Vendredi 8 mars était jouée au Théâtre Municipal de la ville d’Esch-sur-Alzette Libres ou presque. Cette pièce de théâtre, mise en scène de façon très originale par Raymond Aquaviva, est écrite et jouée par Jean Franco et Guillaume Mélanie. Récit d’un soir au théâtre…

Paris 1942. Moïche porte l’étoile jaune tandis qu’André porte le triangle rose. Alors que rien ne prédispose ces deux hommes, que pourtant tout oppose, à se rencontrer. Et pourtant, leurs destins vont être liés… Bien malgré eux ! André, grand et nigaud, a réussi à s’emparer de costumes allemands, se retrouve menotté avec Moïche, petit et bougon. Tous deux se retrouvent alors emprisonnés dans les locaux de la Gestapo, l’un, parce qu’il juif et l’autre, parce qu’il est homosexuel. Ils vont ainsi réussir à s’enfuir, tenter de traverser cette France occupée pour rejoindre la zone libre.  On assiste alors à la naissance d’une amitié aussi contrainte qu’improbable. En effet, malgré leurs différences, on les voit au fil des jours devenir complices et s’attacher l’un à l’autre.

Un sujet grave traité de façon légère

Ce duo d’acteurs drôles et touchants, malgré la thématique tragique, fonctionne à merveille et nous entraîne avec eux dans leur traversée de cette France dangereuse. Les deux compères parviennent à mettre en persepective leurs péripéties d’alors pour aborder un sujet, hélas encore d’actualité : celui des minorités persécutées, de l’acceptation de l’homosexualité, de antisémitisme, de la crainte de l’autre…

La mise en scène de Raymond Aquaviva est originale grâce à une scénographie parfaitement exécutée poussée à l’extrême, qui utilise tous les médias. Nous avons droit à des bruitages et des vidéos, mêlant photos et dessins. Grâce à son duo d’acteurs et cette mise en scène tonitruante, Libres ou presque n’est pas sans nous rappeler le facétieux duo de La Grande Vadrouille (campé par Louis de Funès et Bourvil, ndlr.). Cette réussite est encore due aux beaux décors de Caroline Lowenbach, clin d’œil cinématographique à la pièce, et aux costumes de Regina Gothe, qui n’ont pas manqué de nous faire rire également.

Une pièce attachante, drôle et émouvante.

Karin Santer.