clothes Modern? » – fil d’Ariane du processus créatif de Maria Grazia Chiuri – tout en sublimant les codes de Dior. Ces nouvelles réinterprétations se colorent d’une palette merveilleuse et sont embrassées par des cordons tressés.

Installée dans les jardins du Musée Rodin, The Female Devine, l’oeuvre créée par l’artiste américaine interroge le lien entre production et création :  « Nous y entrons de la façon dont nous sommes sortis pour venir au monde », explique l’artiste. L’installation sera visible et ouverte au public la semaine prochaine.