Hier soir et ce soir, petite séance de rattrapage pour ceux et celles qui auraient manqué les premières représentations du Dom Juan de Myriam Muller.

Le décor évoque l’univers d’une série B, voire les années 80… Canapé, mini-bar, fauteuil de cuir noir cerclé de tubes en acier. Le premier acte débute avec un morceau tonitruant de techno. Dom Juan porte un masque – très forte connotation SM – et un peignoir de satin bleu. On songe à DSK. On songe à Edouard Stern.

Le ton est donné, le Dom Juan de Myriam Muller tire son essence des pires scélérats de notre époque. Si nous pouvons dès alors nous attendre à une revisite complète de l’œuvre de Molière, les premières répliques, elles, nous replongent fidèlement dans le texte du dramaturge français du XVIIe siècle, créant un décalage subtil, mais qui réussit à accrocher, même les plus réticents. J’avoue, j’en fais partie.

Emportée par Jules Werner, qui campe un Dom Juan libidineux à souhait, et Valéry Plancke, aussi drôle qu’émouvant dans son rôle – majeur – de Sganarelle, la mise en scène de Myriam Muller nous invite à repenser la pièce de Molière dans son intemporalité. Oui Dom Juan est ce vil libertin qui transgresse tous les codes moraux, séduit les femmes, déshonore les familles, outrage les frères, mais plus que tout se rit de la morale et de la question de Dieu. Autant de thèmes qui, s’ils sont ancrés dans leur temps – la pièce date de 1665 –, trouvent leur résonnance dans l’interprétation qu’en livre la metteur en scène luxembourgeoise.

Perpétuellement sur le fil, la comédie se mue en tragédie d’un instant à l’autre, au gré d’une mise en scène très technique et savamment orchestrée – musique d’outre-tombe à l’appui – qui rythme la pièce. Du dénouement que l’on sait funeste, l’on vous dira qu’il vous prend aux tripes, grâce à la performance de Valéry Plancke, qui décidément nous a conquis par sa justesse de ton, sa facétie grave qui nous font pardonner les deux ou trois allusions vulgaires qui n’apportent rien de plus à la pièce.

Dom Juan, le 6 janvier à 20h au Grand Théâtre.

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Crédit photo: ©Bohumil Kostohryz