Consultante dans l’agroalimentaire, spécialisée dans les mets d’exception, Cathy Sahut cultive le goût du partage et de l’entraide. Pleine d’enthousiasme et toujours partante, cette cinquantenaire passionnée de rencontres APM (Association Progrès du Management), aime entreprendre et prendre des risques, fédérer autour d’elle et donner de son temps mais aussi faire la fête et écouter Sidney Bechet. Rencontre conviviale fin octobre sur une Place d’Armes très estivale.
Par Karine Sitarz
D’où venez-vous ? Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Enfant unique, j’ai grandi en région parisienne, en Seine-et-Marne, à Fontainebleau, non loin de Barbizon. J’ai eu une enfance heureuse, choyée par des parents aimants et attentionnés. Originaires du sud de la France, nous allions souvent dans la région de Marseille quand j’étais enfant et j’y retourne aujourd’hui régulièrement pour rendre visite à mes parents qui s’y sont tous deux (ré)installés. En fait la culture méditerranéenne fait partie de ma vie, elle est liée à mes origines familiales, algériennes et italiennes.
Pourquoi avoir choisi l’hôtellerie-restauration ? Qu’est-ce qui vous a mis l’eau à la bouche ?
J’ai d’abord fait des études de droit et de comptabilité en vue de reprendre le cabinet d’assurance de mon père. Mais quand mes parents ont divorcé, je me suis réorientée vers ce qui me plaisait vraiment, la gastronomie et tout ce qui touche à l’alimentaire. Je me suis lancée dans l’hôtellerie-restauration en me formant sur le tas. Je suis passée de secrétaire-réceptionniste dans un trois étoiles à directrice générale d’exploitation d’une holding qui gérait alors deux hôtels-restaurants. Au tournant du millénaire, j’ai rencontré l’amour de ma vie, le Chef Patrice Noël (ndlr : chef exécutif du Meliã et de l’Innside) et ensemble, nous avons ouvert le restaurant Urbain Dubois dans le sud de la France. Nous y sommes restés sept ans avant de nous envoler pour Montréal. Là, j’ai un moment travaillé comme directrice de salle avant de m’investir dans les produits alimentaires et de créer ma petite entreprise en me spécialisant dans l’import d’aliments haut de gamme.
Quand et comment êtes-vous arrivée au Luxembourg et pour y faire quoi ?
En septembre 2016, nous avons posé nos valises au Luxembourg, Patrice ayant eu une belle opportunité de travail. J’étais contente de revenir en Europe car mes parents commençaient à prendre de l’âge, mais le Canada reste un pays de cœur comme l’est aujourd’hui le Luxembourg où j’ai été accueillie à bras ouverts. Je m’y sens bien, j’aime son exceptionnel brassage de cultures et sa nature généreuse. J’y ai créé Audeo groupe et poursuis aujourd’hui mon parcours comme consultante en agroalimentaire… et je travaille toujours avec le Canada d’où j’importe un merveilleux sirop d’érable.
Entrepreneuse, quelle facette de votre travail vous plaît le plus ?
Le fait de partager et de rencontrer des gens fabuleux. Depuis toujours, le destin me fait des clins d’œil, une fois de plus, quand j’ai croisé la cofondatrice de la Maison Rova Caviar Madagascar, Delphyne Dabezies. Avec ses associés (ndlr : installés depuis les années 90 à Madagascar et spécialisés dans la confection de vêtements pour les maisons de luxe et de haute couture), elle a créé une ferme piscicole. Ce projet est écoresponsable, un terme que je trouve parfois un peu galvaudé mais qui pour moi veut bien dire respect de la nature, de l’environnement, des collaborateurs locaux qui contribuent à faire grandir l’entreprise et des clients. Le projet m’a séduite et cette année j’ai ouvert un bureau au Luxembourg pour distribuer le caviar de Madagascar.
Des produits de luxe… Êtes-vous allée sur place ?
Oui, j’ai eu besoin de me rendre sur le terrain, ce que j’ai fait en avril dernier, pour rencontrer les responsables et les producteurs, pour découvrir cette ferme piscicole qui embauche 300 collaborateurs malgaches. Elle distribue la chair d’esturgeon à des écoles et des orphelinats, participe à l’éducation des jeunes, recycle les déchets, contribue à la lutte contre la déforestation et en fin de compte renforce tout un village. Ce voyage à Madagascar m’a confortée dans mon désir de m’associer au projet et m’a convaincue qu’il fallait aller plus loin, d’où ma décision de créer une association, Kids Smile, qui verra le jour en 2023 pour aider des enfants de Madagascar mais aussi des enfants du Luxembourg. Je suis entourée dans ce projet de personnes de confiance, comme Delphyne à Madagascar, Françoise, Aurore et Angélique au Luxembourg. Ce sera ma contribution pour bâtir un monde meilleur.
La restauration et l’entrepreunariat sont-ils conciliables avec la vie privée ?
Vie publique et vie privée sont chez moi inséparables et forment une seule et même vie surtout lorsqu’on la partage avec un grand Chef (rires). Nous les combinons toujours lors de nos voyages.
Vous avez beaucoup voyagé, quelle destination vous a le plus marquée ?
Toutes m’ont marquée : Marrakech où je suis souvent allée, le Mexique, le Cap-Vert et bien-sûr le Canada ! Mais si je devais n’en retenir qu’une, ce serait la Méditerranée de mon enfance, de mes origines… Les voyages ouvrent l’esprit, font découvrir d’autres cultures et permettent de comprendre les autres, ils nourrissent, ils sont la vie même.