Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Capucine Safyurtlu, directrice créative de The Kooples, pressentait qu’elle évoluerait un jour dans le monde de la mode. Petite, elle observait sa maman s’apprêter, dans l’entrebâillement de la porte. En grandissant, elle a fait de son rêve une réalité en rejoignant d’abord la rédaction du magazine Numéro, puis en se rapprochant du produit, elle est devenue directrice de l’image pour des marques comme Maje ou Stella Luna. Portée par une envie viscérale de se challenger, la talentueuse Capucine Safyurtlu a rejoint tout récemment The Kooples pour amorcer le renouveau de la plus identitaire des griffes mode de ce segment.

Quel rapport entretenez-vous avec la mode ? Qu’est-ce qui vous a fait choisir ce milieu ?

La mode et la passion du vêtement ont toujours fait partie de ma vie. J’ai eu une enfance et une éducation tournées autour du beau. Ma mère s’habillait et s’apprêtait toujours très bien. Elle s’intéressait à tout. Je dirais que mon rapport avec la mode est inné, il a ensuite été nourri par l’éducation que j’ai reçue et les voyages que j’ai faits. J’ai donc su très jeune dans quel univers je souhaitais évoluer, c’était comme une évidence. Je ne me voyais pas faire autre chose.

Est-ce qu’il y a des designers qui vous ont marquée dans votre construction ?

Je ne peux pas dire qu’un designer m’a plus marquée qu’un autre. J’ai surtout été inspirée par des images et des photographes. Ce sens de l’esthétique m’a profondément marquée. C’est pour cette raison que j’ai d’abord évolué dans la presse.

À quoi ressemblait votre quotidien avant The Kooples ? Quel est votre parcours professionnel ?

J’ai commencé en tant que chargée de relations presse pour Emmanuel Nougaro, à l’époque où Giambattista Valli était son assistant. J’ai donc évolué dans une vraie maison de couture. J’ai quitté ce travail pour rejoindre la rédaction du magazine Numéro, dès sa création. J’y suis restée pendant 13 ans. J’ai commencé par faire ce qu’on appelle le front of the book, toutes les petites pages produits. J’ai ensuite développé l’accessoire, l’horlogerie et la joaillerie. J’ai beaucoup travaillé avec Babeth Djian, rédactrice en chef de Numéro, sur des projets annexes (consulting, campagnes publicitaires…). J’ai énormément voyagé. Après cette riche expérience professionnelle, je suis devenue le bras droit d’Emmanuelle Alt sur toute la partie mode et marketing. Je devais avoir un œil sur tout ce qui se passait, partout. Le secteur est alors devenu très business, très tourné vers les chiffres et les résultats. Cela m’a donné une autre vision de la presse.

« C’est la première marque de ce segment qui s’est adressée en même temps à l’homme et à la femme »

En travaillant pour Vogue, j’ai acquis une dimension internationale. J’ai ensuite tourné le dos à la presse, je souhaitais me rapprocher du produit. Pendant un an, j’ai été directrice du style et de l’image pour Maje. C’est durant cette période que j’ai appris et compris la force d’un produit. J’aime le vêtement, mais j’aime surtout le produit. Ensuite, pendant quatre ans et demi, j’ai été directrice artistique d’une marque de chaussures. J’ai continué à faire ce que j’aimais, c’est-à-dire créer une identité et développer une marque, tout en apprenant énormément. J’ai emmagasiné un tas de connaissances en ce qui concerne la fabrication d’une chaussure. J’ai ensuite pris du temps pour me poser un peu, j’avais besoin d’autre chose. Puis, Marie Schott, CEO de The Kooples, a su trouver les mots. Elle m’a convaincue de la rejoindre pour travailler sur ce nouveau projet très stimulant.

Pourquoi avoir accepté de prendre ce poste de Directrice créative de The Kooples ?

J’aime plus que tout les challenges et la difficulté. Et je dois dire que le challenge, qui m’attendait en intégrant l’équipe de The Kooples, était particulièrement conséquent…

Comment définiriez-vous l’identité de The Kooples aujourd’hui ?

The Kooples est une marque singulière, sharp, éclectique et sexy.

Plus rock que jamais, votre première collection, au slogan évocateur (F**kKooples), renoue avec les origines de The Kooples tout en les modernisant…  Comment l’avez-vous créée ? Quelles ont été vos inspirations ?

Je me devais de respecter ce qui avait été fait et les fondamentaux de The Kooples. Il fallait reprendre, avec fougue, les forces du début qui ont fait de la marque ce qu’elle est actuellement. Pendant des décennies, elle a marqué les esprits. Elle l’a fait parce qu’elle était singulière et différente. Il fallait la transformer au goût du jour. Car malgré tout, l’époque a changé, nous ne consommons plus de la même manière. Je voulais aussi insuffler la vision que j’avais d’une marque et d’un produit. C’est une collection de vêtements, mais c’est avant tout la concrétisation d’un désir, celui de créer des produits que l’on a envie de porter.

« The Kooples est une marque singulière, sharp, éclectique et sexy »

Quels sont vos pièces ou accessoires préférés ?

J’en ai plein ! (rires) J’adore tout ce qui est en léopard, élément majeur du reset. Cet imprimé, complètement oublié, fait partie de l’ADN de la marque. Cela m’importait énormément de le travailler dans ma première collection. Il y a aussi toutes les parkas, beaucoup plus amples et visibles. Avec ces créations, nous assumons ce côté blingbling. Nous avons créé des vêtements brodés très voyants. Nous avons fait, par exemple, un t-shirt avec des pierres irrégulières de façon à créer du volume. Cet été, nous ouvrons encore un autre chapitre. Puisque lorsque l’on pense à The Kooples, la couleur noire nous vient en tête, nous avions envie de jouer avec, mais aussi avec des nuances très vives. Au fil des saisons, nous ajustons cette vision du Reset que nous avons, pour qu’elle soit adaptée aux saisons et aux envies de nos clients.

Il existe une réelle communauté The Kooples. Plus que l’esthétique, la marque s’est démarquée en proposant une identité forte fédératrice… n’est-ce pas ?

Je pense que c’est la première marque de ce segment qui s’est adressée en même temps à l’homme et à la femme. En dehors du nom et de la vision, il y a eu tout de suite l’envie de transmettre un message très fort, celui d’un vestiaire pour deux. Parce que la marque est singulière, il y avait le désir d’en être et d’appartenir, à ce gang, à cette famille. On souhaite faire partie d’un clan que s’il est fermé.

L’imprimé léopard, brouillant les frontières masculin-féminin, est le fil conducteur de cette nouvelle collection. Pourquoi ce mélange des genres ? Qu’est-ce qui a motivé la création de ce vestiaire interchangeable ?

Il n’y a pas de vestiaire mixte, il existe des pièces qui sont semblables à l’homme et à la femme. Il y avait une volonté de ne pas jouer du tout sur le mixte. Le but était donc de faire une collection pour homme et une collection pour femme, en alignant ces dernières. On retrouve dans les deux capsules mode des imprimés, des attitudes, des looks similaires. Les produits restent ajustés différemment selon le sexe. Le client est libre de faire ce qu’il a envie, en piochant dans les deux univers ou pas. Ces collections interchangeables sont l’identité propre de The Kooples.

Vous travaillez main dans la main avec Marie Schott, CEO de The Kooples, qu’est-ce que vous vous apportez mutuellement ?

Nous sommes très complémentaires. Une immense confiance et un énorme respect nous unissent. Nous avons le désir profond de faire et d’y arriver ensemble. Nous avons la chance de parler le même langage, tout en ayant des domaines de compétences différents. C’est ce qui fait la force de notre duo. Mais nous ne sommes pas que toutes les deux, une équipe travaille à nos côtés au quotidien.

Comment voyez-vous le futur de The Kooples ?

Le futur de The Kooples, c’est la rue qui le dira. La seule réalité reste la réception des collections par les clients. Créer de nouvelles pièces, c’est bien. Les voir portées, c’est encore mieux !