En 2010, Marc Bemtgen a confié les clés de son agence immobilière, Immo & Conseil, à sa fille Claudine Schwartz-Bemtgen. Après des débuts qu’elle juge sportifs, la jeune femme de 38 ans a su se faire une place dans le paysage immobilier luxembourgeois. Rencontre.

Depuis quand êtes-vous à la tête d’Immo & Conseil ? Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier ?

Notre entreprise Immo & Conseil existe depuis 2002. Nous fêtons d’ailleurs nos 20 ans dans quelques jours, le 13 du mois. L’agence a été fondée par mon père. Nous nous sommes construits grâce au bouche à oreille et grâce au soin que nous portons à nos clients. J’ai repris les rênes de l’entreprise il y a presque 12 ans. Quatre après, mon mari m’a rejoint dans l’aventure. Pour être tout à fait honnête, je n’étais pas prédestinée à prendre la succession, j’ai d’abord fait des études d’arts plastiques pour devenir enseignante. Mais je n’étais pas heureuse, je me posais beaucoup des questions. Au même moment, mon père préparait son départ à la retraite. Nous avons longuement discuté et il m’a proposé d’entrer dans la société pour prendre le relais. Finalement, c’était un monde que je connaissais peu et diamétralement opposé à celui dans lequel j’évoluais. J’ai donc pris des cours pour voir si cela pouvait me plaire et me correspondre. J’ai immédiatement adoré l’aspect promotion. Il y a un côté très créatif dans ce métier qui me passionne grandement. Mes journées ne ressemblent pas du tout. Il faut constamment s’informer pour évoluer avec son temps. J’aime aussi beaucoup être en contact avec les gens.

Avec qui travaillez-vous ?

Je travaille seulement avec mon mari, et pour l’instant, nous ne le regrettons pas ! L’an dernier, nous avons déménagé à Schifflange. Auparavant, nous étions dans la maison de mes parents mais il fallait un peu couper le cordon. Mon père nous rend encore visite et nous accompagne dès qu’on sollicite son soutien. Son expertise et son opinion nous servent toujours. Nous allons d’ailleurs engager quelqu’un pour le 1er juin. Mais notre but n’est pas de devenir une grande structure. Nous souhaitons rester une entreprise familiale, proche des gens. Je ne veux pas avoir 20 employés. Notre ADN, notre atout dans le milieu, c’est d’être une agence familiale. Cela nous définit. Notre but n’est donc pas de revenir dessus. Nos clients veulent garder ce contact étroit. Ils me disent souvent : « si c’est vous qui vous en occupez du début à la fin, alors c’est bon ! ». Ils nous font énormément confiance.

Avez-vous rencontré des difficultés à vos débuts ?

Au début, c’était assez compliqué, je ne peux pas le cacher, surtout dans la branche promotion immobilière. J’étais une jeune femme débutante qui arrivait dans un milieu d’hommes, proche de la retraite. Vous imaginez bien l’accueil qu’ils m’ont réservé. Il faut se trouver et prouver la qualité de notre savoir-faire pour qu’ils nous prennent au sérieux. Désormais, il n’y a plus aucun souci. Nous travaillons ensemble depuis longtemps. Et puis vous savez, dans certaines sociétés aussi c’est une fille qui a repris la succession. Je rencontre donc de plus en plus de femmes au quotidien.

Être une femme, qu’est-ce que cela change ? Est-ce que cela a été un frein ?

Lorsque j’ai commencé, les hommes ne me regardaient pas. Ils échangeaient seulement avec mon père. Je faisais un peu la plante verte (rires).

Avez-vous reçu un quelconque soutien lorsque vous vous êtes lancée ?

Non, pas vraiment. Mon père est de la vieille école et son adage favori est : se jeter à l’eau pour apprendre à nager. C’est l’éducation que j’ai reçue. Parfois, c’était assez sportif mais les résultats sont d’autant plus beaux et valorisants ! Je me suis retrouvée dans l’inconnu, à des rendez-vous compliqués. Il était là si j’avais besoin mais il m’a poussé dans mes retranchements en m’envoyant seul à la rencontre des professionnels sur les chantiers. L’avantage dans ces moments-là, c’est que les personnes que je rencontrais me parlaient directement. Il n’y avait plus mon père, leur interlocuteur préféré. C’est assez normal, outre la question du genre, il est naturel de se tourner vers l’expérience. Aujourd’hui, j’ai fait mes preuves, mon savoir-faire prime.

Que conseillerez-vous à une jeune femme qui souhaite se lancer ?

Je lui conseillerais de croire en elle. Avec un bon savoir-faire, elle arrivera à convaincre même les plus sceptiques. Des journées seront moins satisfaisantes, mais c’est dans tous les métiers le cas. Il faut courir derrière la balle et ne jamais abandonner. Le travail finit toujours pas payer.