Que dire de ces deux dernières années, mis à part qu’elles nous auront marqué à jamais, dans la chair pour certains, dans la tête pour d’autres, parfois même plus ? À l’heure où nous entamons les derniers sprints dans les magasins, où nous emballons les derniers présents, où nous réunissons la belle vaisselle, des infirmières, des médecins, des pharmaciens et une montagne de bénévoles continuent leur course épuisante dans les hôpitaux, sauvent de nouvelles vies tous les jours, réunissent des vaccins et mobilisent leurs forces pour protéger tous ceux qui sont heureux de se retrouver. Il est plus que jamais nécessaire de célébrer le “vivre ensemble”.

Nous devons penser à eux quand nous serrerons dans nos bras nos enfants, nos parents et nos grands-parents. Nous devons les protéger en nous protégeant nous-mêmes. Les croyances de chacun nous poussent à croire ou non la crise que notre société traverse. Et si nous ne pouvons juger, puisque le respect des opinions appartient à la liberté d’expression, les faits sont présents, autant que le virus. Plus que jamais. Aussi, il n’est pas acceptable de taxer de “collabos” ceux qui se font vacciner pour le bien commun, il n’est pas acceptable non plus de casser des vitrines, terroriser des familles au marché de Noël, ou prendre à partie des dirigeants au nom de cette liberté d’expression et de penser. “La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres»… et cette limite a trop souvent été franchie ces derniers temps. Pourtant, nombreux réticents se rendent compte aujourd’hui du danger qu’ils ont encouru en se nourrissant de théories du complot et appellent à la plus grande prudence. Car la vie n’a pas de prix.

Le vrai courage

Nous avançons tous avec peu de visibilité, mais nous avançons dans la même direction, à tâtons. Le plus beau voeu à formuler serait celui de se donner la main pour traverser cette période d’incertitudes, de questions et de tensions. Il est temps d’accepter que les 7,753 milliards d’habitants sur cette Terre n’auront jamais les mêmes avis, les mêmes priorités, ni les mêmes moyens, mais tous aspirent au même dessein : vivre, repousser les années autant que possible et faire mentir les statistiques. Plusieurs chemins mènent à ce projet commun, parfois ils se croisent ou s’éloignent. Certains sont une belle et grande ligne droite, d’autres sont vallonnés et même sinueux, beaucoup sont escarpés et semés d’embûches.

Des hommes, des femmes, des enfants se battent tous les jours pour faire de leur chemin le plus long possible. Ils traversent des mers, des montagnes, ils fuient des guerres, des catastrophes, ils subissent des chimios, des jugements, des violences, ils s’accrochent au moindre espoir, parce que si la vie n’a pas de prix, pour eux si, et ils y ont dépensé toutes leurs économies. Ces hommes, ces femmes, ces enfants sont partout autour de nous, ce sont nos parents, nos amis, nos soeurs, nos tantes, parfois il s’agit de nous. Voilà pourquoi il est essentiel de remettre en question son propre chemin quand cela est nécessaire, de mettre de côté ses privilèges et ses croyances, pour éclairer le chemin de son prochain. Oser donner la main à son voisin malgré toutes les divergences et différences qui habitent nos clôtures, ne serait pas ça le vrai courage ?

Ma liste au Père Noël

Il y a quelques années, alors que j’étais étudiante en école de journalisme, je réalisais un billet d’humeur, dans lequel je dressais une liste au Père Noël et où j’exprimais mon désir de devenir journaliste, mais aussi mes craintes d’évoluer dans notre société. Cette liste de souhaits m’apparait encore plus d’actualité aujourd’hui. Voici un extrait :

J’aimerais commander, de la cohérence dans les propos des hommes, de la communication et de la reconnaissance dans l’exercice de nos missions. Je souhaiterais qu’on arrête de prendre en otage la « liberté d’expression » pour prouver par A + B qu’elle est bafouée, mais qu’on s’exprime davantage pour la protéger et l’entretenir. Père Noël, je ne sais pas si tu peux faire ça, mais j’aimerais qu’on se rende compte ici, de la chance que l’on a de parler, de vivre et de crier. Je voudrais de tout mon cœur que chacun prenne conscience de la valeur des mots, de leur poids et de leur choix... Père Noël, j’aimerais plus d’ouverture d’esprit, plus de culture et moins d’arrogance. Je voudrais également plus de pertinence dans les médias et moins de polémistes pour donner de la voix. J’aimerais plus de vérification et beaucoup moins de précipitation.»

Retenir le positif

Aujourd’hui, et à l’orée d’une nouvelle année, je voudrais en retirer du positif. Car oui, même si les critiques sont toujours là, les polémistes aussi, cela va de soi, et les jugements omniprésents, je dois avouer que j’ai découvert aussi beaucoup de bienveillance, de solidarité et de volonté . J’ai rencontré des gens engagés, des femmes déterminées, des hommes concernés, des jeunes remplis d’espoir et des anciens reconnaissants. J’ai lu des mots encourageants, j’ai discuté avec des gens qui aimaient débattre sans chercher de victoire, j’ai vu des gens qui essayaient de gagner tout en acceptant de perdre, j’ai trouvé beaucoup de mains tendues, j’ai aperçu encore plus de sourire cachés derrière des masques en papier. En ces derniers jours de 2021, je ressens une joie immense en imaginant que je pourrais les retrouver démasqués demain. Il ne tient qu’à nous de choisir ce que l’on retient des épreuves, savoir que l’on va s’en sortir ensemble est la pensée que je choisis de garder.