Le 31 mai dernier, le conseil d’administration de la clc a élu à l’unanimité Carole Muller à la fonction de présidente. Après avoir présidé la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise, elle s’offre un nouveau défi. La CEO des boulangeries Fischer souhaite poursuivre les travaux entrepris par l’équipe précédente portée par Fernand Ernster, CEO des librairies Ernster.

Quel est votre parcours ?

J’ai fait une école de management, à Paris. Lors de ma dernière année d’étude, je devais faire un stage, j’ai décidé de le réaliser au ministère des Affaires étrangères. À l’époque, le Luxembourg avait la présidence de l’Union Européenne. Il cherchait donc des étudiants pour travailler sur certains projets. Cela m’a énormément plu. J’ai ensuite pris la décision de faire des Etudes Européennes au Collège de l’Europe, à Varsovie, puisque je voulais me dédier à une carrière diplomatique. À la fin de ce cursus, j’ai finalement changé d’avis. Je ne me voyais pas faire ma vie professionnelle dans ce secteur. J’ai donc rejoint l’entreprise familiale, en 2006, j’occupais un poste de contrôleuse de gestion. J’y suis restée pendant deux ans. Mais je n’étais toujours pas persuadée que ce métier était fait pour moi. J’avais besoin de connaître d’autres expériences. J’ai donc fait l’Ecole Lenôtre à Paris pour apprendre le métier. J’ai suivi une formation pendant six mois. J’ai appris à faire du pain, des viennoiseries. C’était passionnant ! J’ai ensuite été embauchée par PWC où j’ai travaillé pendant un peu plus d’un an. Mes cousins m’ont ensuite demandé si j’étais intéressée à l’idée de revenir dans l’entreprise familiale. J’ai fait mon retour en octobre 2010 et j’ai pris la direction de Fischer en janvier 2014.  

Comment s’est déroulée votre nomination à la clc ?

Fernand Ernster, ancien président de la clc, m’a contactée il y a peu près trois ans. Il m’avait vu œuvrer en tant que présidente de la Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise. Il m’a alors demandé si je souhaitais m’investir davantage dans la clc afin d’insuffler une nouvelle dynamique, après m’avoir détaillé les contours de cette confédération. J’ai déposé ma candidature en 2020 et j’ai été élue vice-présidente dans la foulée. J’ai immédiatement annoncé à Fernand Ernster que j’avais besoin de temps pour comprendre le fonctionnement et les enjeux de la clc. En décembre 2021, je lui ai indiqué que je me sentais prête, prête à reprendre la présidence. Il a donc proposé ma candidature au conseil d’administration, le 31 mai dernier. J’ai eu la chance d’être élue à l’unanimité.

Quelles sont vos priorités en tant que présidente de la clc ?   

Je vais poursuivre les travaux entrepris par l’équipe précédente. Je souhaite également développer de nouvelles fédérations. Nous avons créé récemment la fédération du drone, et nous sommes en train de créer une fédération du retail. Le développement de la clc passe par la création de nouvelles fédérations afin de regrouper des membres, qui ont des intérêts communs, dans de nouvelles entités. Les entreprises traversent depuis quelques années des crises successives. Nous sortons à peine de la crise du Covid-19. Nous sommes désormais confrontés à une inflation galopante et des prix de l’énergie très hauts, assurément problématiques pour toutes les entreprises. Les prix des matières premières augmentent également. Ce sont les challenges futurs. Chaque secteur a ses propres problématiques mais aussi des points de convergence avec les autres. Je pense que le gros défi actuellement est le recrutement. Tout le monde est à la recherche de personnel. Notre but est donc de comprendre, d’accompagner les entreprises mais aussi de défendre leurs intérêts devant des parties politiques et le gouvernement. Nous sommes leur parole. En tant que confédération, notre devoir est d’expliquer l’ensemble des problématiques rencontrées par les entreprises et de trouver des solutions pour aider l’économie luxembourgeoise. Tout le monde a constaté, pendant la crise du Covid-19, à quel point il était important d’être représentés pour que les intérêts soient défendus. Si nous avons des confédérations et des fédérations fortes, nous, en tant que chef d’entreprise, nous pouvons nous concentrer sur le travail opérationnel qui fait notre quotidien.

À quoi va ressembler votre quotidien ?

Je reste CEO de Fischer, la présidence de la clc se rajoute à ce statut. J’ai la chance des deux côtés d’avoir de superbes équipes. Chez Fischer, j’ai une équipe composée d’une majorité de managers qui sont là depuis plus de 6 ans. Certains sont d’ailleurs là depuis plus longtemps que moi ! Mes groupes fonctionnent très bien. Je ne travaille pas seule, parce que je ne fais pas grand-chose seule. Cela fonctionne en équipe. À la clc, c’est la même chose. J’ai la chance d’avoir un très bon directeur et des collaborateurs qui connaissent sur le bout des doigts les fédérations et leurs problématiques. C’est sur eux que je vais m’appuyer pour parfaire mes connaissances.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans votre carrière en étant une femme ?

Honnêtement, non, je n’ai pas fait face à des problématiques proprement liées à mon sexe. Nous rencontrons, en tant que dirigeant, des situations plus ou moins compliquées. Nous les gérons différemment. J’espère que bientôt nous vivrons dans une société où ces questions ne seront plus posées. Les gens seraient choisis pour leurs compétences, pour les background, pour leurs connaissances. La question du sexe serait un sujet absolument inexistant.