©Gouvernement.lu Conférence de presse concernant le cluster d’infections COVID-19 au CIPA “Um Lauterbann” à Niederkorn
Texte par Fabien Grasser

L’opposition a unanimement demandé la démission de Corinne Cahen, à l’issue d’un débat houleux à la Chambre des députés, jeudi. La ministre de la Famille est mise en cause dans la gestion de la crise sanitaire dans les maisons de retraite où sont recensés près de la moitié des décès du Covid-19 enregistrés dans le pays. 

Le CSV, l’ADR, Déi Lénk et les Pirates ont fait bloc jeudi à la Chambre des députés pour demander la démission immédiate de Corinne Cahen et l’ouverture d’une étude indépendante et externe sur la gestion du coronavirus dans les maisons de retraite: sur 749 décès imputés au Covid-19 depuis le début de la pandémie, 328 ont en effet été enregistrés dans les résidences pour seniors. 

La charge, menée par le député chrétien-social Michel Wolter, a pour origine la révélation du cluster apparu dans la maison de retraite « Um Lauterbann » à Niederkorn, où 22 résidents sont décédés du Covid-19 depuis le début de l’année. Près d’une centaine de pensionnaires et membres du personnel y ont en outre été testés positifs. Les décès semblent être intervenus après une opération de vaccination des pensionnaires. 

Face à une polémique grandissante, la ministre de la justice avait reconnu le 23 mars que 53 clusters ont été détectés depuis un an dans les maisons de retraite (plus de 5 cas connus sur une période de deux semaines). 

Erreurs d’appréciation

Corinne Cahen « n’est pas la bonne personne au bon endroit », a affirmé, jeudi, Michel Wolter, le député-maire de Bascharage estimant qu’il s’agit de déterminer si la ministre a commis « des erreurs d’appréciation » dans la gestion de la crise sanitaire dans les maisons de retraite. « Nous avons besoin de quelqu’un qui s’engage davantage pour les plus vulnérables », a-t-il insisté, alors que les personnes âgées sont les plus exposées au danger du virus. 

Le député ADR Fernand Kartheiser a, pour sa part, jugé normal pour l’opposition de demander à Corinne Cahen de démissionner alors que « la majorité n’est pas prête à jouer la carte de la transparence ». Il a encore reproché à la ministre son manque d’assiduité lors des débats menés sur les lois Covid à la Chambre. Jeudi, les députés étaient appelés à voter la 11e loi Covid en un an. 

Obstruction systématique

Déi Lénk et Pirates ont dénoncé l’obstruction systématique de la majorité dès lors que la Chambre veut jouer son rôle de contrôle de la gestion gouvernementale, empêchant systématiquement la création de Commissions d’enquête parlementaire sur des affaires sensibles.

Corinne Cahen s’est défendue pendant une vingtaine de minutes, égrenant les recommandations adressées par son ministère aux gestionnaires des maisons de retraite, et s’est dite également favorable à une étude. La ministre de la Famille a bénéficié du soutien appuyé de sa majorité. Les députés et chefs de fraction Josée Lorsché (dei gréng), Georges Engel (LSAP) et Marc Baum (DP) ont exprimé leur confiance à la ministre et qualifié « d’indécent » le procédé de l’opposition. 

Ancien ministre de la Santé, le député socialiste Mars Di Bartolomeo a estimé que l’étude exigée par l’opposition ne pourra être efficace qu’en associant les ministères incriminés, les seuls à disposer de toutes les données à même de faire la lumière sur ces décès. « Maintenant on a une étude dans laquelle les ministères concernés et sans doute responsables doivent être associés. C’est une blague ! », a rétorqué David Wagner (Déi Lénk). 

Au terme de plusieurs heures de débats orageux qui se sont prolongés au-delà de 20 heures, la majorité DP, LSAP et déi gréng a rejeté par 31 voix sur 60 les deux motions présentées par l’opposition. Corinne Cahen ne démissionnera pas et l’étude diligentée sera menée en étroite association avec les ministères de la Famille et de la Santé. 

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