Texte par Cadfael

La libre circulation des biens et services, une des valeurs fondatrices de l’Europe, a disparu : les autorités françaises ne laissant pénétrer personne sur leur territoire sans raison valable, les Allemands ne font guère mieux et les Belges, contrôlent à tout va, amendes lourdes en bonus. Ainsi va la vieille Europe, celle des six pays fondateurs, desquels on attendait une attitude plus conforme à l’esprit et à la lettre des traités. Seul le Luxembourg s’en sort honorablement à cette date anniversaire de la déclaration de Schuman.

Samedi dernier, la Journée de l’Europe, se déroulait dans une ambiance bizarre. Ce jour marquait le 70e anniversaire de la déclaration de Robert Schuman, alors ministre des affaires étrangères chez nos voisins français. Son parcours de politicien agile le prédestinait à devenir un connaisseur hors normes des relations européennes et particulièrement celles liant au delà des guerres, la France et l’Allemagne. Sur le site de l’Union Européenne, 70 ans de solidarité étaient célébrés. Une solidarité qui est en soins intensifs et qui sera difficile à ressusciter. La libre circulation des biens et services, telle qu’elle semblait acquise, et avec elle un mode de vie et de pensée, a disparu sans oppositions notables de la part d’une Commission européenne aux abonnés absents.

Berlin en indélicatesse avec Bruxelles ?

Au même moment, selon le Spiegel, Mme Merkel abandonnait une partie de son pouvoir politique en laissant les Länder eux-mêmes, régler le déconfinement, un changement de paradigme dans la gestion des affaires de la République fédérale où la main de fer de Berlin est omniprésente. Coïncidence ? presque au même moment la Cour de Justice Constitutionnelle de la RFA déclarait les rachats de dettes pour des montants de plusieurs milliards par les Banque Centrale Européenne comme contraire à la constitution allemande ; le bon élève de l’Europe se rebellerait-il ? A cela, la Commission européenne, présidée par une protégée de Mme Merkel, menace Berlin d’une une procédure devant le Cour de Justice européenne. Affaire à suivre plus pour ses répercussions politiques que des pays comme la Pologne sauront exploiter que par ses aspects juridiques.

L’argent, le nerf de la guerre

Petit moment de jubilation lorsque la présidente de la Commission européenne annonçait que son initiative d’une recherche commune européenne en faveur d’un vaccin où d’un médicament avait rapporté plus de 7,4 milliards d’euros en levée de fonds lors une sorte de téléthon international. Madonna s’y est mis avec un million d’euros, la fondation de Bill Gates a promis 100 millions, la France 500 millions, l’Allemagne 525 millions et Trump zéro car les Etats-Unis étaient absents. D’autres donateurs du monde entier, privés et publics ont mis la main au portefeuille. On notera qu’Erna Solberg, Premier Ministre de Norvège, a fait participer son pays avec 1.2 milliards d’euros. La Norvège est également un des grands contributeurs de GAVI, une ONG suisse, privée-publique, où depuis sa fondation, la Norvège a donné plus d’un milliard de dollars. Le but de cette ONG est de créer des synergies entre ce qui se fait de mieux parmi les grandes agences de l’ONU, les gouvernements, l’industrie des vaccins, le secteurs privé et la société civile afin d’ouvrir l’accès aux vaccins aux plus pauvres.

En ce qui concerne le Téléthon de Bruxelles, il faut préciser que pour l’instant ce sont des promesses de dons et rien n’est précisé sur la forme que cette mutualisation allait prendre. Ne nous leurrons pas, les enjeux sont énormes, tant sur la plan de la santé publique que sur celui et des marchés commerciaux. Lorsque l’on connait la lenteur et la complexité des processus de décision de Bruxelles et que l’on sait que la course aux vaccins et aux médicaments est ouverte sur un plan mondial depuis quelque temps déjà, et que huit unités de recherche sont actuellement au stade des essais cliniques, on jugera l’action de Bruxelles sur pièces.

Trump et Warp Speed

Comme l’agence Bloomberg le notait sur son site, le président Trump a fait du développement d’un vaccin une cause stratégique nationale. La BBC dans une information du 1er mai, informe que le nom de code cette stratégie est « Warp Speed » du nom d’un jeu vidéo. Selon l’OMS, il y a environ 70 entités différentes, sans coordination aucune, qui cherchent a développer un vaccin. Trump veut raccourcir le temps nécessaire au développement afin d’avoir un vaccin avant fin de l’année. Il a mis a disposition des laboratoires de l’armée afin de mutualiser les essais et ainsi gagner un temps précieux. “Selon le Spiegel de ce jour, les calculs de Trump semblent lui donner raison.

Le groupe français Sanofi France, par la voix de Paul Hudson, le président de son Conseil d’administration, a fait savoir que les Etats-Unis seraient les premiers auxquels le vaccin serait livré car ils ont soutenu financièrement le groupe.” L’université d’Oxford, selon des informations publiées récemment, semble très proche d’un résultat. Des tests effectués aux USA sur des singes ont prouvé leur efficacité à 100%. La Melinda et Bill Gates fondation ont basculé le gros de ses fonds de recherche sur la découverte d’un vaccin. Selon des récentes déclarations de presse, leur vaccin pourrait être prêt dans un an. Pour mémoire, le capital de la fondation se monte à 40 milliards.

Beaucoup de candidats pour la pêche aux renseignements

La BBC et Bloomberg confirmaient le 1er mai, des informations publiées sur des sites spécialisés, expliquant que le directeur de la NCSC, une des agences américaines active en matière de contre- espionnage, avait lancé un avertissement aux sociétés actives dans la recherche médicale. Il s’agit de se blinder contre des agences étrangères qui seraient enclines à voler les résultats de leurs recherches en précisant que de multiples services étrangers, y compris ceux de la Chine communiste, visaient des informations sur ce qui se passait en la matière aux Etats-Unis.

Toujours selon la BBC, d’autres services comme ceux du Canada ou du Royaume-Uni avaient lancé le même type d’avertissement à leurs unités de recherche. Les canadiens auraient même précisé que le vol de d’informations était susceptible de se faire avec des moyens informatiques sophistiqués par des unités de hackers au service de divers Etats. Le New York Times précise que l’Iran, la Corée du Sud et le Vietnam s’y mettent également. N’en concluons pas pour autant que les agences de renseignements européennes sont composées de Bisounours. Leur raison d’être est de veiller à la défense des intérêts de leurs états respectifs et selon la BBC en tout ce qui se passe en Chine et ce qui a trait aux vaccins et aux traitements contre le Covid est bon à prendre. A chacun son shopping.

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