Quitter son Danemark natal et sa famille? Une hérésie pour Charlotte Lynggaard, qui perpétue la tradition joaillère familiale, aux côtés de son père, mais également de son frère. Peu importe où son travail l’emmène, c’est dans sa patrie, auprès des siens qu’elle revient pour se ressourcer. Depuis 1953, Ole Lynggaard Copenhagen – du nom de son aïeul, fondateur de la marque – s’est taillé un empire dans le milieu très fermé de la joaillerie et rayonne à l’international.
La jeune femme blonde dégage une énergie solaire. A l’image de l’or que l’héritière travaille, comme son père avant elle. Déroger à la tradition n’était pas pensable pour celle qui a toujours baigné dans la joaillerie fine. «La question ne s’est pas posée, c’était inné de perpétuer l’histoire de mes ancêtres. Nous avons toujours travaillé en famille. Ma mère, qui était professeur, aidait mon père et s’occupait de la rédaction des communiqués de presse. Mon frère, Soren, est aujourd’hui PDG de la société», nous confie Charlotte. Une passion que l’on reconnaît au savoir-faire et à la qualité à l’origine de la renommée de la maison, également fournisseur officiel de la Famille Royale du Danemark.
Pourtant son succès est discret. Il faut dire que, depuis ses débuts, le fil rouge de Ole Lynggaard Copenhagen est de créer des bijoux intemporels, que l’on se transmet en héritage, et s’éloigne ostensiblement des tendances et blockbusters que l’on s’arrache sur les tapis rouges. L’idée même de famille fait véritablement partie de l’ADN même de la marque. Les tendances, les modes et les diktats, Charlotte s’en moque. «La femme qui porte nos bijoux n’a pas peur de laisser s’exprimer sa personnalité, veut se démarquer en portant des pièces que l’on ne voit pas sur tout le monde. Elle se caractérise par son élégance, son charisme, son audace. La femme Ole Lynggaard Copenhagen a du caractère et le revendique.»
La nature et ses contrastes, qu’elle découvre au gré de ses voyages, lui procurent matière à créer. «L’inspiration me vient souvent d’un choc des couleurs, des styles et des métaux, du mélange de l’ancien et du contemporain, du sauvage avec l’élégant, de la simplicité avec l’audace… Je m’inspire beaucoup de mes voyages, des femmes d’autres cultures, de l’utilisation de différents matériaux et de la nature.» Les anneaux s’apparentent à des tiges de fleurs qui s’entrelacent autour des doigts et s’ornent de pierres fines. Elle aime autant les diamants que les pierres de lune, les tourmalines ou le corail dont l’aspect brut et tourmenté va de pair avec l’omniprésence de la nature. «J’adore les pierres. Toutes, elles me fascinent. Chacune a ses caractéristiques, ses propriétés. Et chacune est unique, chacune est dotée de sa propre histoire. Nous ne transigeons pas sur la qualité: nous nous approvisionnons dans le monde entier pour être sûr d’avoir les pierres les plus pures et les plus belles.» Autour de ces pierres d’exception, l’or toujours, dont la créatrice affectionne les possibilités infinies qui s’en dégagent, et l’incroyable malléabilité de ce matériau. «L’or est unique et différent à chaque fois. De par sa couleur ou ses finitions: satiné, rhodié ou mat… Les possibilités sont infinies. Et puis, j’ai toujours baigné dans cet univers. Il me serait impossible d’imaginer travailler un autre matière.»
Un amour qu’elle affiche en portant ses créations. Les pièces intemporelles, comme les dernières créations. Elle aime accumuler, mélanger, pour affirmer son propre style, ses codes. Et invite ses clientes à faire de même. «En ce moment, j’aime porter différents anneaux à tous les doigts, en mélangeant les styles, les pierres. Il ne faut surtout pas que ça soit lisse. J’adore les looks asymétriques, en dépareillant les boucles d’oreilles, par exemple.»
Choc des contrastes et nature lumineuse, Charlotte Lynggaard n’a pas fini de faire briller nos yeux.